Ça parle de quoi ?
Aymeric retrouve Florence, une ancienne collègue de travail, au hasard d’une soirée à Saint-Claude dans le Haut-Jura. Elle est enceinte de six mois et célibataire. Quand Jim nait, Aymeric est là. Ils passent de belles années ensemble, jusqu'au jour où Christophe, le père naturel de Jim, débarque... Ça pourrait être le début d’un mélo, c’est aussi le début d’une odyssée de la paternité.
Ballade émouvante
"Ça aurait mérité la Compétition" : chaque année sur la Croisette, vous pouvez être sûr d'entendre cette phrase prononcée au moins une fois, pour désigner un film privé de la course à la Palme d'Or alors qu'il avait les qualités pour se mêler à la lutte. Et il s'agit souvent, depuis sa création en 2021, d'un opus issu de la section parallèle Cannes Première.
As Bestas, Chronique d'une liaison passagère ou Tromperie ont eu droit à ce titre honorifique et informel par le passé. Tout comme Le Roman de Jim cette année, qui marquait le retour d'Arnaud et Jean-Marie Larrieu au Festival de Cannes, trois ans après la présentation, en Séance de Minuit, de leur Tralala musical.
Et neuf ans après leur première (et toujours unique) participation à la Compétition. Les deux réalisateurs ont donc "seulement" eu droit à Cannes Première avec cette adaptation du livre homonyme de Pierric Bailly, qui avait tout pour taper dans l'œil d'Hirokazu Kore-Eda, membre du jury de Greta Gerwig. Car il est notamment question de famille et de parternité, deux des thèmes de prédilection du réalisateur japonais.
Physiquement, Karim Leklou amène un imaginaire expressionniste, proche du cinéma muet
Dans ce décor montagneux qui leur est cher, Arnaud et Jean-Marie Larrieu condensent les vingt-quatre années du récit en 1h40 de film. Mais ils conservent l'essence de l'œuvre de Pierric Bailly (qui leur a lui-même proposé d'en signer la transposition au cinéma), à savoir ce qui définit un père et "tout ce qui fonde Jim au-delà de son origine biologique", comme ils le précisent dans le dossier de presse.
Le personnage principal n'est pas tant Jim qu'Aymeric Bailly, joué par un Karim Leklou bouleversant, sans jamais en faire trop, et sur lequel les metteurs en scène ont eu un coup de foudre après seulement trois minutes d'entretien dans un café : "La manière dont Karim nous a parlé du scénario nous a confirmé dans l’évidence (…) Physiquement, Karim amène un imaginaire expressionniste, proche du cinéma muet. Pour nous, c’est Peter Lorre chez Murnau."
Citant également Comme un torrent de Vincente Minnelli et Tendres passions de James L. Brooks ("avec son personnage féminin qui traverse plusieurs décennies de vie"), Arnaud et Jean-Marie Larrieu réussissent haut-la-main leur passage au mélo, en signant ce qui est sans doute leur film le plus accessible à ce jour. Et le plus émouvant.
L'un de vos meilleurs déclencheurs de larmes
Si vous le pouvez, évitez sa longue bande-annonce qui en montre un peu trop (à l'exception du dernier acte, heureusement). Ce afin de vous laisser porter au maximum par cette histoire qui fait effet pendant et après la séance, grâce à sa manière simple et universelle d'aborder les sujets de son histoire.
Et en laissant la part belle à ses comédiens : Karim Leklou donc, plus émouvant que jamais, mais aussi Laetitia Dosch, Sara Giraudeau, Bertrand Belin Noée Abita, Eol Personne ou encore Andranic Manet, qui confirme son statut d'acteur à suivre de près.
C'est aussi grâce à eux que Le Roman de Jim réussit son passage sur grand écran, pour devenir l'un des plus beaux films de l'année. Et l'un de vos meilleurs déclencheurs de larmes.