Les semaines d’information sur la santé mentale (SISM), du 9 au 22 octobre, sont l’occasion de sensibiliser aux enjeux et risques liés à celle-ci. Car la santé mentale est bien l’affaire de tous, dans le cadre privé comme au travail. Et qui de mieux placés pour en parler que des hommes et femmes réputés “indestructibles” ?
Cinq sportifs, cinq parcours, une même réussite
Devant la caméra de Bertrand Briard et Emmanuel Le Ber (Les Bleus 2018, au cœur de l’épopée russe), cinq athlètes de très haut niveau se succèdent. Dans une ambiance intime et feutrée, ils commencent par décrire leur parcours hors normes.
C’est qu’à eux cinq, Camille Lacourt, Perrine Laffont, Jérémy Florès, Valentin Porte et Ysaora Thibus ont amassé près de quinze titres de “champion du monde”, mais aussi deux médailles d’or et une d’argent aux Jeux Olympiques. Des physiques de titan, le sourire aux lèvres, ils paraissent sûrs d’eux, comme absolument intouchables.
Devenus de véritables références dans leur domaine respectifs, ils reconnaissent pour la plupart avoir atteint leurs objectifs, leur “rêve d’enfant”. Pourtant, le ton de leur témoignage se teinte bien vite d’une nervosité palpable.
Aussi forts que fragiles
En effet, leur parcours n’a pas été de tout repos. Outre la dureté d’un entraînement des plus rudes, imposé au corps quotidiennement, leur esprit a aussi souffert d’une pression constante. Une charge imposée sur eux par les autres, mais aussi par eux-mêmes pour devenir les meilleurs.
Cet objectif, extrêmement ambitieux, les pousse en effet à se remettre constamment en question. En cas de défaite, c’est “tout un monde qui s’écroule”, explique le narrateur du documentaire Ben Mazué de sa voix musicale. Une peur de l’échec si grande qu’elle devient, pour ces gens à l’image de “surhommes”, une véritable obsession. “Il n’y a plus de plaisir, il n’y a plus d’envie, il n’y a plus d’énergie, il n’y a plus de motivation”, explique la skieuse Perrine Laffont.
Une perte d’émotions brutale, grave et dangereuse, que le psychiatre Stéphane Mouchabac reconnaît aussitôt comme un symptôme de la dépression. Car malgré leur carrure et la rudesse de leurs entraînements, les athlètes n’en restent pas moins des êtres humains sensibles. “Une personne sur quatre va faire une dépression dans sa vie, explique le docteur Mouchabac dans STRoNG. C’est difficile de parler d’une maladie invisible, qui peut toucher tout le monde. On a l’impression que ne pas en parler éloigne le mal, mais c’est une illusion.”
Une prise de parole loin d’être évidente, surtout que les personnalités publiques se voient souvent taxées de vivre une vie de rêve, toute entière vouée à leur passion. Mais si la confrontation à l’échec, à la défaite les effraie, la victoire sportive ne fait que retarder l’angoisse inévitable : une fois sa retraite prise, souvent jeune, que reste-t-il du sportif ?
“Qui suis-je ? s’interroge Camille Lacourt. Aujourd’hui, je suis un ancien sportif de haut niveau, mais je suis qui, au présent ? C’est effrayant, parce qu’on ne sait pas.” Un questionnement incessant qui les a poussés à tomber, pour la plupart, en dépression, voire à avoir des pensées morbides comme le raconte Jérémy Florès.
Si vous êtes en souffrance ou voulez aider quelqu’un, vous pouvez contacter le 3114, numéro national de prévention du suicide, 24h/24 et 7j/7, ou consulter la page 3114.fr
La dépression, chacun d’entre eux pense avoir réussi à en sortir en étant à l’écoute de soi, en parlant de sa fatigue, de sa perte d’envie. Entourés de proches, de professionnels, ils sont parvenus à renouer avec les origines de leur passion et font du spectateur le témoin de leur convalescence.
STRoNG : aussi forts que fragiles, un documentaire bouleversant et instructif sur la santé mentale, est à découvrir sur Prime Video.