Après s’être enfui de l’île d’Elbe, Napoléon regagne Paris. Il décide d’attaquer Anglais et Prussiens en Belgique, à Waterloo. Mais l’arrivée du commandant Blucher inflige une cruelle défaite aux français, au terme d’un gigantesque carnage...
Après avoir découvert en salle le Napoléon de Ridley Scott, nombreux sont les esprits chagrins (sans même parler des historiens...) qui ont été totalement désarçonnés par la vision artistique du cinéaste, offrant des partis pris radicaux et assumés comme tels, mais qui relevaient pour certains de l'hérésie pure et simple.
On ignore encore si sa version Director's Cut qu'il vient d'annoncer et livrer sur Apple+ (du moins pour les Etats-Unis...), faisant passer son film à 3h25, va spectaculairement corriger le tir (ou non), à la manière de ce qu'avait fait son extraordinaire version Director's Cut de Kingdom of Heaven.
En attendant de voir cette version donc, et aussi pour nous consoler un peu, on se replonge volontiers dans l'un des meilleurs films jamais réalisés sur Napoléon : le Waterloo du cinéaste russe Sergey Bondarchuk. Il est visible gratuitement sur la chaîne Youtube Cinéma Cinémas, avec des sous-titres français, et dans une bonne qualité en prime ! La seule contrainte, mineure et toute relative, sera de créer un compte pour accéder à la chaîne; rien d'autre !
Dans une tragique ironie, le film fut un très douloureux et profondément injuste échec commercial à sa sortie, en 1970. Tellement que c'est en raison de l'échec de cette coproduction que la MGM, qui prit peur, se retira du film consacré à Napoléon que préparait activement Stanley Kubrick.
Se concentrant sur la fameuse période des 100 jours avant de capituler définitivement et terminer sa vie à Sainte-Hélène, le clou du film, comme son titre le laisse entendre, est l'ultime bataille de l'empereur, qui occupe à elle seule plus de la moitié du film.
C'est bien simple : nous ne verrons plus jamais de bataille filmée comme dans ce film. Bénéficiant d'une carte blanche absolue et le concours de l'Armée rouge, Sergey Bondarchuk filme pas moins de 20.000 figurants sur le champ de bataille, des charges de cavalerie ahurissantes venant se fracasser sur les lignes ennemis, et des manoeuvres parfaitement fidèles à l'époque.
Pour recréer cet affrontement dantesque, les Russes rasèrent carrément deux collines, établirent 8 kilomètres de routes, transplantèrent 5000 arbres, plantèrent des champs de blé et de fleurs sauvages et recréèrent quatre bâtiments historiques. L'essentiel de la bataille fut filmé avec cinq caméras simultanément depuis le sol, une tour d'une trentaine de mètres, un hélicoptère et une voie ferrée établie à côté du champ de tournage.
Le résultat ? Extraordinaire. Et servi par un superbe casting au milieu duquel émerge un Rod Steiger très convainquant sous les traits de Napoléon, face à un Christopher Plummer qui incarne le Duc de Wellington, némésis de Napoléon.