De quoi ça parle ?
C'est l'été 1957. Derrière le spectacle de la Formule 1, l'ancien coureur Enzo Ferrari est en crise. La faillite menace l'usine que lui et sa femme, Laura, ont construite à partir de rien dix ans auparavant.
Leur mariage instable a été ébranlé par la perte de leur fils, Dino, un an plus tôt. Ferrari a du mal à reconnaître son fils Piero avec Lina Lardi. Pendant ce temps, la passion de ses pilotes pour la victoire les pousse à la limite alors qu'ils se lancent dans la périlleuse course de 1 000 miles à travers l'Italie, la Mille Miglia.
Ferrari, un film écrit par Kennedy-Martin et David Rayfield, réalisé par Michael Mann avec Adam Driver, Penélope Cruz, Shailene Woodley...
C'est avec qui ?
Pour jouer Enzo Ferrari, Michael Mann a jeté son dévolu sur Adam Driver qui compose un homme qui ne fait rien à moitié. Pour exemple, il dit à ses coureurs qu'ils devraient être prêts à mourir pour gagner au nom de la marque Ferrari.
Il assimile la course à la guerre, ce qui est logique pour lui puisque l'Italie et son peuple sont encore éprouvés par les traumatismes de la Seconde Guerre mondiale.
Le film commence avec Enzo quittant le lit de Lina Lardi (Shailene Woodley), qu'il a rencontrée pendant la guerre et avec qui il a eu un enfant. Il sort sa voiture de l'allée pour ne pas les réveiller, avant de rentrer à toute vitesse chez sa femme, Laura Ferrari (Penélope Cruz), furieuse et qui pointe son fusil sur son mari.
Dans un rôle moins important mais clin d'œil amusant, on découvre un Patrick Dempsey (Grey's Anatomy) peroxydé dans le rôle de Piero Taruffi, un des coureurs d'élite de Ferrari. On connaît la passion de l'acteur pour la course automobile, ayant même participé aux 24h du Mans. Jack O'Connell joue lui aussi un pilote de l'écurie Ferrari.
Ça vaut le coup d'œil ?
Contrairement à ce qu'on pourrait penser, Michael Mann tient le plus souvent Ferrari à l'écart des circuits, mais lorsqu'il prend le volant, le spectateur en prend plein la vue. La course des Mille Miglia est saisie sur le vif avec toute la folie et les imprévus qui montrent à quel point cette passion est dangereuse.
Les coureurs se crashent, puis montent dans les voitures des autres, abandonnant leurs épaves. Des milliers de personnes s'agglutinent dans des virages au mépris du bon sens.
Mais c'est l'Italie tout entière qui semble s'arrêter pour cette compétition de grande envergure. Cette course comprend également l'une des séquences les plus poignantes et les plus choquantes de la filmographie de Michael Mann et promet de rester gravée sur la rétine des spectateurs un long moment.
Mann excelle à nous faire comprendre à quel point la course peut être excitante et addictive, avant de tirer le tapis sous nos pieds pour nous montrer comment tout peut basculer à n'importe quel moment.
Enzo intime
Mais Ferrari est un film bicéphale car il passe presque plus de temps à s'intéresser aux amours d'Enzo : Lina, avec qui il veut être et qui veut donner son nom à leur fils, et Laura, qui est à la fois brillante et terrifiante, et pour qui il éprouve toujours une certaine passion.
Shailene Woodley, dans le rôle de Lina, a la malheureuse tâche de jouer la plus attentionnée et la moins dynamique de ces amours. Mais elle fait du mieux qu'elle peut avec ce qu'on lui donne, malgré l'oubli occasionnel de l'accent italien.
On ouvre une parenthèse ici, mais le choix de faire jouer les acteurs en anglais avec l'accent italien – comme dans The New Look mais avec l'accent français – a quelque chose d'à la fois déconcertant et suranné.
La vraie performance du film
Driver est très bon dans le rôle de Ferrari, capable de jouer le cœur brisé à un moment, puis le contrôle et la puissance le suivant. Mais la véritable force de Ferrari tient en une performance : celle de Penélope Cruz, qui domine chacune de ses scènes. Électrique, véritable tourbillon de chagrin, de colère, de jalousie et de pouvoir absolu.
Quel que soit le pouvoir d'Enzo, Laura sait comment exercer son influence. Elle est le véritable cerveau qui maintient l'entreprise à flot, même lorsque ses actions peuvent sembler choquantes.
La performance de Penélope Cruz n'est pas seulement le point fort du film, c'est aussi probablement la meilleure performance de sa carrière anglophone (tous les films qu'elle a tournés avec Pedro Almodóvar constituant des chefs d'œuvre inattaquables).
Une passion dévorante
L'enjeu pour Enzo au cours du film est avant tout d'essayer d'éviter la banqueroute. L'entreprise ne construit pas assez de voitures et il a besoin de financements extérieurs, faute de quoi elle fera faillite.
Alors que Ferrari se plaint que ses rivaux – en particulier Maserati – ne veulent courir que pour vendre des voitures, lui dit vendre des voitures pour courir.
Il n'y a plus qu'un seul objectif pour Enzo : gagner la Mille Miglia avec son équipe de pilotes. Alors que les affaires sont en difficulté, que ses perspectives de victoire sont douteuses et qu'il est déchiré entre Lina et Laura, Ferrari capture une période de la vie d'Enzo qui fait partie intégrante non seulement de sa vie personnelle, mais aussi du monde de la course et des voitures en général.
Deux films en un, mais deux films réussis.
Ferrari est disponible sur Prime Video