Le couperet est tombé ce vendredi 4 octobre, presqu'aussi soudainement qu'Art le Clown abat sa hache sur ses victimes à l'écran : Terrifier 3 sera interdit aux moins de 18 ans dans les salles françaises. Revenue dans le paysage audiovisuel français en 2000, avec la sortie de Baise-moi, cette classification reste très rare puisqu'elle a touché moins de quinze longs métrages en un peu plus de deux décennies.
Alors que son prédécesseur était "seulement" interdit aux moins de 16 ans, en janvier 2023, Terrifier 3 est passé au stade supérieur, devenant le premier film d'horreur à écoper de cette classification depuis Saw III en 2006. Il y a dix-huit ans donc, comme un symbole.
Dans un communiqué publié pour annoncer la décision, les distributeurs ESC Éditions, Shadowz Films et Factoris Films ont fait part de leur surprise et leur regret de ce choix qui, selon eux, "va gravement nuire à la sortie du film", en réduisant son parc de salles potentiel. Même si, au final, le long métrage sera visible dans plus de cent salles (dont six à Paris), contre quatre-vingt-dix pour Terrifier 2.
Lui aussi très gore, le second opus de la saga de Damien Leone avait été interdit aux moins de 16 ans, et beaucoup de personnes se demandent ce qui a justifié le choix de la commission de classification de monter à 18 ans pour Terrifier 3. Interrogé par nos soins, le Centre National de la Cinématographie et de l'Image Animée nous a communiqué l'avis émis à ce sujet.
"La commission propose une mesure d'interdiction aux mineurs de moins de dix-huit ans pour ce film violent et gore mais qui a la particularité de multiplier les scènes sadiques d'une extrême violence avec la volonté d'associer le spectateur à une forme de glorification de la violence présentée sous un jour favorable de nature à troubler gravement la sensibilité du public avec néanmoins un propos narratif qui l'apparente à un film d'horreur à l'esthétique gore justifiant l'interdiction aux moins de dix-huit ans."
Terrifier 3 a la particularité de multiplier les scènes sadiques d'une extrême violence avec la volonté d'associer le spectateur à une forme de glorification de la violence présentée sous un jour favorable
Une décision prise en se basant sur l'article R212-12 du Code du Cinéma et de l'Image Animée. Lequel stipule notamment que "lorsque l'œuvre ou le document comporte des scènes de sexe ou de grande violence qui sont de nature, en particulier par leur accumulation, à troubler gravement la sensibilité des mineurs, à présenter la violence sous un jour favorable ou à la banaliser, le visa d'exploitation ne peut s'accompagner que de l'une des [deux] mesures prévues à cet effet."
À savoir une interdiction de la représentation aux mineurs de dix-huit ans simple, ou assortie d'une inscription de l'oeuvre sur la liste prévue dans l'article L311-2, ce qui signifie que "les œuvres et documents [concernés] ainsi que les établissements de spectacles cinématographiques où ils sont représentés ne peuvent bénéficier d'aucune aide sélective."
Attendu le 9 octobre dans nos salles, Terrifier 3 entre dans la première catégorie, celle de la simple interdiction aux moins de 18 ans. Et qui sait si ce choix ne va pas lui être favorable, quand on sait que le record d'entrées de la saga Saw en salles est toujours détenu par l'épisode 3 (771 902 entrées). Le seul à avoir été interdit aux mineurs.