Un Roméo et Juliette entre le feu et l’eau ? C’est ce que laissait entrevoir la bande-annonce et la promotion de Elémentaire, 27e long métrage Pixar et premier film original du studio à retrouver le chemin des salles obscures depuis En avant (Soul, Luca et Alerte Rouge étaient sortis directement sur Disney+). Le film de Peter Sohn, dévoilé en clôture du 76e Festival de Cannes ce samedi 27 mai, est finalement bien plus complexe, riche et personnel.
Mes parents ne sont plus parmi nous, et le but avec ce film est de les honorer, et plus largement d’honorer tous nos parents
A travers l’histoire de Flam Lumen, dont les parents ont émigré à Element City pour lui offrir un meilleur avenir, le cinéaste, révélé par le (génial) court métrage Passages Nuageux puis l’aventure préhistorique Le Voyage d'Arlo, revisite son propre parcours d’enfant d’immigrés coréen à New York.
"Tout part d’un point de départ très personnel. Après mon précédent film, je suis allé à New York pour participer à une cérémonie pour remercier mes parents. Je suis monté sur scène, je les ai vus dans la salle et j’ai éclaté en sanglots… Je les ai remerciés pour tous les sacrifices qu’ils avaient fait pour mon frère et moi. Et je me souviens que quelqu’un dans la salle a crié quelque chose comme ‘Oui, tu peux les remercier !’."
"Quand je suis rentré chez Pixar, j’ai raconté cette histoire, et on m’a répondu : ‘C’est ton prochain film’. Et c’est là que j’ai commencé à réfléchir à cette idée d’éléments, du feu qui rencontre l’eau. Là aussi tiré de mon expérience personne dans la mesure où j’ai épousé une Italo-américaine, ce qui a généré beaucoup de tensions dans ma famille."
Peter Sohn injecte ainsi dans Elémentaire ce qu’il a lui-même vécu : le choc des cultures, l’acceptation des différences, la transmission, le difficile choix entre attentes familiales et ambitions personnelles, les relations parents-enfants… et l’amour à travers la rencontre entre la jeune Flamboyante et Flack Delamare, un Aquatique plein de compassion débordant (littéralement) de larmes. Les opposés s’attirent comme dit le vieil adage.
L’animation des personnages repousse une nouvelle fois les limites, faisant du long métrage la production Pixar la plus ambitieuse à ce jour : si générer le feu et l’eau relève désormais de la "routine" dans le domaine de l’animation, en faire des éléments centraux – et des personnages aussi réalistes qu’inédits – représentait un défi immense.
"Non seulement parce que les personnages sont très différents, mais aussi parce qu'ils sont constamment en mouvement", explique la productrice Denise Ream. "C'était donc un énorme défi. Et s’ils doivent évoquer le feu et l'eau, ils doivent aussi proposer de vraies émotions. Cela a donc demandé de très nombreux mois de travail, et je ne savais pas si nous pouvions y parvenir jusqu'à la fin de l'année dernière ! J'étais vraiment nerveuse. C'était difficile ".
Ce travail, étalé sur sept années intenses de recherches, a été salué hier à Cannes, avant la sortie du film le 21 juin dans les salles françaises. "Elémentaire portera cette Palme au générique pour toujours", ajoute t-elle. "Nous adorons le cinéma, et ce film a été fait pour le grand écran donc pouvoir le montrer ici… Mon grand-père travaillait dans le cinéma, et il aurait été tellement heureux de voir sa petite-fille au Festival de Cannes." Une histoire de famille, là encore.