Que raconte Les Feuilles mortes ?
Elle (Alma Pöysti) travaille dans une grande surface, étiquette les produits en rayons, se nourrit de plats tout prêts périmés dans son minuscule appartement délabré.
Lui (Jussi Vatanen) est alcoolique, va de chantier en chantier et suit parfois ses collègues dans des karaokés, le vendredi soir. Alors que la guerre se profile aux portes de leur pays, la rencontre inattendue de ces deux anonymes pourra-t-elle les sauver de la solitude qui les ronge ?
Une ode à l’amour dans un monde en guerre…
Alors qu'ils se sentent seuls face au monde qui les entoure, ces deux anonymes entrevoient une lueur d’espoir au moment de leur rencontre : un véritable coup de foudre.
À leur cynisme habituel se substitue alors une douceur bienvenue, source de légèreté et d’optimisme, qui décontenance les personnages dans un premier temps. Habitués à la solitude de leur existence, les deux moitiés de cet étrange couple ne savent comment accueillir l’amour naissant, provoquant quiproquos et maladresses qui ne manqueront pas d’amuser, de toucher et d’impliquer les spectateurs dans leur relation nouvelle.
Cette tendresse pourrait pourtant surprendre les aficionados d’Aki Kaurismäki. Connu pour la violence de ses premiers films, tels que Crime et Châtiment et J’ai engagé un tueur, le réalisateur a progressivement changé de cap pour interroger la fureur d’un monde moderne qui l’effraie. “Même si j’ai acquis aujourd’hui une notoriété douteuse grâce à des films plutôt violents et inutiles, plaisante-t-il, mon angoisse face à des guerres vaines et criminelles m’a enfin conduit à écrire une histoire sur ce qui pourrait offrir un avenir à l’humanité : le désir d’amour, la solidarité, le respect et l’espoir en l’autre, en la nature [...].”
… inspirée par les grands classiques du 7e art
Après des films tels que L’Homme sans passé et Le Havre, qui lui valurent respectivement un Grand Prix du Festival de Cannes et trois nominations aux César, Aki Kaurismäki a donc décidé de s’accrocher plus que jamais aux thématiques qui lui sont chères : l’amour, le respect, l’espoir… Une évolution notamment inspirée des plus grands classiques du 7e art, que le réalisateur cite avec respect et honnêteté dans Les Feuilles mortes.
Lors de leur première rencontre, les deux personnages décident d’assister à une projection de The Dead don’t die (Jim Jarmusch) au cinéma local. Le couple apprécie le film, dont Kaurismäki semble s’être inspiré du laconisme et de l’ironie tragique, et se retrouve à la sortie du cinéma où plusieurs affiches sont accrochées.
De Bresson (Journal d’un curé de campagne) à Godard (Pierrot le fou), les références y sont nombreuses, notamment aux classiques français. Ceux-ci sont d’ailleurs cités par les personnages autant que par le réalisateur, dont l’écriture minimaliste s’attarde sur chaque mot pour y faire naître l’amour. Le plan final rappellera, quant à lui, aux adorateurs de Charlie Chaplin ce qui les séduit chez le réalisateur de légende.
De ces grandes inspirations, Aki Kaurismäki tire la force romantique et l’espoir profond pour réaliser un grand film d’amour, aussi touchant que cinéphile : Les Feuilles mortes, à découvrir dès le 20 septembre au cinéma !