À la seconde place de la liste des 250 meilleurs films de tous les temps d’IMDb, se trouve Le Parrain, qui est, encore aujourd’hui, l’une des œuvres les plus saluées par les fans et la critique. L’épopée de gangsters italiens reste un modèle dans le monde du cinéma si bien qu’on pourrait imaginer qu’un rôle dans un tel film, même avant son succès, serait une offre qu’aucun acteur ne pourrait refuser. Et si certains comme Sylvester Stallone, n’ont pas été autorisés à jouer dans le film, “ne faisant pas assez italiens”, un autre a tout simplement refusé...
Lorsque le film a vu le jour en 1972, Jack Nicholson venait tout juste de rencontrer le succès avec Cinq pièces faciles et ses performances précédentes avaient déjà fait de lui une icône. Il n’est donc pas surprenant que Francis Ford Coppola lui ait proposé un rôle principal dans son prochain film, mais il est surprenant toutefois que l’acteur l’ait refusé sans hésiter.
PLUSIEURS OFFRES SUR LA TABLE
Lorsqu’on lui a par la suite demandé pourquoi il avait refusé le rôle, non seulement pour Le Parrain mais aussi pour le classique de George Roy Hill avec Paul Newman et Robert Redford, L’Arnaque, il a simplement répondu : “Je pense que j’avais le sens des affaires. Je sais que j'ai le sens des affaires. Je savais alors que La Dernière Corvée et Le Parrain allaient être d’énormes succès.”
Cependant, comme il l’a expliqué, ce n’étaient pas les seules offres sur la table.
En même temps, je pense que La Dernière Corvée et Chinatown sont, pour moi, les plus intéressants des quatre films.
Sorti en 1973, La Dernière Corvée de Hal Ashby mettait en vedette Nicholson dans le rôle d’un officier de la Marine chargé d’amener un jeune délinquant en prison, mais en cours de route, il décide de lui offrir une dernière nuit sauvage de liberté. Bien que le film soit moins connu, il s’est avéré être une aventure divertissante d’une belle profondeur.
En ce qui concerne le film policier de Roman Polanksi, Chinatown (1974), avec Faye Dunaway, il s’agit, pour certains, du plus grand film des années 1970. Le choix de Nicholson pour ces deux films est révélateur de son attirance pour une grande variété de rôles.
TRAVAILLER AVEC BRANDO
Cependant, il y avait bien plus de facteurs en jeu : “Le Parrain allait être un bon film. J’avais toujours voulu travailler avec Marlon [Brando], mais on m’a demandé de jouer le rôle principal et a) J’ai pensé que ça aurait dû être un Italien et b) Je n’avais aucune scène avec Marlon dans le scénario que j’ai lu, et je pensais que je ne pourrais travailler avec Marlon qu’une seule fois et j’espère que cela pourrait être quelque chose lorsque nous travaillerons ensemble.”
Découvrez son explication en VO ci-dessous :
Quatre ans après la sortie du Parrain, Jack Nicholson a réalisé son souhait et a joué aux côtés de Marlon Brando dans le western The Missouri Breaks d’Arthur Penn. Bien que le film lui-même n’ait malheureusement pas répondu aux attentes, la qualité de leurs performances et leur alchimie est bien là.
MARLON BRANDO REFUSE SON OSCAR
Entre-temps, Marlon Brando a, quant à lui, fait parler de lui en refusant l’Oscar du meilleur acteur pour sa prestation dans la peau de Don Corleone. En effet, le 27 mars 1973, à la stupeur de l’assemblée, il décline l’offre et envoie sur scène Sacheen Littlefeather, une jeune actrice apache, pour refuser le prix dans le but de protester contre la représentation au cinéma des Natifs Américains.
Marlon Brando s’explique dans cette vidéo (en VO) :
L’initiative de l’acteur, qui a toujours combattu la discrimination raciale dans le monde du spectacle, a été très controversée, et Sacheen Littlefeather a dû, elle aussi, faire face aux critiques mais a tout de même été ovationnée à la fin de son discours sur scène que vous pouvez lire ci-dessous.
“Bonsoir. Mon nom est Sacheen Littlefeather. Je suis apache et je suis la présidente du National Native American Affirmative Image Committee.
Je représente Marlon Brando à cette soirée, et il m'a demandé de vous transmettre un très long discours, que je ne peux pas partager maintenant avec vous à cause du manque de temps, mais que je serai heureuse de lire après devant la presse. C’est à regret qu’il ne peut accepter cette très généreuse récompense, en raison de la manière dont sont traités les Indiens d’Amérique aujourd’hui par l’industrie cinématographique – excusez-moi –, à la télévision et dans les rediffusions de films, et à cause des récents événements de Wounded Knee.
J’espère ne pas avoir gâché votre soirée et qu’à l’avenir, nos cœurs et notre vision des choses seront réunis dans l'amour et la générosité.
Merci, au nom de Marlon Brando.”
Découvrez le discours de Sacheen Littlefeather ci-dessous :
Le Parrain est actuellement à revoir en streaming sur Paramount+.