De quoi ça parle ? Emmanuelle est en quête d’un plaisir perdu. Elle s’envole seule à Hong Kong, pour un voyage professionnel. Dans cette ville-monde sensuelle, elle multiplie les expériences et fait la rencontre de Kei, un homme qui ne cesse de lui échapper.
Léa Seydoux pressentie !
À l'origine, Léa Seydoux devait camper le rôle-titre d'Emmanuelle, mais Audrey Diwan lui a finalement préféré Noémie Merlant, comme elle l'a d'ailleurs expliqué dans les colonnes de Deadline en février 2023 : "J’adore Léa Seydoux. Je veux faire un film avec elle dans le futur. Mais elle ne correspondait pas vraiment au personnage que j’imaginais".
Nouvelle adaptation
Emmanuelle est tiré du roman éponyme d’Emmanuelle Arsan, publié en 1959, et qui a bénéficié d’une adaptation cinématographique à succès signée Just Jaeckin en 1974 avec Sylvia Kristel dans le rôle-titre. Cependant, Audrey Diwan a voulu s’éloigner du film érotique pour se concentrer davantage sur le livre et en faire une adaptation féministe.
Changement de décor
Si le livre se déroule à Bangkok — Emmanuelle Arsan est thaïlandaise — Audrey Diwan a déplacé son décor à Hong-Kong et s’en explique : "Je cherchais un lieu qui dise le cosmopolitisme tout en restant en Asie, l’occasion d’interroger en creux les vestiges du colonialisme dans notre système actuel. Ce lieu est à la fois fait de motifs exotiques, tout en étant totalement hors-sol, vidé de toute substance et surtout fondé sur un rapport de classe extrêmement violent", dit-elle.
Elle poursuit : "Je voulais prendre le contre-pied du livre sur cette question, en pointant la violence coloniale et classiciste de tels endroits, avec cette idée que pour que certain.es profitent, il faut que beaucoup transpirent".
Inspirations prestigieuses
Le long-métrage s’inspire de la filmographie des acteurs qui l’incarnent comme Mulholland Drive (Naomi Watts), l’esthétique de Portrait de la Jeune fille en feu (Noémie Merlant) ou la série The White Lotus pour Will Sharpe. Cependant, Rebecca Zlotowski — qui co-signe le scénario — et Audrey Diwan se sont également imprégnées de Claire Dolan de Lodge Kerrigan, Jeanne Dielman de Chantal Akerman ou Cléo de 5 à 7 d’Agnès Varda.
Emmanuelle 2.0
Si le livre se déroulait dans les années 50 et le film dans les années 1970, la réalisatrice a voulu faire d’Emmanuelle une héroïne d’aujourd’hui, avec les problématiques actuelles des tabous de la société sur la jouissance féminine : "D’autres interrogations plus intimes me sont venues, notamment sur mon parcours de femme et mon propre rapport à la sexualité, à la jouissance, mon désir d’affranchissement face aux normes qui régissent la séduction et le sexe."
"À notre époque, il me semble que la jouissance est totalement liée à l’impératif de performance, au sens capitaliste du terme. Il faut rentabiliser, optimiser, profiter". La question du film, selon Audrey Diwan, est donc la manière dont Emmanuelle échappe aux injonctions sur la performance sexuelle au détriment du plaisir.