Monstres, c’est la série Netflix dont tout le monde parle en ce moment. Dans ce second volume qui fait suite à Dahmer, les showrunners Ryan Murphy et Ian Brennan s’attaquent à une nouvelle affaire sordide : celle du meurtre de Jose et Kitty Menendez, par leurs deux fils, Erik et Lyle.
Avec cette nouvelle affaire criminelle, le duo de scénaristes soulève une question cruciale : qui est vraiment le monstre dans cette affaire ? Car on découvre au fil du visionnage que les deux jeunes hommes ont subi, pendant plus d’une décennie, des sévices et violences sexuelles de la part de leur père. Et bien que leur mère était au courant des abus, elle n’a rien fait.
L’épisode 5 de la série, qui est un long plan-séquence, voit le benjamin de la famille joué par Cooper Koch raconter pendant 35 minutes les viols que son père lui a fait subir et la façon dont son frère a essayé de lui faire la même chose. Une longue scène qui marque un tournant dans la série, d’autant plus qu’elle est suivie par un épisode raconté du point de vue du patriarche.
“Des mensonges horribles”
Si Monstres réussit à créer de l’ambivalence dans le portrait des personnages, cela ne semble pas être assez suffisant pour les deux principaux intéressés. C’est depuis sa prison de Richard J. Donovan d’Otay Mesa qu’Erik a fait savoir son mécontentement.
Dans une lettre publiée par sa femme Tammi sur les réseaux sociaux le lendemain de la sortie de la série, l’ainé de la famille y est particulièrement virulent contre Netflix et Ryan Murphy pour la façon dont ils ont racontés leurs traumatismes :
« Je croyais que nous étions passés au-delà des mensonges et des portraits de caractère destructeurs de Lyle, créant une caricature de Lyle enracinée dans des mensonges horribles et flagrants qui foisonnent dans la série. Je ne peux que croire qu’ils ont été faits intentionnellement. C’est le cœur lourd que je dis cela : je crois que Ryan Murphy ne peut pas être aussi naïf et inexact quant aux faits de nos vies pour agir ainsi sans mauvaise intention.
Il est triste pour moi de savoir que la représentation malhonnête de Netflix des tragédies entourant notre crime a fait reculer la vérité de plusieurs pas en arrière– revenant à une époque où l’accusation construisait un récit basé sur une croyance selon laquelle les hommes n’étaient pas abusés sexuellement et que les hommes vivaient les traumatismes liés au viol différemment des femmes.
Ces mensonges horribles ont été contestés et exposés par d’innombrables victimes courageuses au cours des deux dernières décennies. Elles ont surmonté leur honte personnelle et ont courageusement pris la parole. Et maintenant, Murphy façonne son horrible récit à travers des représentations ignobles et épouvantables de Lyle et de moi, ainsi que des calomnies décourageantes.
La vérité ne suffit-elle pas ? Que la vérité soit la vérité. Il est si démoralisant de savoir qu’un homme avec du pouvoir peut miner des décennies de progrès dans la mise en lumière des traumatismes de l’enfance. La violence n’est jamais une réponse, jamais une solution, et elle est toujours tragique.
C’est pourquoi j’espère qu’on n’oubliera jamais que la violence contre un enfant crée une centaine de scènes de crime horribles et silencieuses, sombres et ombragées derrière les paillettes et le glamour, rarement exposées jusqu’à ce que la tragédie frappe tous ceux qui sont impliqués. À tous ceux qui m’ont tendu la main et soutenu, merci du fond du cœur. »
Si Erik Menendez reste assez évasif sur ce qu’il reproche à la série, une chose est sûre, cette saison 2 de Monstres fait particulièrement réagir sur les réseaux sociaux. Les abonnés s’écharpent notamment sur la culpabilité des deux frères et certains montent même au créneau pour demander leur libération, après 30 ans passés derrière les barreaux.
Si la série Netflix a pu dépeindre leur histoire "avec des mensonges" dixit Erik, les deux condamnés ont tout de même reçu depuis le 19 septembre dernier une vague de soutien sans précédent…