Célèbre pour avoir vocalement interprété le comédien Nick Nolte, l'impitoyable Pat Hibulaire dans de nombreuses productions Disney ou encore l'adorable chat Tiger dans Fievel et le Nouveau Monde, le talentueux comédien Alain Dorval, que l'on connaît surtout pour avoir prêté son timbre profond et rocailleux au légendaire Sylvester Stallone, s'est éteint ce mardi à l'âge de 77 ans.
En avril 2021, nous avions eu le privilège de l'accueillir au micro de notre émission Voix Ouf, dédiée aux diamants bruts du doublage français. Au cours d'un long entretien de plus d'une heure et demie, durant lequel un Alain Dorval ému et bouleversant ne tarissait pas d'anecdotes sur sa riche carrière, l'artiste nous avait notamment raconté sa rencontre avec Stallone lui-même.
"Rocky, c'était vraiment autre chose"
"Hormis les nombreux défauts que j'ai, je m'implique totalement dans tout ce que je fais", nous avait-il confié. "(...) Mais Rocky, c'était vraiment autre chose. Je l'ai vu en projection avant de le doubler, c'était étonnant dans la façon d'aborder les choses. Il y a une vraie écriture chez Stallone. Et quand je l'ai rencontré, c'est de ça que j'ai voulu parler avec lui. (...) [Rocky] est un personnage étonnant et Stallone est quelqu'un, je crois, de très étonnant."
Le comédien de doublage, transporté par une admiration sincère à l'égard du cinéaste américain, nous avait alors raconté plus en détail son face-à-face avec ce dernier :
"Il faut se battre"
"Quand j'ai rencontré Sylvester Stallone, c'était pour la sortie de Rocky Balboa, le sixième film, et il m'a dit qu'il avait eu autant de mal à monter ce film que le premier, parce qu'aux Etats-Unis, il n'y a rien d'acquis. Il en avait quand même fait cinq, il pouvait en faire un sixième. Non, pas du tout. C'est pas parce que t'en as fait cinq que tu en feras six. Il y a toujours quelque chose à prouver, et il faut se battre. (...) Il porte ça en lui. Là, je ne parle pas de Rocky mais de Stallone. Et puis il a un tel amour du cinéma, c'est... [sa voix se brise d'émotion]. Il aime les comédiens, en plus, ça se sent."
"Ce qui l'intéresse profondément, c'est le film"
Evoquant avec beaucoup de tendresse et d'émotion les rôles confiés par Stallone à Burgess Meredith (Mickey) ainsi qu'à Burt Young (Paulie), Alain Dorval est ensuite revenu sur l'esprit d'abnégation dont faisait preuve l'interprète de Rocky, dénotant parfois avec celui de certains comédiens qu'il avait pu croiser sur les planches :
"Stallone, ce qui l'intéresse profondément, c'est le film. Si à un moment, son personnage doit se dégrader ou autre dans l'intérêt du film, il n'hésitera jamais à le faire ! Ca, j'en suis persuadé. Ce n'est pas 'je me mets en avant pour me mettre en avant.' Il y a des grands qui comprennent ça. Quand ils ont des comédiens moins connus qu'eux à leurs côtés, si les autres comédiens de la distribution sont bons, ça profite d'abord et avant tout à celui qui est la tête d'affiche, parce que le film sera bon ou la pièce sera bonne."
"Alors il y a des gens intelligents, et d'autres qui le sont moins. Mais Stallone, on sent qu'il aime les comédiens, que jamais il n'en poussera un [à l'extérieur] parce qu'il a été applaudi, bien au contraire."
(Re)découvrez notre interview vidéo avec Alain Dorval...