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    "Attica ! Attica ! Attica !" : même les fans d'Al Pacino n'ont pas compris cette réplique d'Un après-midi de chien de Sidney Lumet
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Une réplique du film prononcée par Al Pacino fait une allusion politique précise à un événement dramatique survenu quelques années avant le tournage du film. Mais si cette réplique résonne aux Etats-Unis, ce n'est pas forcément le cas en France...

    Dans le chef-d'oeuvre de Sidney Lumet porté par un extraordinaire Al Pacino qui y signe une des meilleures performances de sa carrière, sans doute une des plus intenses, Sonny (Al Pacino) et Sal (John Cazale) braquent une banque mais se retrouvent vite cernés par la police. Ils prennent alors en otage les employés de la banque.

    Les motivations de Sonny sont plutôt altruistes : l'argent doit servir à payer à son petit ami Léon (Chris Sarandon) l'opération qui fera de lui une femme. D'un banal fait divers, le braquage vire alors au cirque médiatique lorsque les badauds s'attroupent devant la banque et que les membres des mouvements gays manifestent leur soutien à Sonny.

    Pour la Police comme pour les braqueurs, la partie s'annonce serrée. Se sentant porté par l'opinion publique et alors que la Police et le FBI tentent par tous les moyens de mettre fin à la prise d'otage, Sonny harangue à un moment donné la foule aux cris de "Attica ! Attica ! Attica ! Attica !"

    Ci-dessous, la séquence en question. Le fameux "Attica ! Attica !" se situe à partir de 01''50...

    Cette réplique, martelée par l'acteur, est une allusion explicite aux tragiques événements survenus à peine trois ans plus tôt, et qui continuent encore à hanter la mémoire collective des américains. Des émeutes éclatèrent début septembre 1971 dans la prison d'Attica, située dans l'Etat de New York. Il s'agit de la plus violente révolte de prisonniers qu'ait connue l'Amérique.

    Le 13 septembre 1971, surnommé le Bloody Monday, le gouverneur Nelson Rockefeller ordonne à la Police et à la Garde Nationale de donner l'assaut qui vira au carnage, avec près de 50 morts, dont 32 prisonniers et 11 gardiens de prison.

    Dans une conversation téléphonique avec le président Nixon peu après les événements, pour s'expliquer sur le nombre de morts, Rockefeller se justifia ainsi, dans une réplique aussi scandaleuse qu'inique : "c'est la vie !"...

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