Ce lundi 25 novembre, Canal+ diffuse les deux premiers épisodes de sa toute nouvelle série : Iris. A la fois originale et décalée, cette fiction créée, écrite et réalisée par Doria Tillier (Les enfants sont rois) dresse le portrait d’une femme qui ne pense pas comme les autres.
Comme tout le monde, Iris a une tête. Seulement sa tête... n’est pas exactement comme celle de tout le monde. Et sa bouche non plus, laquelle dit des choses que les autres bouches ne disent pas.
Son petit-ami, sa cousine, un caviste, un gardien de musée... La liste de ceux qu’elle pousse à bout s’allonge chaque jour. Mais finalement, la première à en pâtir, c’est Iris. Et l’amour dans tout ça ? Quand on ne fait rien comme les autres, on le trouve loin des clichés…
Brillamment écrite, Iris a remporté le prix de la meilleure série en format 26 minutes au Festival de la fiction de La Rochelle au mois de septembre dernier. L’occasion pour Allociné de s’entretenir avec Doria Tillier, une actrice aux multiples talents.
Allociné : Comment est née l’idée d’Iris ?
Doria Tillier : La vie quotidienne m'a beaucoup inspirée. Iris, c'est quelqu'un qui ne comprend pas pourquoi les gens disent autant n'importe quoi pour éviter toute forme de désaccord.
Je trouve qu'on est dans une société où il faut toujours être d'accord avec tout le monde au point de dire des choses qu'on ne pense pas du tout. C'est quelque chose qui me saute souvent aux yeux et qui m'agace vraiment. On peut ne pas être d'accord, on peut discuter et changer d'avis.
Dans la vie, quand j'exprime un petit désaccord, et pour lequel je ne cherche pas du tout de querelle, je sens que ça saoule les gens. Et moi, ça me saoule que ça les saoules (rires).
Vous êtes à la fois scénariste, réalisatrice et actrice sur cette série. Comment avez-vous géré ces trois casquettes et quels défis cela a-t-il présenté ?
Ça facilite plutôt les choses. Après, c'est vrai que réaliser et jouer en même temps, c'est compliqué. C'est pour ça d'ailleurs que j'avais un co-réalisateur. Mais franchement, ça valait le coup. Je suis contente
La série aborde de nombreuses questions existentielles sur la vie, les relations humaines et amoureuses, les couvercles aussi... D'où vous est venue l'inspiration ?
Ce sont des questions que je me pose au quotidien et c'est vrai que très souvent dans la vie, comme Iris avec les couvercles, je vois un détail qui me rappelle ce qui ne va pas dans le monde et dans la société.
Pour que ce couvercle existe, c'est que quelqu'un a pensé à faire ça mais pourquoi il a pensé ça ? Pourquoi il ne s'est pas dit qu'il allait faciliter la vie des gens ? En fait, c'est un détail qui prend une place énorme parce que ça implique beaucoup de choses.
C'est comme dans l'épisode où la fille ne veut pas donner la recette de sa grand-mère. Pourquoi elle ne veut pas la donner ? Ça veut dire que s'il y a la guerre tu ne voudras pas me garder chez toi ? Peut-être que non mais en tout cas, pour moi, quelqu'un qui ne veut pas me donner une recette, ça m'inquiète vraiment. Je trouve ça vraiment bizarre.
Dans les questionnements d'Iris, vous poussez finalement les téléspectateurs à s'interroger également. C'était quelque chose de voulu ?
Ce n'était pas l'objectif de la série mais dans le fond peut-être un peu oui. Je pense que quand on fait quelque chose, le but est peut-être d'un peu changer les choses. Je ne vais pas changer le monde bien sûr mais j'essaie de faire avancer les choses, et surtout la réflexion.
On ne peut pas me faire plus plaisir qu'en me disant que j'ai réussi à faire réfléchir quelqu'un ou à lui faire changer de point de vue sur des choses infimes. Dans la vie quand on interagit avec les gens, on passe de bons moments mais ça nous permet aussi d'avancer et de grandir ensemble.
Dans la série, Iris parle plutôt vite. Pourquoi ?
Dans les fictions, je trouve que les gens parlent beaucoup plus lentement que dans la vie. Du coup, ça crée une certaine distance avec la réalité. Moi, j'aime bien quand ça va vite, quitte à passer à côté d'une blague, ce qui m'arrive souvent.
Et puis c'est aussi à l'image du cerveau d'Iris qui turbine. J'aime les textes, j'aime les mots. J'aime chercher le bon mot qui me fera rire. Chaque personne n'a pas la même façon de s'exprimer et n'a pas le même vocabulaire. C'était un véritable plaisir de faire parler chacun de nos personnages avec son propre langage.
Iris est douée avec les mots. Elle est à la fois fluide et complexe dans sa manière de s'exprimer, ce qui est plutôt rafraîchissant dans une série.
J'avais envie d'utiliser le vocabulaire. Il y a des mots, autant les utiliser parce que chacun désigne quelque chose. C'est vrai que je déteste qu'on réduise la pensée. Je n'aime pas qu'on utilise des mots qui englobent plein de choses et conduisent à ne pas savoir exactement ce que veut dire la personne. Comme Iris, j'ai le goût de la précision et je trouve ça cool.