En 1981, le romancier américain Robert Littell publiait le roman d'espionnage The Amateur, qui avait très rapidement donné naissance à une première adaptation cinéma : L'homme de Prague de Charles Jarott avec John Savage et Christopher Plummer.
43 ans plus tard, le réalisateur James Hawes (Doctor Who, Undercover, Une vie avec Anthony Hopkins) se replonge dans cette histoire de vengeance pour nous offrir une nouvelle version cinématographique portée par Rami Malek, Laurence Fishburne, Holt McCallany, Rachel Brosnahan et Jon Bernthal.
Ici l'histoire ne se déroule plus pendant la Guerre Froide mais de nos jours après les attentats de Londres. Charlie Heller (Rami Malek), un cryptographe de la CIA aussi brillant qu’introverti, voit son existence basculer lorsque sa femme décède durant une attaque terroriste perpétrée à Londres.
Déplorant l’inaction de sa hiérarchie, il prend alors l’affaire en mains et se met à la recherche des assassins, embarquant pour un dangereux voyage partout à travers le monde pour assouvir sa vengeance.
Après avoir interprété le méchant Lyutsifer Safin dans Mourir peut attendre, dernier James Bond de Daniel Craig, Rami Malek est de retour à l'action et incarne cette fois-ci le héros.
Ce thriller d'espionnage dans la veine de Jason Bourne se dévoile aujourd'hui à travers une première bande-annonce. Il sortira dans nos salles le 9 avril 2025. Pour l'occasion, AlloCiné a pu s'entretenir avec le réalisateur James Hawes ainsi que Rami Malek. Ils nous parlent de leur envie de faire un grand film d'espionnage.
AlloCiné : Comment ce projet a-t-il vu le jour et qu'est-ce qui vous a attiré dans le scénario ?
James Hawes : Les producteurs Hutch Parker et Dan Wilson détenaient les droits du roman depuis un certain temps. Ils pensaient que cette histoire pourrait renouveler le genre de l’espionnage. Le scénario est passé entre plusieurs mains avant de me parvenir, et Rami était déjà impliqué.
Rami Malek : Je cherchais un projet de ce genre. Je me disais : « Quelles sont mes chances de jouer un héros d’action ? » Puis je me suis souvenu de ce scénario. J’aime incarner des personnages qui surprennent. J’ai adoré jouer Elliot dans Mr. Robot et je me demandais ce que ce personnage serait devenu avec une famille et une arme, un peu comme Charlie Heller.
Si Eliott de Mr Robot avait une arme
Je voulais quelque chose de très sophistiqué, avec un élément profond, quelqu'un qui faisait face à un deuil et essayait de le surmonter, et qui était une personne ordinaire à laquelle nous pouvions tous nous identifier.
Puis, en découvrant le travail de James, j’ai été impressionné par sa constance, sa sensibilité et l’humanité de son approche. Je l’ai donc contacté pour lui demander s’il accepterait de réaliser ce film. Il a accepté, et il a dépassé toutes mes attentes. Sa vision correspond exactement à l’idée que je me faisais de Charlie Heller.
Le film est basé sur un roman. Quand on adapte un livre, on doit obligatoirement laisser des choses de côté et en garder d'autres. En quoi le film est-il différent du matériau d'origine ?
James Hawes : L'évolution a été considérable, car le livre a été écrit en pleine Guerre froide. Et même si l'on pourrait dire que la Guerre froide n'est pas tout à fait terminée, elle a beaucoup changé depuis.
Cela dit, le film reste fidèle à l'essence du livre et à l'idée d’un amateur déterminé à se venger lui-même. Nous avons voulu honorer la source originale. Petit clin d’œil, nous avons même demandé à Marthe Keller, qui joue dans le film de 1981, d’apparaître dans The Amateur.
Rami, comment avez-vous fait vos recherches pour ce rôle ? Avez-vous rencontré des agents de la CIA ?
Rami Malek : Oui, nous avons rencontré des agents de la CIA, et certains étaient même présents sur le plateau en tant que conseillers. Bien sûr, il est difficile de comprendre entièrement leur travail car ils ne peuvent pas partager grand-chose.
Ce qui est intéressant, c'est qu'ils répondent à beaucoup de questions sur la manière d’aborder certaines situations. Cela donne des indications précieuses.
En revanche, dès qu'on essaie de se rapprocher de ce qui touche des aspects plus secrets, ils restent très discrets. Nous avons appris beaucoup de choses sur le fonctionnement de ces agences à travers le monde et les différents rôles dans le domaine de l'espionnage.
Charlie, par exemple, est un de ces personnages qui travaille dans un bureau situé plusieurs étages sous terre. Il n'est pas un agent de terrain, mais aspire peut-être à le devenir un jour. Dans le film, il se retrouve dans une situation où il doit assumer des responsabilités sur le terrain, et passer de la réception de données à une position active et décisive.
Dans la bande-annonce, on voit que le film a été tourné dans différents pays, notamment en France. Quel a été le plus gros défi du tournage ?
James Hawes : C’était un plaisir de filmer à Paris et à Marseille. Tourner à l'étranger et déplacer toute une équipe sur différents sites est toujours un défi, mais aussi une expérience très stimulante. En un sens, nous avons suivi le parcours de Heller à travers l'Europe.
D'abord, il nous fallait recréer un quartier américain au Royaume-Uni. À l'origine, nous devions tourner en Lettonie pour les scènes en Russie, mais le retard dû aux grèves à Hollywood l'année dernière a perturbé nos plans. Finalement, nous avons filmé à Paris, à Marseille et à Istanbul, en utilisant ces lieux pour représenter aussi la Russie.
Pour le personnage de Charlie, qui n’a que peu voyagé comme on le découvre tôt dans le film, cela a ajouté un niveau de complexité. Ce changement constant d’environnement contribue à ses défis, car il doit sans cesse s'adapter à un nouveau monde.
Je ne suis pas Tom Cruise
Et pour vous, Rami, quel a été le défi ? Avez-vous des traits de caractère en commun avec votre personnage, ou est-ce un rôle qui vous a demandé un travail particulier ?
Rami Malek : Je cherche toujours à encourager chacun à donner le meilleur de lui-même. Sur le plateau, je puise dans une énergie et une force que je n’ai pas forcément au quotidien.
J’essaie de tirer parti des talents incroyables de nos concepteurs, producteurs et acteurs. Que ce soit à Paris ou à Marseille, nous avions des équipes talentueuses, et j’aime galvaniser tout le monde pour faire le meilleur film possible.
J’ai en moi une certaine détermination, et j’espère ne pas paraître prétentieux en disant que j’ai un engagement pour l’excellence, une exigence que je partage avec James. Quand on voit quelqu’un donner le meilleur de lui-même, cela pousse tout le monde à s’élever.
Je ne suis pas Tom Cruise, mais je pense que je peux apporter une motivation sur le plateau et remonter le moral des troupes.
Au-delà de l'aspect palpitant de l'histoire, quel thème souhaitiez-vous explorer avec ce film ?
James Hawes : Il y a deux grands thèmes que nous voulions aborder. D'abord, comment un homme surmonte la perte absolue de son amour, de sa vie et de son avenir, et comment il transforme cette blessure pour arriver à une forme de justice.
Ensuite, il y a la question de savoir comment une personne peut affronter des adversaires beaucoup plus puissants tout en cherchant la justice et à retrouver la paix intérieure après ce combat.
Ce sont des thèmes universels, qui, je pense, touchent les gens à différents niveaux. Il n'est pas toujours nécessaire de perdre quelqu'un pour ressentir une injustice de la part de l'autorité, et je crois que c'est l'une des raisons pour lesquelles les premières projections du film ont été aussi marquantes pour le public.
Rami Malek : James a parfaitement saisi l'essentiel. Nous voyons tous les jours des personnes réaliser des actions héroïques. Cette force, elle est en chacun de nous.