Dans la commune de Paimpont, située en Bretagne, tout le monde se prépare à accueillir des réfugiés ukrainiens. Le tout, dans la joie et la bienveillance la plus totale. Seulement, un changement vient faire basculer la vie des habitants : les réfugiés ne sont finalement pas ukrainiens mais syriens. Huitième long métrage de Julie Delpy, Les Barbares vient interroger, avec humour et décalage, notre degré de solidarité.
"Que ferait-on dans une situation pareille ?" C'est la question que souhaite poser la cinéaste qui coscénarise et joue dans le film. L'idée apparaît arrive avec la crise des migrants et la volonté d'en parler "d'une manière différente", explique-t-elle pour AlloCiné. "J'étais en train de penser le film au moment où la guerre en Ukraine a éclaté."
Autour d'elle, Julie Delpy observe la réaction de son entourage et découvre que beaucoup de personnes ont accueilli des réfugiés ukrainiens. "Cela m'a beaucoup marquée car pendant des mois on voyait des gens mourir en Méditerranée. Je me suis dit : Mais c'est ça le point de départ du film !"
Elle choisit la commune de Paimpont - qui existe réellement - comme décor et dessine une galerie de personnages aussi extravagants que politiquement incorrects. "J'avais envie de décrire ce village avec un éventail de personnes, qui va du mec qui ne veut pas du tout les recevoir jusqu'à la personne qui veut sauver le monde, qui est mon personnage", détaille Julie Delpy.
Je ne veux pas faire un film didactique et moraliste.
La réalisatrice ne s'est pas donné le bon rôle puisqu'elle se moque autant de son héroïne que des personnages racistes. Autour d'elle, Julie Delpy s'entoure d'un excellent casting : Sandrine Kiberlain, Laurent Lafitte, India Hair, Mathieu Demy, Jean-Charles Clichet, Dalias Naous ou encore Ziad Bakri.
La cinéaste insiste : son film est tout sauf manichéen. "Je n'ai pas de jugement, souligne-t-elle. Je ne veux pas faire un film didactique, moraliste où on dit : "Vous avez tort." Je veux faire un film drôle avec une réflexion." Ce ton permet à la comédie de s'autoriser un humour grinçant, parfois provocateur mais existe-t-il une limite ?
Un humour sans compromis
"Je me suis donnée carte blanche, répond-t-elle. Dans l'humour, il ne faut pas se limiter et d'une certaine manière, je voulais éviter un snobisme. J'aime bien les trucs cash, j'adore les films des années soixante-dix, que ce soit Les Bronzés ou Le père Noël est une ordure. Les Barbares est un mélange de satire sociale et de ces comédies-là."
Un film comme Les Barbares n'est pas facile à monter. Si Julie Delpy précise que ses producteurs ont été d'un grand soutien, il a été plus difficile de trouver le financement. "Quand on parle d'un projet sur les migrants, on imagine un truc chiant, mais ce n'est pas le sujet. C'est un film sur notre humanité, notre empathie, nos peurs et notre capacité à aider les autres."
Propos recueillis par Thomas Desroches, à Angoulême, août 2024.
Les Barbares de et avec Julie Delpy, au cinéma dès le 18 septembre.