Vivre, mourir, renaître n’est pas un film sur le sida. Le réalisateur et le trio d’acteurs tiennent à le souligner. En racontant le récit de trois héros qui voient leur destin bouleversé par la maladie, Gaël Morel veut parler d’amour, de jeunesse et d’émotions positives. Car s’il est inévitablement question de mort dans cette histoire, le spectateur en ressort avec une pulsion de vie.
À l’écran, Victor Belmondo, Théo Christine et Lou Lampros incarnent des personnages que le cinéaste aurait pu rencontrer durant ses jeunes années. Le film n’est pas inspiré de faits réels, au sens strict du terme, mais trouve son ancrage dans une époque que Gaël Morel ne connaît que trop bien.
“Vivre, mourir, renaître est un hommage à toutes les victimes silencieuses, invisibles”, explique le réalisateur. À l’époque où le mariage pour tous et le Pacs n’existaient pas encore, les personnes malades se voyaient dépossédées de leur histoire d’amour.
Un drame sans pathos
“Il se passait toujours des choses déchirantes dans ces cas-là, poursuit-il. Les faux mariages pour sauver un enfant, tel que c’est montré dans le film, c’est quelque chose que j’ai connu de près.”
Le film, que l’on pourrait qualifier de dramatique, ne tombe jamais dans les écueils du pathétique, offrant toujours à ses personnages une raison de se relever. C’est ce qui a plu aux acteurs du film.
“Il n’y a pas de mélo, c'est d'une finesse rare, ça l'était déjà à l'écriture, fait savoir Victor Belmondo. Ce film, il est emprunt d'une énorme douceur, d'une énorme tendresse.” Même sentiment du côté de Théo Christine, qui a dû perdre 8 kilos en 10 jours pour les besoins du tournage : “Je pense que l’on était tous amoureux des personnages et de ce qu'il se passait entre eux.”
Lou Lampros parle, quant à elle, “d’attachement” entre toute l’équipe. “On était tous très liés, ajoute-t-elle. Et je n’ai jamais eu un plateau aussi concentré. C'était dingue, c'était silencieux, on était totalement dans nos trucs, puis cet attachement entre nous a fait exploser le tournage et c'est devenu dingue.”
Pour préparer ses acteurs, Gaël Morel n’aime pas les répétitions formelles. Il veut travailler directement sur le plateau et s’emparer de leur énergie face caméra. Il suffisait d'une balade ou d'un repas pour que le cinéaste capte leurs mouvements. Cette authenticité est perceptible à l’écran.
Malgré tout, le réalisateur leur avait proposé de relire le roman d’Hervé Guibert, À l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie - œuvre majeure des années sida - et une liste de films. Parmi eux : My Own Private Idaho de Gus Van Sant, Manchester by the Sea de Kenneth Lonergan ou encore Le Secret de Brokeback Mountain d’Ang Lee.
Un film intergénérationnel
Vivre, mourir, renaître n'est pas un film qui s'adresse uniquement à celles et ceux qui ont pleinement connu les années quatre-vingt-dix. C'est avant tout une histoire contemporaine qui s'adresse directement à la jeunesse d'aujourd'hui. Sa vision du couple et des relations humaines devraient parler à un jeune public.
"On vient de là en fait, conclut Victor Belmondo. Les personnes qui ont traversé cette période nous ont laissé ce qu'on vit aujourd'hui. C'est notre héritage. C'est grâce à leur histoire que l'on peut vivre avec une telle liberté."
Propos recueillis par Thomas Desroches, à Angoulême, en août 2024.
Aimer, mourir, renaître de Gaël Morel est à découvrir au cinéma.