Tout au long de sa carrière, François Ozon a su faire entrer le trouble, l’ambiguïté et la subversion dans des mondes bourgeois pour mieux déconstruire - ou détruire - leurs codes.
En 25 ans, il réalise 22 films - un 23e est actuellement en préparation. Un rythme effrené pour un cinéaste qui n’est jamais à court d’idées, oscillant ainsi entre les succès populaires - c’est le cas, plus récemment, de Mon Crime - et les films plus confidentiels.
La plateforme Netflix met le réalisateur à l’honneur en proposant cinq de ses longs métrages. Cinq œuvres différentes, destinées à toutes les sensibilités et qui abordent, chacune à leur manière, des sujets passionnants et parfois tabous.
Il y a, pour commencer, Dans la maison, un thriller sorti en 2012 avec Fabrice Luchini et Denis Ménochet. Ce film suit l’histoire d’un élève de 16 ans qui s’immisce dans la vie de famille d’un camarade de classe pour mieux trouver de l’inspiration dans ses rédactions.
Joli succès à sa sortie - plus d’un million d’entrées -, Dans la maison met en lumière un jeune personnage dont la perversité évoque des figures présentes dans les classiques d’Alfred Hitchcock ou de Brian de Palma.
L’année suivante, en 2013, François Ozon signe l’un de ses films les plus sulfureux : Jeune & Jolie. Il raconte le destin d’une lycéenne de 17 ans qui se prostitue pour des hommes plus âgés. La prostitution étudiante est un vrai sujet, mais ici le réalisateur change la donne car son héroïne ne propose pas son corps pour des besoins financiers.
En résulte un drame trouble porté par Marine Vacth, actrice révélée grâce à ce rôle qui hypnotise les spectateurs de par sa seule présence à l’écran.
Changement de style radical avec Frantz, un drame historique sorti en 2016. Frantz c’est le nom de ce soldat mort sur le front pendant la Première Guerre mondiale. Sa fiancée se rend tous les jours sur sa tombe et croise un jour le chemin d’un homme mystérieux, nommé Adrien.
Ce film, qui s’intéresse aux secrets et aux mensonges dans un contexte difficile, permet à Pierre Niney de montrer un nouveau visage, plus sombre. Frantz est un drame en noir et blanc, comme s’il s’inscrivait dans une grande tradition de drames sortis dans les années 40.
Coup d’éclat en 2019 avec Grâce à Dieu. Ce long métrage permet à François Ozon de s’attaquer à un sujet controversé : le silence de l’Église face aux agressions sexuelles commises sur des enfants. Pour cela, le réalisateur suit le parcours de trois survivants, trois hommes, qui vont se battre pour faire entendre leurs voix.
Tourné en secret à Lyon pour éviter toute intimidation, Grâce à Dieu est un film puissant qui ouvre le débat sur un thème encore tabou. Il permet à trois acteurs - Swann Arlaud, Denis Ménochet et Melvil Poupaud - de briller par leurs interprétations délicates et traversées par une réelle émotion. Chef-d'œuvre.
Enfin, Été 85, sorti durant l’été 2020, raconte la romance passionnelle entre deux adolescents pendant les années quatre-vingt. François Ozon propose cette fois un film destiné à un public plus jeune, abordant des sujets comme l’homosexualité, la culpabilité et le deuil.
On pense forcément à Call Me by Your Name, sorti deux ans plus tôt, mais aussi au cinéma d’Éric Rohmer. De nouveau, François Ozon révèle ici deux jeunes acteurs : Benjamin Voisin et Félix Lefebvre.