En 1981, dans le Connecticut, aux États-Unis, Arne Cheyenne Johnson, 18 ans, assassine à coups couteau son bailleur, Alan Bono, 40 ans. À première vue, il s’agit là d’un règlement de compte comme il en existe beaucoup. Mais Arne Cheyenne Johnson prétend avoir été possédé par le diable. Sa version ne change pas d’un iota et ce, jusqu’au tribunal où il devient le premier accusé à plaider la possession démoniaque pour sa ligne de défense.
Si cette histoire vous semble familière, c’est normal. L’affaire n’est pas si connue en France, mais elle a récemment fait l’objet d’une adaptation au cinéma, dans le troisième volet de la saga Conjuring, sorti en 2020. Le documentaire Le Diable pour alibi recueille le témoignage des premiers concernés et plonge davantage dans ce récit paranormal qui cache bien plus de secrets qu’on ne pourrait l’imaginer.
En matière de true crimes et autres documentaires un peu glauques, la plateforme Netflix est championne. Ce nouveau film est très bien produit, mélangeant à la fois des images d’archives et des interviews exclusives. Formellement, tout y est. L’atout choc ? Des enregistrements audio exclusives du jeune David Glatzel, 11 ans, possédé par le diable - c’est à cet instant que l’esprit aurait pris possession du corps d’Arne Cheyenne Johnson.
Le problème, c’est le fond. Le Diable pour alibi aligne les différents récits de la famille Glatzel et celui d’Arne Cheyenne Johnson sans aucune contradiction. Comme si le téléspectateur ou la téléspectatrice devait croire sur parole à cette histoire. Le fameux enregistrement audio est assez impressionnant, mais rien ne prouve son authenticité.
C’est seulement dans ses dix dernières minutes que le documentaire devient réellement intéressant car il soulève de vrais sujets. Le premier étant l’implication du célèbre couple Ed et Lorraine Warren - les héros des films hollywoodiens. L’un des enfants Glatzel affirme que ses parents ont été arnaqués par les “experts”. Ces derniers auraient profité de la médiatisation de l’affaire pour gagner de l’argent sur leur dos. Sans blague.
L’autre révélation majeure porte sur la mère de la famille. L’un des enfants explique qu’elle cachait du Sominex - somnifères - dans la nourriture. Cette prise de médicaments a de lourdes conséquences sur la santé, comme la prise de poids et des hallucinations. Ainsi, les récits des possessions démoniaques prennent une toute autre dimension.
À la fin du documentaire, on a le sentiment d’être passé à côté de l’essentiel. Si le récit paranormal est plus vendeur, la possible implication de la mère dans ce drame et la manipulation du couple Warren sont les éléments qui méritaient une attention toute particulière. On ressort du Diable pour alibi frustré, désireux d'en savoir plus sur le côté sombre de cette famille (presque) normale.
Le Diable pour alibi est disponible sur Netflix.