Une nuit, une femme en danger appelle la police. Anna prend l'appel. Un homme est arrêté. Les semaines passent, la justice cherche des preuves, Aly, Anna et Dary font face aux échos de cette nuit qu'ils ne parviennent pas à quitter.
Ce pitch, c'est celui de Quitter la nuit, excellent premier long métrage de Delphine Girard en salles depuis ce mercredi. Prolongement du court Une sœur, nommé à l'Oscar en 2020, cette œuvre puissante qui s'intéresse aux répercussions d'une agression sexuelle par le prisme de trois personnages ne vous laissera pas indemnes.
Dépourvu de manichéisme, remarquablement écrit, Quitter la nuit est un film nécessaire. Passant avec brio du thriller au drame intime et psychologique, il dénonce les agressions sexuelles tout en abordant les notions de consentement et de déni, sans compter la difficulté de se confronter à la rigide et complexe mécanique judiciaire.
Si Quitter la nuit est si réussi, c'est parce qu'il est intelligent, juste et profondément humain. Mais aussi parce qu'il est porté par un formidable trio d'interprètes. Selma Alaoui est bouleversante dans le rôle de la jeune femme agressée, Veerle Baetens, vue aux génériques d'Alabama Monroe et Au nom de la terre, campe avec intensité le rôle de celle qui prend l'appel nocturne de la victime, et Guillaume Duhesme impressionne dans le rôle de l'agresseur.
"Il était très important pour moi que l’on comprenne sans méprise que le moteur de la violence chez lui n’est pas le désir érotique mais la frustration", explique la réalisatrice au sujet de ce dernier. "Guillaume n’essayait pas d’excuser Dary, il a plongé dans l’enjeu de cette violence-là et a complètement assumé d’être celui qu’on questionne."
"Il n'allait pas être un monstre mais un homme qui commet un acte monstrueux", explique Guillaume Duhesme au micro d'AlloCiné au sujet de son personnage, qu'il qualifie d'"assez dysfonctionnel et de petite bombe à retardement."
"Une perspective différente sur le sujet des violences faites au femmes"
"Delphine Girard voulait traiter tous les êtres humains impliqués dans cet acte terrible et monstrueux", poursuit Guillaume Duhesme. "Elle avait envie d'explorer l'humanité sous toutes ses facettes, toutes les humanités qui, à un moment donné, se percutent et se traumatisent à travers cet acte."
"J'ai l'impression que c'est vraiment un film intéressant, qui apporte une perspective différente sur le sujet des violences faites au femmes", conclut Guillaume Duhesme. Prix du public à la Mostra de Venise 2023 dans la section parallèle Giornate degli autori, équivalent de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, Quitter la nuit est actuellement en salles.
La bande-annonce de la série "Knok", créée par Guillaume Duhesme :