En 1916, durant la Première Guerre mondiale, le général français Broulard ordonne au général Mireau de lancer une offensive suicidaire contre une position allemande imprenable, surnommée "La Fourmilière". Au moment de l'attaque, les soldats tombent par centaines.
Mais une partie des troupes n'a pas quitté les tranchées : leurs officiers ont été tués au moment-même de lancer l'assaut. Ulcéré, le général Mireau ordonne de faire feu sur ses propres troupes.
Un compromis est finalement trouvé : des soldats, tirés au sort, seront fusillés "pour l'exemple". Le colonel Dax, qui a assuré lui-même l'assaut sur la Fourmilière à la tête de 8000 hommes, ex-avocat dans le civil, assure la défense des soldats qui passent en Conseil de guerre...
Quatre ans avant Spartacus, la première collaboration entre Stanley Kubrick et Kirk Douglas accoucha déjà d'un chef-d'oeuvre absolu, sans doute le meilleur film jamais consacré à la Première guerre mondiale : Les Sentiers de la gloire.
Kubrick s'appuie entre autres sur l'affaire des "caporaux de Souain" où le général Réveilhac aurait fait tirer sur son propre régiment refusant de sortir des tranchées lors d'un assaut impossible, avant de faire exécuter quatre caporaux le 17 mars 1915. Qui ne seront réhabilités qu'en 1934.
A la différence d'un film de guerre classique, on ne voit jamais l'ennemi. Ici, l'opposition ne passe pas entre deux camps mais entre les officiers et les soldats d'un même camp; les uns jouant leurs promotions, comme le cruel général Mireau, les autres leurs vies comme ces malheureux qui seront fusillés "pour l'exemple".
Et au milieu : des hommes comme le Colonel Dax (puissamment interprété par Douglas), certes impétueux et impulsif, mais idéaliste et profondément humain. Sans démagogie ni manichéisme, pourfendant les mécanismes implacables et aberrants de la justice militaire, le film de Kubrick est aussi un puissant vecteur de valeurs intemporelles et universelles comme la paix, la justice et l'équité.
67 ans après sa sortie, la démonstration reste toujours aussi brillante et implacable. En particulier grâce au travail de Kubrick sur les travelling avant, arrière et latéral.
Ci-dessous, un extrait de l'hallucinante séquence de l'attaque de la Fourmilière, extraordinaire scène du film. Le visage des Poilus est fermé, grave, la tension et la peur sont extrêmes. L'assaut est imminent...
Dans la production désormais très abondante de films ayant pour cadre la Grande Guerre de 14-18, Les Sentiers de la gloire reste à juste titre indéboulonnable, offrant à Kirk Douglas un des plus grands rôles de sa fabuleuse carrière. A voir ou revoir sur Amazon Prime.