Jackie Kennedy, Pablo Neruda, Lady Diana... Le réalisateur Pablo Larraín a fait du biopic sa spécialité avec toujours, comme ligne directrice, un style unique qui transforme chaque film en expérience sensorielle.
Avec Le Comte - lauréat du meilleur scénario à la Mostra de Venise -, le cinéaste s’intéresse au dictateur Augusto Pinochet, président de la république du Chili entre 1974 et 1990. Dans d’autres mains, ce projet pourrait ressembler à n’importe quel biopic historique. Ici, Pablo Larraín métamorphose l’homme d’État... en vampire.
Jamais le général Pinochet n’avait fait l’objet d’une œuvre de fiction auparavant, alors pourquoi maintenant et pourquoi en faire une créature fantastique ? Tout d’abord, l’année 2023 marque les cinquante ans du coup d’État perpétué par le général le 11 septembre 1973.
Quant au vampire, il est bien sûr question d’une métaphore. Pour Pablo Larraín, le seul moyen de représenter Pinochet était de le transformer en monstre assoiffé de sang et ce, de façon littérale.
“Pinochet est mort en toute liberté et dans l’impunité la plus vile et la plus absurde, explique le réalisateur dans les colonnes du Hollywood Reporter. Cette même impunité l’a rendu éternel d’une certaine manière. Nous nous sentons toujours brisés par sa silhouette car il n’est pas vraiment mort dans notre culture.” De fait, la figure du vampire s’imposait comme une évidence.
Entièrement en noir et blanc, Le Comte est un film sombre qui renvoie directement à l’expressionisme allemand. On pense bien sûr au Vampyr de Carl Theodor Dreyer mais aussi à Nosferatu de Friedrich Wilhelm Murnau. Néanmoins, fait surprenant, Le Comte est aussi un film avec beaucoup d’humour qui n’hésite pas à ridiculiser l’homme politique.
Pour ce ton des plus absurdes, le cinéaste révèle s’être inspiré de deux films de Stanley Kubrick, Docteur Folamour et Barry Lyndon. Il précise : “L’une des choses les plus brillantes qu’arrive à faire Stanley Kubrick dans Docteur Folamour c’est de permettre à la satire et à la farce de s’intéresser à ces personnages sans créer de l’empathie.”
De l’empathie, Le Comte n’en contient aucune pour son personnage principal que le réalisateur filme comme un fantôme qui continue de hanter l’esprit de son pays.
Le Comte est disponible sur Netflix.