De quoi ça parle ?
Anatomie d'une chute mêle drame, enquête et film de procès. On suit Sandra, Samuel et leur fils malvoyant de 11 ans, Daniel, vivant loin de tout, à la montagne. Un jour, Samuel est retrouvé mort au pied de leur maison. Une enquête pour mort suspecte est ouverte. Sandra est bientôt inculpée malgré le doute : suicide ou homicide ? Un an plus tard, Daniel assiste au procès de sa mère, véritable dissection du couple...
Ce qu'il faut savoir
C'est le 4ème long métrage de la réalisatrice française Justine Triet, après La Bataille de Solférino (2013), Victoria (2016) et Sibyl (2019). Ce dernier avait déjà été retenu en compétition à Cannes, mais était reparti bredouille du palmarès.
Après Victoria et Sibyl, tous deux emmenés par Virginie Efira, Justine Triet a choisi pour actrice principale Sandra Hüller, très remarquée à Cannes, dans le film Toni Erdmann en 2016. Sandra Hüller a d'ailleurs la particularité d'être dans deux films primés cette année, Anatomie d'une chute donc, et The Zone of Interest de Jonathan Glazer, Grand Prix.
Au casting, on retrouve également Swann Arlaud, le jeune Milo Machado Graner, Antoine Reinartz, Samuel Theis, et Jehnny Beth.
Le scénario est co-écrit par Justine Triet et Arthur Harari. Le film est co-produit par Les Films de Pierre (Marie-Ange Luciani, déjà productrice de 120 battements par minute), et Les Films Pelléas (David Thion et Philippe Martin).
Anatomie d'une chute est la 10ème palme d'or française. Par ailleurs, c'est la première fois qu'un même film obtient Palme d'or et Palme dog !
Bestimage
Pourquoi le film séduit ?
C'est un film d'une densité et d'une complexité passionnante. Anatomie d'une chute repose sur un scénario très riche, mélangeant les genres, et qui ne va jamais là où on l'attend. Il est à la fois le drame d'un couple dont le long métrage raconte la chute, mais aussi et surtout un thriller et un film de procès. Pour l'anecdote, Justine Triet pensait initialement peut être en faire une série, et ses producteurs l'ont encouragé à en faire un film.
Il comprend des scènes marquantes et de vraies idées de cinéma, en particulier dans son rapport au son. Après le film, vous ne pourrez plus jamais écouter P.I.M.P. de Dr Dre de la même façon ! Une séquence sonore pendant le procès est aussi un point de bascule saisissant.
Avec cette trame sur fond de drame conjugal, Anatomie d'une chute résonne aussi fortement avec une actualité judiciaire récente. On pense à certains moments au procès Heard - Depp, procès qui se tenait d'ailleurs alors que Justine Triet tournait son film.
Des premiers retours enthousiastes sur le film
Comme nous le relayions au lendemain de la projection officielle du film en compétition à Cannes, les premiers retours critiques étaient tous très enthousiastes.
Découvrez une sélection de tweets avec les premiers avis spectateurs et critiques :
Un discours engagé lors de la cérémonie...
Lors de la cérémonie de clotûre du Festival de Cannes qui se tenait ce soir, la réalisatrice Justine Triet a pris le micro pour parler de l'actualité sociale en France.
Justine Triet a indiqué qu'elle ne pouvait pas "se contenter d'évoquer [sa] joie". "Cette année, le pays a été traversé par une contestation historique, extrêmement puissante, unanime de la réforme des retraites. Cette contestation a été niée, et réprimée de façon choquante. Et ce schéma de pouvoir dominateur de plus en plus décomplexé éclate dans plusieurs domaines : socialement, mais aussi dans toutes les autres sphères de la société, et le cinéma n'y échappe pas."
Et d'ajouter : "La marchandisation de la culture que le gouvernement néo-libéral défend est en train de casser l'exception culturelle française. Ce prix, je le dédie à toutes les jeunes réalisatrices, à tous les jeunes réalisateurs, et même à ceux qui aujourd'hui n'arrivent pas à tourner."
Un discours politique qui n'a pas plu à la Ministre de la culture.
La suite de son discours était adressé aux cinéastes en devenir. "Ce prix, je le dédie à toutes les jeunes réalisatrices et à tous les jeunes réalisateurs, et même à ceux qui aujourd’hui n’arrivent pas à tourner. On se doit de leur faire de la place. Cette place que j’ai prise il y a quinze ans dans un monde un peu moins hostile [où il était] encore possible de se tromper et de recommencer."
... et déjà lors de la montée des marches du film
Lors de la montée des marches, Swann Arlaud et Justine Triet portaient sur leur veste un badge "Sous les écrans la dèche", en écho à une tribune sur les travailleurs précaires, publiée récemment dans Libération. On peut y lire en préambule : "Les travailleurs de ces grandes manifestations culturelles enchaînent les contrats sans aucune sécurité de l’emploi. Pourtant, sans eux, et sans les nombreux stagiaires et bénévoles, l’existence même des festivals de cinéma serait menacée. Il est urgent de trouver un nouveau modèle, selon ces professionnels."
Anatomie d'une chute de Justine Triet sort le 23 août 2023.
