Il y a 20 ans - bien avant que le grand public ne découvre le cinéma coréen grâce à Parasite de Bong Joon-Ho - le réalisateur sud-coréen Park Chan-Wook, révélé quelques années auparavant par le thriller JSA (Joint Security Area), adaptait au cinéma le manga Old Boy, composé de 8 volumes.
Les droits d'adaptation de l'ouvrage écrit par Tsuchiya Garon et dessiné par Nobuaki Minegishi entre 1996 et 1998 ont été achetés pour moins de 11 000 euros par le producteur exécutif Dong-Joo Kim.
Récompensé par Quentin Tarantino
Le comédien Choi Min-sik (alors déjà vu dans Ivre de femmes et de peinture) y tenait le rôle principal, celui de Oh Dae-Soo, un père de famille sans histoire, enlevé devant chez lui.
Séquestré pendant plusieurs années dans une cellule privée, son seul lien avec l'extérieur est une télévision. Par le biais de cette dernière, il apprend le meurtre de sa femme, dont il est le principal suspect.
Au désespoir d'être séquestré sans raison apparente succède alors chez le héros une rage intérieure vengeresse qui lui permet de survivre. Il est relâché 15 ans plus tard, toujours sans explication. Oh Dae-Soo est alors contacté par celui qui semble être le responsable de ses malheurs, qui lui propose de découvrir qui l'a enlevé et pourquoi...
Le long métrage est le deuxième volet de la trilogie de la vengeance de Park Chan-Wook après Sympathy for Mr. Vengeance, sorti l'année précédente, qui racontait la descente aux enfers d'un homme ayant kidnappé une petite fille dans l'espoir de soigner sa sœur avec l'argent de la rançon.
Sorti en 2005, Lady Vengeance emmené par Yeong-ae Lee et de nouveau Min-sik Choi conclut le triptyque.
Sélectionné en Compétition à Cannes, Old Boy obtient le Grand Prix des mains du Président du Jury Quentin Tarantino (dont Kill Bill était sorti un an auparavant) et consacre le réalisateur sur la scène internationale.
Un film possible grâce à... Bong Joon-Ho !
Lors de la sortie en salles de Old Boy, Park Chan-wook a déclaré que c'est un autre réalisateur coréen qui lui avait donné l'idée d'adapter un manga. "J'apprécie les mangas japonais, mais je ne suis pas forcément un grand fan. C'est Bong Joon-ho [NDLR : qui avait alors mis en scène le thriller Memories of Murder], qui m'a conseillé de lire Old boy. Je l'ai lu sans penser à en faire un film.
Alors, quand le producteur est venu me voir avec ce manga, j'ai dû le relire sous un autre angle. Concernant la différence entre les deux, (...) le mobile de vengeance est totalement différent.
En conséquence, les moyens de vengeance sont différents (...), les points communs sont la prison privée, l'histoire d'un homme qui renaît à travers une expérience d'enfermement, et le fait que le méchant ne se cache pas vraiment de son ennemi."
Le film diffère donc de l'œuvre papier, ce qui permet de garder la surprise jusqu'à la fin pour les lecteurs. Plus sombre, mais également plus violente, Old Boy figure parmi les œuvres les plus emblématiques de la nouvelle vague du cinéma sud-coréen apparue au début des années 2000.
L'une des fins les plus marquantes de l'Histoire du cinéma
Plus gros succès de l'année 2003 en Corée, dépassant au box-office Matrix Revolutions et un autre film de vengeance, Kill Bill : volume 1, Old Boy est un thriller grandiose et étourdissant qui s'est rapidement hissé au rang de film culte.
Dix ans après sa sortie en salles, Spike Lee réalise d'ailleurs un remake américain avec Josh Brolin dans le rôle du père séquestré et Elizabeth Olsen dans celui de la jeune femme... Mais le film fait office de pâle version face à l'illustre original.
Et si, 20 ans après sa sortie, Old Boy est toujours considéré comme l'un des plus grands thrillers de l'Histoire c'est parce que Park Chan-Wook parvient tout au long de son film à maintenir le suspense et à ne rien laisser entrevoir de l'issue tragique de ses héros.
Le film distille des indices sans jamais dévoiler la perversité de la machination. Une fin - que nous tairons ici pour ne pas gâcher la surprise - qui hante le spectateur des années plus tard et qui offre tout son sens à l'expression "La vengeance est un plat qui se mange froid."
Un film culte
Brillamment incarné par Min-sik Choi, qui s'est entraîné pendant six semaines et a perdu 9 kilos pour le rôle, le personnage de Dae-Soo est d'ailleurs devenu un des personnages phares de la culture populaire et la photo du héros qui brandit son marteau est devenue emblématique.
En 2008, le magazine Empire classe d'ailleurs le long métrage à la 64ème place dans sa liste des 500 meilleurs films de tous les temps et la BBC le place en 29ème position de son classement 2018 des meilleurs films non anglophones.
Sur AlloCiné, le long métrage a une note presse moyenne de 4 étoiles sur 5 et une note spectateurs de 4,2 étoiles sur un total de 27 263 notes.
Interdit aux moins de 16 ans, Old Boy est à (re)voir dans vos cinémas depuis le mercredi 6 mars, au même titre que Sympathy for Mr. Vengeance et Lady Vengeance.