Ça parle de quoi ?
Une journaliste française rencontre Salvador Dali à plusieurs reprises pour un projet de documentaire.
3 bonnes raisons de voir Daaaaaaali !
Nous aurions pu monter à quatre en mettant la durée en avant. Comme toujours chez Quentin Dupieux, les séances sont courtes, et Daaaaaali ! ne dure que 1h18 très exactement. Et si ce n'est pas un argument convaincant, en voici d'autres.
Dali par Dupieux (et vice versa ?)
Ils étaient faits pour se rencontrer. D'un côté, un réalisateur qui a fait de l'absurde et du non-sens un art de vivre. De l'autre, le pape du surréalisme. Qui d'autre que Quentin Dupieux pouvait mettre Salvador Dali en scène ? Roger Avary, co-scénariste de Pulp Fiction, s'est cassé les dents sur son projet de biopic, et Mary Harron (American Psycho) a réussi à faire aboutir le sien.
Mais il y avait comme une évidence à ce que le réalisateur de Yannick, qui maîtrise l'absurde comme peu d'autres cinéastes, s'en empare, tant ils ont en commun de casser les codes et de faire fi des conventions. À tel point que l'on a du mal à voir où s'arrête Dupieux et où commence Dali au long de ce récit en forme de poupées russes, avec un gag absolument hilarant, et une sous-intrigue sur fond de rêves enchâssés, que Christopher Nolan n'aurait pas reniée.
Six Dali pour le prix d'un...
Beaucoup de personnes (dont nous) l'avaient pressenti en découvrant le titre et le casting, même quand les rôles de chacun n'étaient pas encore dévoilés : il n'y aurait pas un mais plusieurs Dali. Six pour être exacts, comme le nombre de "a" dans le titre. À l'écran, face à Anaïs Demoustier, le peintre a notamment le visage de Pio Marmaï et Gilles Lellouche, ou encore Jonathan Cohen et Edouard Baer, qui font leurs débuts dans l'univers de Quentin Dupieux.
Lequel ne procède pas de la même manière que le Todd Haynes de I'm Not There, où chaque comédien incarnait une époque différente de la vie de Bob Dylan. Dans Daaaaaaali !, Quentin Dupieux se permet tout, comme changer d'acteur d'un plan à l'autre, sans explication ni raison logique. Vingt-trois ans après son court métrage Nonfilm, il signe un non-biopic, où il est moins question de raconter la vie de Dali que saisir l'essence de son art et la faire vivre au cinéma.
Cela demande un petit lâcher-prise, et Daaaaaaali ! pourra décontenancer celles et ceux qui avaient aimé Yannick pour son côté plus terre-à-terre dans la filmographie barrée de son réalisateur. Mais c'est aussi la preuve de la richesse foisonnante de son univers, et sa capacité à se renouveler d'un film à l'autre avec, ici, un ton un peu plus optimiste que sur certains des précédents.
... et une moitié de Daft Punk
Avant de passer derrière la caméra, Quentin Dupieux était plus connu sous le nom de Mr. Oizo, artiste électro devenu aussi iconique que la marionnette Flat Eric vue dans ses clips, pendant les années 90. Il n'est donc pas surprenant que la musique occupe une place de choix dans ses films. Et qu'il s'entoure d'invités de choix.
Après Metronomy (Mandibules), Gaspard Augé de Justice (Rubber) ou Nicolas Worms (Au poste !), quand il ne compose pas lui-même les musiques de ses films ou reprend des titres qui existent déjà (Jon Santo pour Incroyable mais vrai), Quentin Dupieux a cette fois-ci fait appel à Thomas Bangalter. Qui n'est autre que moitié des Daft Punk.
Ayant déjà travaillé sur Irréversible et Enter the Void de Gaspar Noé, sur En Corps de Cédric Klapisch et - bien évidemment - Tron l'héritage aux côtés de son compère Guy Manuel de Homem-Christo, il compose pour la première fois la musique d'un film de Quentin Dupieux. Après un caméo, à visage découvert et dans une salle d'attente, dans Réalité.
Et c'est donc à lui que l'on doit cette petite ritournelle, que l'on entend aussi bien dans la bande-annonce que dans le film, et qui aura bien du mal à vous sortir de la tête. Mais peut-être que ça aussi, c'est Daaaaaali !