"Nous savions que le test nucléaire Trinity devait être un moment clé du film", nous dit Christopher Nolan dans l'interview ci-dessus, réalisée autour d'Oppenheimer, son nouveau long métrage. "Ça devait être un des moments les plus importants, car c'est le point charnière de tout l'histoire."
C'est même le pivot du récit mené par le réalisateur anglais, qui bascule ensuite dans une dernière heure intense et trépidante. Souvent mise en avant lors de la promotion, la scène de l'essai nucléaire est assurément l'un des moments forts d'Oppenheimer, mélange de poésie et de terreur, qui suspend le temps avant de souffler le spectateur comme les personnages à l'écran.
Mais comment a-t-elle été réalisée ? Si l'option des images de synthèse s'impose d'emblée, c'est mal connaître Christopher Nolan, devenu célèbre, entre autres, pour sa volonté de limiter au maximum les trucages numériques. Ce qu'il nous confirme ici : "J'ai demandé à mes équipes d'effets spéciaux de chercher des méthodes qui nous permettraient de filmer quelque chose de réel, de tangible."
Tel l'un des deux magiciens du Prestige, le scénariste et metteur en scène ne nous dévoilera pas ses tours. Mais des informations glanées dans d'autres médias permettent d'assembler les trucs utilisés par celui qui avoue que les images de synthèse réduisent la sensation de danger et mettent le spectateur dans un confort, ce qui n'était pas le but recherché avec Oppenheimer.
Dans une interview donnée à Total Film, le superviseur des effets spéciaux Scott R. Fisher (oscarisé pour Tenet et Interstellar) précise avoir eu recours à la technique de la perspective forcée, qui permet de simuler des différences de taille entre des objets ou des personnages intervenant dans une même scène. Comme dans Harry Potter ou Le Seigneur des Anneaux.
Expériences à grande échelle et petits détails
À ceci près qu'il n'a pas employé des miniatures mais des maquettes aussi grandes que possible, tout en restant dans des proportions raisonnables : plus ces éléments étaient proches de la caméra, plus ils paraissaient grands et favorisaient l'impact recherché par Christopher Nolan et ses équipes. Mais ce n'était que l'une des parties du challenge. La plus facile même.
Car il a ensuite fallu reproduire l'explosion elle-même, sans aller jusqu'à utiliser une vraie arme nucléaire. Et celle-ci a été réalisée avec un mélange d'essence et de propane, dont l'association permet un aspect pyrotechnique massif, associés à de la poudre d'aluminium et du magnésium, afin de faire naître ce flash aveuglant typique d'un engin de la sorte.
Un mélange d'expériences à grande échelle et de petits détails, selon Christopher Nolan lui-même, destiné à laisser une impression durable chez le spectateur tout en lui donnant l'impression de vivre ce qu'Oppenheimer et son entourage avaient vécu pendant le test Trinity. En allant jusqu'à reproduire le fameux champignon typique d'une bombe nucléaire.
Dans une interview donnée à Empire, le réalisateur révèle que ses équipes ont photographié une explosion de TNT sous toutes ses facettes pour faire du compositing (fusion de sources d’images en un plan unique) et ajouter des couches à la déflagration créée pour les besoins du film. Qui a donc usé de diverses techniques pour reproduire ce moment clé de l'histoire d'Oppenheimer. Et du monde.