Chaque année aux Etats-Unis, il y a les Emmy Awards, les "Oscars du petit écran" qui saluent et récompensent le meilleur de la production télévisuelle et streaming US. Et parallèlement, les programmes internationaux sont célébrés par les International Emmy Awards, prestigieuse cérémonie qui met en lumière les meilleures productions diffusées à la télévision et sur les plateformes de streaming dans le monde.
Pour cette 51e édition, qui s'est tenue ce lundi 20 novembre, quatre programmes français étaient en lice. C’était le cas de La Flamme (Canal+) de Jonathan Cohen dans la catégorie "meilleure comédie", d'Infiniti (Canal+) pour le prix de la "meilleure série ou téléfilm", ainsi que d'Hôtel du temps (France 3) de Thierry Ardisson pour celui du "meilleur divertissement".
"On ne s’était tellement pas projeté là-dedans"
Mais seule la série française Des gens bien ordinaires (Canal+) est revenue victorieuse de la cérémonie, l’emportant dans la catégorie "meilleure fiction courte". Une consécration pour sa réalisatrice Ovidie, dont il s’agissait de la première série. Elle a, malgré tout, eu le triomphe modeste : "Askip, j’ai gagné un Emmy", a t-elle réagi, hier soir, mardi 21 novembre, sur le réseau social X, anciennement Twitter.
En réalité, Ovidie a encore du mal à réaliser, comme le rapporte notre consœur du Parisien, qui a pu l’interroger au lendemain de sa victoire. "Ça monte progressivement au cerveau. On ne s’était tellement pas projeté là-dedans", explique la réalisatrice.
Ce prix est aussi une victoire plus personnelle. Souvent ramenée et réduite à sa première carrière dans le porno dans les années 2000, Ovidie a, depuis, multiplié les activités. Elle a ainsi écrit plusieurs ouvrages et réalisé de multiples documentaires, principalement autour de la sexualité et de ses représentations, le tout avec un prisme féministe. Ovidie a également été chercheuse et chroniqueuse pour divers médias. Elle donne actuellement des cours sur le documentaire à l’université de Limoges.
"Au fond, il y a une part de moi qui me dit que je le mérite, ce prix ! Je m’en suis quand même pris plein les dents pendant vingt ans, raconte Ovidie, toujours au Parisien. On m’a souvent fait comprendre que je n’étais pas légitime pour faire ce métier. J’ai longtemps pensé que tout ça ne m’était pas accessible. Avec le temps, un peu moins, mais c’est long. En fait, j’ai ma place en tant que réalisatrice", poursuit-elle.
Le tournage de la saison 2 vient de se terminer
Pour rappel, Des gens bien ordinaires est une série qui comprend huit épisodes d’une durée de dix à quinze minutes. Elle a été diffusée sur Canal+ en 2022. L’action de la série se déroule dans les années 1990. Elle raconte l’histoire de Romain, 18 ans, un étudiant en sociologie qui rêve de refaire le monde. Un jour, Romain décide de quitter les bancs de la fac pour les plateaux de tournage de films X, pensant y trouver de quoi satisfaire son envie de liberté, de radicalité et de provocation. Sauf que Romain, piégé dans une relation amoureuse toxique avec une femme qui a une emprise totale sur sa vie, va aller de déconvenue en déconvenue : il se confronte à un milieu bien plus banal qu’il ne le pensait.
Une critique du sexisme ordinaire et des fantasmes qui entourent l’industrie pornographique, qui s’inscrit dans une société dystopique dans laquelle les rapports de genre entre hommes et femmes sont inversés.
Et la série portée par Jérémy Gillet (Mytho, Un métier sérieux, Papa ou maman, la série) n’a pas fini de faire parler d’elle : une saison 2 va prochainement être diffusée sur Canal+. "On a terminé le tournage jeudi dernier et vendredi, j’étais dans l’avion pour New York. Ma tête est encore à Angoulême en train de tourner", précise Ovidie auprès du Parisien. Des gens bien ordinaires, mais un quotidien qui l’est un peu moins, en ce moment, pour Ovidie et ses équipes, donc.