“Je suis votre plus fervente admiratrice.” Avec Misery, les fans obsessionnels en prennent un sacré coup. Adapté du roman éponyme de Stephen King publié en 1987, ce film de Rob Reiner a provoqué des sueurs froides chez toute une génération de spectateurs.
Tout d’abord pour son actrice principale : Kathy Bates, épatante en vieille fille un peu trop intense. Grâce à son interprétation, elle décroche l'Oscar de la meilleure actrice en 1991. Elle donne la réplique à James Caan, tout aussi convaincant dans la peau du pauvre écrivain malmené.
Il y a aussi et surtout cette scène, ou plutôt LA scène. Emblématique, marquante et douloureuse rien que d’y penser.
Avant de s’étendre sur ce moment clé, de quoi parle Misery ? L’histoire s’ouvre sur l’accident de Paul Sheldon, grand romancier à succès et créateur de la série de livres Misery. Pris dans une tempête de neige, il perd le contrôle de sa voiture et finit salement amoché.
Annie Wilkes, une inconnue, lui vient en aide. La “sauveuse” ne pouvait pas mieux tomber : elle adore Paul Sheldon, peut-être un peu trop. Pour l’écrivain commence alors une période de convalescence qui vire au cauchemar.
Misery est un film aussi drôle que terrifiant. Il ne ménage pas son personnage masculin, au point de lui réserver une séquence des plus tordues. Déterminée à garder son idole en otage, Annie Wilkes décide d’y aller franco et lui brise les chevilles à coup de marteau de forgeron. Simple et efficace. Si efficace que même le spectateur ne peut s’empêcher de détourner le regard.
Cette scène, devenue emblématique pour le film, a été un vrai casse-tête pour les scénaristes et les producteurs. Dans le roman de Stephen King, elle va encore plus loin. Annie Wilkes ampute le pied de l’écrivain à la hache et cautérise le tout au chalumeau. C’est ce passage qui a convaincu le scénariste William Goldman d’adapter l’ouvrage.
Problème : personne ne veut tourner la séquence. Le réalisateur George Roy Hill (Butch Cassidy et le Kid) quitte le projet pour cette raison. L’actrice Bette Middler refuse le rôle d’Annie Wilkes parce qu’elle “ne veut pas couper le pied de quelqu’un”.
Warren Beatty, contacté pour le rôle de Paul, fait également part de ses inquiétudes. Plus tard, Harrison Ford, Dustin Hoffman, Michael Douglas, Robert De Niro ou encore Al Pacino rejettent l’offre, peu convaincus à l’idée de jouer la victime d’une bourreau.
Sans l’accord de William Goldman, Rob Reiner - qui remplace George Roy Hill à la réalisation - modifie le scénario avec le producteur Andrew Scheinman. Le pied amputé est remplacé par deux chevilles brisées. William Goldman est furieux, mais le cinéaste justifie son choix, expliquant que “Paul Sheldon devait sortir victorieux de sa rencontre avec Annie Wilkes”.
Malgré ce changement, la scène n’en reste pas moins saisissante. Surtout, Stephen King lui-même considère le film comme l’une des meilleures adaptations de son travail. Une belle récompense.
Misery est disponible sur Prime Video.