Invité de BFM Business, Richard Patry, le Président de la Fédération Nationale des Cinémas français, a évoqué la hausse de fréquentation des salles et la grève de la SAG-AFTRA qui secoue actuellement Hollywood.
Interrogé sur les bons résultats du premier semestre de 2023, grâce notamment à Astérix : L'Empire du Milieu, Super Mario Bros, le film, Les Trois Mousquetaires : D'Artagnan et Alibi.com 2, le président de la FNCF a déclaré :
"On a passé symboliquement la barre des 100 millions de spectateurs depuis le début de l’année. Pour nous, le chiffre des 200 millions de spectateurs est dans le viseur. On a une programmation très diversifiée avec des films américains qui cartonnent, des très bons films français, une palme française au festival de Cannes".
Au mois de mai dernier, le CNC rapportait que la fréquentation cinématographique du mois d'avril 2023 avait augmenté de 37,8% par rapport à avril 2022 et avait un niveau supérieur de 2,7 % à la moyenne 2017-2019. C’est la première fois depuis la réouverture des cinémas le 19 mai 2021, que la fréquentation des salles affichait des résultats plus élevés qu’avant la crise sanitaire.
Ainsi en France, Super Mario Bros totalise 7,17 millions d'entrées, le Astérix de Guillaume Canet a été vu en salles par 4,61 millions de spectateurs, la comédie de Philippe Lacheau Alibi.com 2 enregistre 4,27 millions d'entrées et Les Trois Mousquetaires : D'Artagnan, dont le 2eme volet sort en salles le 13 décembre prochain, a fait venir 3,33 millions de spectateurs.
Des résultats encourageants et qui devraient se poursuivre avec la sortie mercredi dernier de Barbie de Greta Gerwig qui totalise déjà 319 228 pour son 1er jour France et Oppenheimer de Christopher Nolan, vu par 229 587 spectateurs français lors de son premier jour d'exploitation.
Une grève qui inquiète beaucoup
Le Président de la FNCF a ensuite évoqué la grève des acteurs et scénaristes qui se déroule actuellement aux États-Unis. Cette double grève historique "inquiète beaucoup" le secteur selon lui, "car elle risque de durer même si elle ne concerne que les films américains."
Faute d'acteurs pour faire la promotion de leurs films, les studios pourraient en effet repousser les blockbusters de fin d'année, tels que Dune 2 et Aquaman 2, levier de fréquentation non négligeable, à 2024.
Richard Patry déclare ensuite : "Je pense qu’il va aussi y avoir de la concertation dans notre pays mais pour l’instant, il n’y a pas d’actions aussi fortes annoncées en France".
Pour rappel, la SAG-AFTRA (Screen Actors Guild ‐ American Federation of Television and Radio Artists), a rejoint le 13 juillet dernier le mouvement lancé il y a deux mois et demi par la WGA (Writers Guild of America).
Les deux syndicats ont les mêmes revendications, à savoir une revalorisation des droits et des conditions de travail, une augmentation des salaires minimums et un encadrement de l'utilisation des IA (les studios américains ont en effet proposés aux acteurs de scanner leurs visages en ne les payant qu'une seule journée pour pouvoir ensuite utiliser leur image).
Le sujet de l'intelligence artificielle et son utilisation inquiète en effet tous les secteurs de l'audiovisuel : de l'écriture au doublage en passant par le tournage et la mise en scène, et ce peu importe le pays.
Les artistes français soutiennent la grève de la SAG-AFTRA
Les artistes de l’Adami, la Société civile pour l'administration des droits des artistes et musiciens interprètes français, a d'ailleurs envoyé un communiqué de presse dans lequel ils expriment leur entière solidarité aux 160 000 actrices et acteurs en grève aux Etats-Unis.
"Ce combat, inédit depuis les années 60, est aussi celui des artistes français. La question du partage de la valeur dans le streaming reste au cœur des inquiétudes et des incompréhensions des actrices et des acteurs.
Alors que le secteur de la production et de la diffusion capte une richesse sans précédent, la question de la rémunération des artistes-interprètes du cinéma et de l’audiovisuel reste aujourd’hui toujours non résolue.
Parallèlement, l’intelligence artificielle commence à s’imposer et nous oblige à relever des défis d’une portée que nous n’avons jamais connue. D’ores et déjà, le doublage, un métier qui rémunère des milliers d’artistes, est en péril à très court terme. Mais au-delà, c’est le métier même de comédiens et comédiennes à l’écran qui pourrait être remis en cause.
Le développement exponentiel de l’IA mérite que ce sujet soit traité avec la plus grande célérité. Nous demandons à Rima Abdul Malak, confirmée dans ses fonctions de ministre de la Culture, de réunir les représentants des artistes pour discuter des actions à mettre en œuvre."
L'Adami interpelle ainsi la Ministre de la Culture afin que cette dernière organise des réflexions autour de l'IA et ses dérives.