De quoi ça parle ?
A Marseille, Rosa, 60 ans a consacré sa vie à sa famille et à la politique avec le même sens du sacrifice. Tous pensent qu’elle est inébranlable d’autant que Rosa est la seule qui pourrait sceller l’union de la gauche à la veille d’une échéance électorale décisive. Elle s’accommode finalement bien de tout ça, jusqu’au jour où elle tombe amoureuse d’Henri. Pour la première fois, Rosa a peur de s’engager. Entre la pression de sa famille politique et son envie de lâcher prise, le dilemme est lourd à porter.
Après une échappée à Bamako en 2022, Robert Guédiguian retrouve son territoire de prédilection, Marseille ! Avec Et la fête continue, le cinéaste s'inspire même d'une figure marseillaise, qui a servi de point de départ de ce projet. Le personnage principal, campé par Ariane Ascaride, se base en effet sur une femme politique de la Cité phocéenne : Michèle Rubirola.
Pour mémoire, elle avait été élue, contre toute attente, au poste de maire. Mais, comme le rappelle Robert Guédiguian, avait "craqué" et abandonné son poste. "Il y avait chez elle un refus du pouvoir alors qu’elle a milité toute sa vie pour y accéder ou, du moins, pour que ses idées prennent le pouvoir."
Et d'ajouter : "Son attitude m’a intrigué et m’a donné l’idée d’interroger le rapport que nous entretenons aujourd’hui avec l’action politique à travers quelques personnages de différentes générations. Michèle Rubirola m’a inspiré, à son insu, le motif central du film."
Le personnage d'Ariane Ascaride donne du souffle à ce film. Certaines séquences trouvent un écho fort avec une actualité politique récente, à l'image de cette tirade : "Vous ne parlez que du passé. Nous avons tous un passé, et un passé pas vraiment reluisant. 40 ans de défaites. Les Insoumis ne veulent pas entendre de parler des socialistes alors qu'ils en sont issus. Les communistes veulent ressusciter alors qu'ils ne croient pas à la résurrection. Les écologistes veulent changer la société sans vraiment la changer. Et les concitoyens ne veulent pas se salir les mains en faisant de la politique. On ne peut pas gagner quand on fait tout pour perdre."
Ni historique ni journalistique, mais métaphorique, voire poétique
Autour de cette figure politique qui donne son architecture au film, on retrouve la grande famille de cinéma de Robert Guédiguian : Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Lola Naymark, Grégoire Leprince-Ringuet et Robinson Stévenin. Alicia Da Luz Gomes avait elle aussi déjà tourné avec le cinéaste dans Twist à Bamako.
Et la fête continue ne se veut cependant pas un film politique. Le cinéaste précise qu'il s'agit de "quelque chose qui ne serait ni historique ni journalistique, mais métaphorique, voire poétique".
Ce 18ème long métrage de Robert Guédiguian brasse de nombreux sujets et s'ouvre d'ailleurs sur un événement dramatique à Marseille, autre fait réel qui a nourri le film : la tragédie de la rue d’Aubagne. Et la fête continue est d'ailleurs dédié aux habitants de ce quartier est à leurs associations qui ont baptisé cet endroit Place du 5 novembre afin de ne jamais oublier les victimes.
Parler de tout ce que nous vivons en même temps, passer du coq à l’âne
Pour ce film choral, avec différents âges et milieux sociaux représentés, Robert Guédiguian indique avoir pensé à ce qu'on appelle l'"Agitprop". Il précise : "J’aime beaucoup cette forme extrêmement populaire et inventive qu’ont adoptée les artistes au début de la révolution russe afin de participer à la dynamique du changement, à sa vitesse. (...) En un mot cela consiste à parler de tout ce que nous vivons en même temps, à passer du coq à l’âne, à utiliser tous les moyens possibles pour mieux questionner et comprendre l’air du temps en mettant à profit les hésitations, les certitudes et les doutes des hommes pour que le spectacle soit réjouissant. J’ai toujours adoré cette liberté formelle jubilatoire qui titille nos sens et nos esprits."
Et la fête continue sort au cinéma ce mercredi.