De quoi ça parle ?
Je suis né à 17 ans est l'adaptation de l’autobiographie éponyme de l’animateur télé et acteur Thierry Beccaro.
Le téléfilm raconte l’histoire de Thierry (Thierry Beccaro), un ancien enfant battu par son père aujourd’hui adulte mais qui garde de cette époque des angoisses et un perpétuel manque de confiance en soi. L’annonce de la mort imminente de son père (Moïse Santamaria), avec qui Thierry a coupé les ponts il y a de nombreuses années, le fait instantanément replonger dans ses traumatismes d’enfance. Thierry veut alors tourner une bonne fois pour toute cette page de sa vie. Mais cela est plus facile à dire qu’à faire...
C’est avec qui ?
Pour incarner le rôle principal, Je suis né à 17 ans a fait appel à Thierry Beccaro lui-même.
Parmi les autres têtes d'affiche du téléfilm, on retrouve Moïse Santamaria (Manu Leoni dans Un si grand soleil depuis 2018), qui interprète ici le père de Thierry, ou bien Elsa Lunghini (Clotilde Armand dans Ici tout commence depuis 2020), qui incarne, dans ce téléfilm, Laurence, la compagne de Thierry et la mère de ses deux enfants.
Sont aussi présentes au casting : Elisabeth Commelin, alias Yolande Sandré dans Plus belle la vie, et Muriel Combeau, longtemps vue dans Avocats & associés, Fais pas ci, fais pas ça, Doc Martin, ou encore Nina.
Ça vaut le coup d’œil ?
Le public de France 2 pensait probablement déjà bien connaître Thierry Beccaro, lui qui a été le présentateur du célèbre jeu télé Motus diffusé pratiquement chaque jour entre 1990 et 2019 sur la chaîne. Pourtant, il n’est sans doute pas prêt à découvrir la douloureuse enfance que le présentateur a vécue, faite de harcèlement scolaire (car jugé trop premier de la classe au goût de certains camarades) et de violences intrafamiliales (pendant plus de dix ans par son père).
Au premier abord, la présence de Thierry Beccaro dans la distribution du téléfilm peut être perturbante. Il n’est pas ici question d’assister à une reconstitution malsaine des évènements traumatisants de son enfance : d’autres acteurs, Pierre Azzarello, Thomas Kroon et Jules Morlon, se chargent très bien d’incarner le Thierry enfant, puis adolescent.
Simplement, rares sont les personnes concernées à jouer leur rôle dans une fiction inspirée de leur propre vie. De plus, écrire ce qu’on a vécu est une chose mais les dire à voix haute en est une autre. Ainsi, l’extrême sincérité de l’interprétation de Thierry Beccaro, notamment lors de scènes qui relatent des moments particulièrement intimes de son histoire, la rend d’autant plus touchante.
Mention spéciale, au passage, à Moïse Santamaria, impressionnant et inquiétant dans le rôle du père de Thierry, un homme à la fois violent, alcoolique, envieux, symboliquement émasculé par la société et possessif.
Je suis né à 17 ans réussit à se distinguer des autres séries ou téléfilms consacrés aux violences conjugales ou intrafamiliales de par la narration adoptée par le téléfilm, dont l’intrigue est centrée sur les conséquences des violences sur les enfants battus. Ici, pas de récit chronologique qui commencerait aux premières violences ou aux premiers signaux repérés par un ou une proche, et qui se conclurait par la mise hors d’état de nuire de l’agresseur et les prémices de la reconstruction de la victime.
Dans Je suis né à 17 ans, l’action se déroule dans le présent, avec un personnage adulte qui, suite à un évènement qui le ramène à son passé, dont il n’a pas totalement tourné la page, confronte ses proches à leur attitude vis-à-vis des violences commises par son père, que l’on découvre à travers des flashbacks. Des désaccords et des incompréhensions existent, mais aucun tabou n’est ici à briser.
Je suis né à 17 ans s’oppose également à une conception manichéenne du monde, soulignant la complexité des situations et des réactions humaines, même lorsque cela touche à des histoires de violences conjugales ou intrafamiliales. Il est ainsi intéressant de remarquer qu’aucun personnage ne porte ici le même regard sur les violences infligées à Thierry, que ce soit Thierry lui-même, sa sœur, sa mère ou sa tante.
Plusieurs personnages voient même leur position s’infléchir au fil du téléfilm. Si tous les points de vue ne sont pas mis sur le même plan, ils sont, néanmoins, entendus sans être directement discrédités, de sorte à essayer de comprendre, sans nécessairement relativiser ou justifier un point de vue ou un acte.
Charge au public d’estimer si tel ou tel personnage dans l’entourage de Thierry s’est révélé impuissant ou indifférent face aux violences infligées à Thierry par son père.
En clair, Je suis né à 17 ans est une fiction touchante et une agréable surprise à découvrir ce mercredi 22 novembre à 21h10 sur France 2, à l’occasion d’une soirée spéciale consacrée aux enfants maltraités pour la journée internationale des droits de l’enfant. A noter : le téléfilm sera suivi, à 22h40, d’un débat, notamment en présence de Thierry Beccaro, sur le thème "Enfants maltraités : se reconstruire après la violence".