De quoi ça parle ? Rachel, sorte de Ma Dalton, a élevé ses fils Sam et Jérémie, et son petit-fils, Nathan, dans le culte de l’arnaque. De plans foireux en petits larcins, cette sympathique famille de bras cassés court toujours après le gros coup. Chance ou fatalité, lors d’un cambriolage, ils volent sans en connaitre sa valeur, une toile de Tamara de Lempicka. Céleste, une détective rusée et charmeuse, et Gauthier, son fidèle acolyte, se lancent à leur poursuite...
Une envie de légèreté
Tenant davantage de la comédie que ses précédents films, Les Rois de la piste marque une certaine rupture dans le travail de Thierry Klifa. Le cinéaste à qui l'on doit, entre autres, le thriller Tout nous sépare, explique : "Il y avait une envie de légèreté, c’est sûr, d’autant que nous avons commencé à l’écrire pendant le confinement. Il y avait aussi qu’après Tout nous sépare et mon documentaire André Téchiné, cinéaste insoumis, deux films assez chargés pour différentes raisons, j’avais envie d’une histoire qui soit joyeuse, féroce, inattendue, solaire, furieusement tournée vers la vie et mélancolique à la fois, avec de l’amour, de l’amitié, de grandes engueulades et de grandes réconciliations."
"Parler de la famille dans ce qu’elle a de plus réjouissant et… de plus toxique aussi. De cette place qu’on vous attribue à la naissance à celle qu’on prend soi-même pour exister vraiment, en tout cas celle qu’on se choisit pour échapper à un certain déterminisme."
Pourquoi La Musicienne ?
Thierry Klifa a eu l'idée de La Musicienne, le tableau de Tamara de Lempicka, grâce au clip Vogue de Madonna, où cette toile apparaît : "C’est la plus grande collectionneuse de Lempicka au monde. Sa passion pour elle a fait exploser sa côte. Elle a même une copie d'un de ses tableaux avec sa propre image. La Musicienne a vraiment été volé et des détectives de l’Agence Artiaz, spécialisée dans l’art, ont mis sept ans à remettre la main dessus. C’est en tombant sur un article dans Télérama racontant l’enquête pour le retrouver que l’idée a germé."
Une évidence
Avec Les Rois de la Piste, Thierry Klifa fait tourner pour la première fois Fanny Ardant au cinéma. Le cinéaste l'avait toutefois dirigée au théâtre à trois reprises : "C’est elle la première - j’étais encore journaliste à Studio Magazine - qui m’a poussé à devenir réalisateur. Derrière ma timidité et mes 25 ans, sans me connaître, elle avait deviné ce désir qui m’animait depuis l’enfance. Après Une vie à t'attendre quand je l’ai remerciée de m’avoir encouragé, elle m’a répondu : « on ne pousse que ceux qui sont au bord de la falaise », Fanny, quoi… On a beaucoup travaillé ensemble et ça s’est toujours fait dans la joie."
"Nos trois pièces (L’Année de la pensée magique, Des journées entières dans les arbres, Croque monsieur) ont été des succès publics et critiques, cela a donc été plutôt valorisant pour l’un et l’autre. On se voit souvent dans la vie."
Mathieu Kassovitz à contre-emploi
Dans la peau du fils dépressif et sous cachets, Thierry Klifa a choisi Mathieu Kassovitz. L'acteur n'était dans un premier temps pas disponible, mais a finalement pu prendre part au tournage. Le cinéaste confie : "Mathieu n’a pas peur du ridicule. Il n’hésitait pas à en faire trop, ça l’amusait même, c’est ce qui rend Sam aussi touchant et attachant. On est si loin de son registre habituel, de La Haine ou Le Bureau des légendes. Ça l’excitait. On a parlé ensemble de la grande époque des comédies à l’américaine, de Cary Grant, qui était le charme et la classe incarnés et qui n’hésitait pas à se balader en pyjama dans L’Impossible Monsieur bébé…"
A noter que Mathieu Kassovitz tourne pour la première fois aux côtés de Fanny Ardant. Le réalisateur de La Haine confie : "C’était un de mes rêves. Tourner avec des actrices comme elle, avec le parcours, la carrière qu’elles ont, qui ont vécu ce qu’elles ont vécu, qui ont traversé ce qu’elles ont traversé, qui ont travaillé avec tous ces réalisateurs et ces acteurs, c’est magique… Ce sont de vraies femmes, de grandes actrices qui envoient du bois. J’adore ça, et avec Fanny on a même commencé à déconner très vite, à se faire des grimaces pendant les contre-champs ! Je lui manquais de respect, et elle aussi, on était comme des gamins…"
Nicolas Duvauchelle pousse la chansonnette
Avec Les Rois de la Piste, Nicolas Duvauchelle retrouve Thierry Klifa après Tout nous sépare et Les Yeux de sa mère. C'est l'acteur lui-même qui a eu l'idée de la scène de la chanson : "Il était prévu que ce soit une scène de danse. J’ai commencé à travailler, j’ai fait deux trois répétitions avec la répétitrice mais pour que ce soit vraiment réussi, il aurait fallu s’y prendre un an à l’avance ! En plus, je trouvais que ça cataloguait un peu trop le personnage. Je pensais que par une chanson, surtout pour moi qui aime la musique, qui en ai fait, qui ai déjà chanté, on pouvait faire passer beaucoup plus de choses. Je ne suis pas assez bon danseur pour faire passer les émotions comme le font les danseurs professionnels – et ce n’est pas en deux mois qu’on apprend ça !"
"J’en ai parlé à Thierry, je lui ai dit que chanter me conviendrait mieux et il a tout de suite dit oui. On a proposé à Alex [Beaupain] d’écrire une chanson assez vite et puis on l’a enregistrée, même si je l’ai performée en live pendant le tournage."