Il est de ces films qui défient l’épreuve du temps et dont la beauté des images marque la rétine des spectateurs pour un long moment. Paris, Texas en est le parfait exemple. Auréolé de la prestigieuse Palme d’Or lors de la 37e édition du Festival de Cannes, en 1984, le film de Wim Wenders continue de passionner et d’inspirer les foules tant sa poésie et son émotion demeurent intactes.
Écrite par l’acteur et écrivain Sam Shepard, l’histoire débute en plein désert de l’ouest du Texas, où une silhouette longiforme erre, tel un fantôme, au milieu d’une terre aride. Coiffé d’une casquette rouge et vêtu d’un costume qui tombe en lambeaux, le vagabond (Harry Dean Stanton) arrive dans un bar, sans un mot, avant de s’écrouler de fatigue.
Volatilisé depuis quatre ans, l’homme, prénommé Travis, va être rejoint par son frère, Walt (Dean Stockwell), venu le chercher pour le ramener en Californie. Si les premiers contacts sont difficiles, le dialogue va très vite renaître entre les deux individus. Pour corriger les erreurs de son passé, l’ancien disparu n’aura d’autre choix que de se reconnecter à sa vie antérieure, en retrouvant son jeune fils, Hunter (Hunter Carson), désormais âgé de huit ans, et en partant à la recherche de sa mère, Jane (Nastassja Kinski).
D'une beauté visuelle impressionnante
Paris, Texas est un drame familial à part. Cette singularité, on la doit à la mise en scène de Wim Wenders et au travail de Robby Müller, le directeur de la photographie. Chacun de ses plans est comparable à l’œuvre millimétrée d’un peintre – comme Edward Hopper, dont certaines toiles cumulent les ressemblances avec les images du chef opérateur néerlandais. Les plans sont larges, souvent vides, mélangeant différentes couleurs, de la lumière des stations-service au dégradé du ciel, principalement filmé durant le crépuscule.
Il y a également un contraste très présent entre les campagnes du Texas et les imposantes autoroutes et structures de Huston, dans lesquelles se perdent les personnages. L’esthétique du film donne au récit une aura unique, entre le rêve et la mélancolie. Comment ne pas mentionner également la musique hypnotique de Ry Cooper, qui accompagne, tout en douceur, les nombreuses virées en voiture des protagonistes.
Un drame enivrant
Jamais larmoyant, Paris, Texas trouve la force de son émotion grâce aux immenses performances de ses acteurs, à commencer par Harry Dean Stanton, qui tient ici le rôle de sa carrière. L’interprète offre une immersion dans la vie brisée d’un homme en quête d’amour et de rédemption. Muet durant la première partie du film, le personnage va peu à peu se dévoiler et gagner le cœur des spectateurs en tentant de recoller les nombreux fragments de son passé. Autour de lui, Dean Stockwell et Aurore Clément sont poignants dans la peau d’un couple qui a dû prendre sous leurs ailes le fils du disparu.
Âgé de seulement huit ans à l’époque du tournage, le jeune Hunter Carson, quant à lui, impressionne de par sa justesse et son naturel devant la caméra. Dernier visage à faire son apparition à l’écran, celui de Nastassja Kinski, qui parvient, en peu de scènes seulement, à offrir au long-métrage ses plus beaux moments, dont certaines images sont devenues aujourd'hui iconiques.
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