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    "Clint Eastwood n'a jamais levé la voix, sauf une fois" : Meryl Streep raconte ses plus grands films à Cannes
    Thomas Desroches
    Thomas Desroches
    -Journaliste
    Les yeux rivés sur l’écran et la tête dans les magazines, Thomas Desroches se nourrit de films en tout genre dès son plus jeune âge. Il aime le cinéma engagé, extrême, horrifique, les documentaires et partage sa passion sur le podcast d'AlloCiné.

    Lauréate d'une Palme d'or d'honneur ce mardi 14 mai, Meryl Streep est l'événement de ce 77e Festival de Cannes. L'actrice multiprimée s'est livrée, pendant plus une heure, sur les rôles de son immense carrière.

    Bestimage

    "Je ne suis pas une rockstar", lance Meryl Streep alors qu'elle commence une conversation de plus d'une heure sur sa carrière avec le journaliste Didier Allouch, à Cannes. Pourtant, quand l'Américaine arrive dans la salle Debussy - forcément pleine à craquer -, le public se lève et laisse exploser sa joie comme le ferait une foule dans un stade.

    Quelques heures après avoir reçu une Palme d'or d'honneur pour l'ouverture de la 77e édition du Festival - "Je me suis couchée à trois heures et j'ai une gueule de bois", plaisante-t-elle -, l'actrice est allée à la rencontre des festivaliers. Introduite par un montage vidéo de ses films les plus emblématiques, la conversation retrace une poignée de ses plus grands rôles dans un ordre chronologique.

    Pleine d'humour, Meryl Streep - quatre Oscars et 21 nominations à son actif - se montre humble lorsqu'on lui rappelle son succès : "Je suis si vieille que j'ai travaillée avec tous les réalisateurs." Le premier film abordé lors de la rencontre n'est autre que Kramer vs. Kramer de Sydney Pollack.

    La consécration Kramer vs. Kramer

    Phénomène de société à sa sortie, ce drame permet à l'actrice de décrocher son premier Oscar. Elle revient sur l'anecdote très connue selon laquelle elle aurait elle-même écrit son discours de fin. Bien sûr, la légende est vraie. "Dustin Hoffman pensait savoir ce que mon personnage pensait. Il a écrit sa version du discours. Le scénariste aussi. Et moi aussi. Nous avons finalement voté et j'ai gagné."

    D.R.
    "Kramer vs. Kramer" de Sydney Pollack.

    Deux ans avant, elle était à l'affiche de Voyage au bout de l'enfer de Michael Cimino. Meryl Streep explique qu'elle ne se doutait pas que le film allait devenir un tel classique. "Je me concentrais sur l'humanité de mon personnage. Mon petit ami de l'époque a été au Vietnam et il est devenu dépendant à l'héroïne dès son retour. C'était un sujet difficile à raconter."

    Alors qu'elle n'a que quelques minutes à l'écran, l'actrice marque l'esprit des spectateurs. "C'est normal, c'était l'époque où il n'y avait qu'une seule femme dans les films", rétorque la star devant les rires du public.

    Tourner des scènes compliquées

    Quand elle aborde Le Choix de Sophie d'Alan J. Pakula, le sourire de Meryl Streep s'efface. Elle revient notamment sur la scène du choix, tournée en deux prises - "Ils ont choisi la seconde grâce à la réaction de l'enfant". La séquence a été filmée sans répétition et laisse à l'actrice un souvenir troublant. "Je n'aime pas y penser. Dans les scènes compliquées, rien ne peut vous aider. Vous vous sentez vue."

    Pour Out of Africa, l'actrice se remémore un souvenir durant lequel un insecte s'était introduit sous son costume. Cette romance grandiose avec Robert Redford a fait de Meryl Streep une star "bankable" - qui rapporte de l'argent au box-office. "Je n'y prêtais pas attention. Je n'ai jamais couru après les blockbusters, mais à partir de ce moment-là, j'avais le pouvoir de faire en sorte que les projets soient lancés."

    La méthode Clint Eastwood

    Au cinéma, la star a été entourée des plus grands acteurs. Robert De Niro - elle raconte comment il a essayé 32 vestes avant de trouver la bonne pour son personnage dans Falling In Love -, Jack Nicholson, mais aussi Clint Eastwood. Ce dernier la dirige dans Sur la route de Madison en 1995.

    "Nous avons tourné le film en cinq semaines. Il allait très vite, explique-t-elle. Parfois, on répétait et sans nous prévenir, il nous disait : "On passe à la scène suivante" et il a gardé la répétition dans le montage final." L'actrice revient également sur sa personnalité. "Il n'a jamais levé la voix, sauf une fois, lorsque que quelqu'un parlait pendant une prise. Il a hurlé tellement fort que toute l'équipe était secouée pour le reste de l'après-midi."

    D.R.
    "Sur la route de Madison" de Clint Eastwood.

    Incarner des femmes puissantes

    Parmi ses nombreux rôles, Meryl Streep a incarné beaucoup de femmes puissantes. Elle regrette néanmoins qu'une simple héroïne ne résonne jamais avec le public masculin. "Moi je m'identifie au personnage de De Niro dans Voyage au bout de l'enfer, alors pourquoi les hommes ne peuvent pas se reconnaître en nous ?"

    Elle poursuit : "La première fois où un homme est venu me voir pour me dire : "Je sais ce que vous ressentez", c'était pour Le Diable s'habille en Prada car il s'agissait d'une femme puissante qui prenait des décisions."

    Avant de quitter la scène, Meryl Streep rappelle aux jeunes personnes qui débutent dans le cinéma de "garder espoir" et de ne "pas abandonner". Une phrase qu'elle répétera à deux reprises, avant disparaître sous l'acclamation du public.

    Propos recueillis par Thomas Desroches, à Cannes, le 15 mai 2024.

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