Au cinéma, les invasions extraterrestres sont nombreuses. Elles appartiennent à un genre à part entière qui n'a eu de cesse de réinventer la représentation des "petits hommes verts" à l'écran, du Jour où la Terre s'arrêta à E.T. Dans cette longue liste, L'Invasion des profanateurs est à part.
La paranoïa est partout
Ici, pas de vaisseaux spatiaux, ni de créatures terrifiantes ou de scènes de destruction massive. Adaptée du roman éponyme de Jack Finney, cette histoire repose sur l'invisible. Les envahisseurs prennent possession du corps humain en gardant la même enveloppe. Dès lors, comment empêcher une invasion imperceptible à l'œil nu ?
Après une première adaptation emblématique en 1956, le réalisateur Philip Kaufman propose une vision singulière de ce classique de la science-fiction. Il s'inspire d'une société qui a radicalement changé, plongée dans un climat de défiance après le scandale du Watergate et la fin de la guerre du Vietnam. Le cinéaste utilise les failles de l'Amérique de cette époque pour nourrir l'atmosphère de son film.
Comme de nombreuses œuvres issues des années soixante-dix, L'Invasion des profanateurs prend des allures de thrillers conspirationnistes. Et si cette invasion était organisée par le gouvernement ? Empreint de tels doutes, comment et à qui faire confiance ?
Le film de Philip Kaufman met en garde sur l'évolution d'un monde de plus en plus apathique. Dans L'Invasion des profanateurs, les humains remplacés par les extraterrestres sont dépourvus de toute émotion et deviennent de véritables pages blanches, comme des intelligences artificielles avant l'heure.
Des scènes d'anthologie
L'une des grandes armes du film est le son. Les "cocons" - qui permettent aux envahisseurs de reproduire des copies exactes - ont une identité sonore particulière. Pour la créer, le concepteur Ben Burtt a enregistré le ventre de sa femme enceinte pour capter les battements de cœur de son enfant à naître. Le résultat est saisissant.
Porté par une tension permanente qui étouffe le spectateur, le long métrage propose de grands moments de cinéma - comme cette scène terrifiante où le personnage joué par Donald Sutherland est réveillé de sa sieste par son double - et des images fortes - vous n'êtes pas près d'oublier le chien au visage humain et le plan final cauchemardesque.
L'Invasion des profanateurs est disponible sur Prime Video.