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    Sorti il y a 77 ans, c'est l'un des plus grands films du cinéma américain, et pourtant, son cuisant échec au box-office a ruiné ses producteurs
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Figurant parmi les films préférés des Américains, incarnant plus que nul autre l'esprit de Noël, "La vie est belle" de Frank Capra est un chef-d'oeuvre absolu. Pourtant, sa carrière en salle à l'époque fut un désastre absolu...

    Totem cinématographique de Noël depuis des décennies diffusé chaque année ou presque aux Etats-Unis, La Vie est belle de Frank Capra est sans doute l'oeuvre qui incarne et célèbre le plus cet esprit de Noël, au point de figurer d'ailleurs parmi les films préférés des Américains.

    Une oeuvre en tout point admirable, profondément émouvante, qui s'ouvre par la tentative de suicide de son héros principal. Un homme qui fait aussi le sacrifice de sa vie au bénéfice de tous les autres. Qui sacrifie ses études, ses envies de voyager dans le monde, tous ses rêves d’explorateur… Pour au final demeurer l’explorateur de sa ville.

    Mais c’est un bâtisseur de ville, -la sienne- avec ses logements bon marché pour les défavorisés et les plus pauvres. Lui qui se rêvait être un visiteur du monde est en fait un bâtisseur de monde qui s’ignore. Une métaphore absolument sublime, extraordinaire, dont la force du propos est intacte et même plus que jamais d'actualité, 77 ans après sa sortie.

    Un désastre au box office

    Cela paraît difficile à croire, mais le film n'a pas toujours été autant considéré; loin de là même. La Vie est belle, distribué par la RKO, fut le premier film produit par Liberty Films; une société fondée en 1945 par les légendaires Franck Capra, David Tannenbaum, William Wyler , Samuel J. Briskin, qui déboursa 2,3 millions de dollars. Une très grosse somme pour l'époque, surtout si on l'ajuste à l'inflation actuelle : cela correspond à plus de 36 millions de dollars.

    Initialement programmée en janvier 1947, la sortie du film fut avancée à décembre 1946, afin qu'il puisse concourir lors de la 19e cérémonie des Oscars l'année suivante. Très tièdement accueilli par la critique, il fut plombé par sa carrière en salle, ne rapportant que 3,3 millions $, à la 26e place des sorties.

    Swashbuckler Films

    Il fit même perdre 525.000 $ à la RKO. Une véritable catastrophe pour le quatuor fondateur de Liberty Films, qui prévoyait de produire environ une quinzaine de films. Les quatre associés cherchèrent un studio à qui vendre Liberty Films, afin d'échapper à la saisie immobilière de l'entreprise. C'est la Paramount qui acheta la société, en mai 1947. ils reçurent un total de 3.450.000 $, tandis que Capra, Wyler et Briskin se virent offrir un contrat pour cinq films à la Paramount.

    Liberty Films fut officiellement dissoute en avril 1951. Triste fin quand même pour une aventure qui s'annonçait pourtant sous les meilleurs auspices avec une telle oeuvre. Même les cinq citations aux Oscars, dont ceux du Meilleur film et Meilleur réalisateur, ne purent rien faire face au funeste destin de cette société.

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