Après un lancement couronné de succès la semaine dernière, devant plus de 4,3 millions de téléspectateurs, la saison 4 de Tropiques criminels se poursuit ce vendredi 26 mai à partir de 21h10 sur France 2 avec la diffusion, cette fois-ci, d'un seul épisode inédit qui promet de chambouler le quotidien de Gaëlle Crivelli, incarnée par Béatrice de la Boulaye.
En effet, alors qu'elle enquête avec Sainte-Rose (Sonia Rolland) sur la mort d'une jeune étudiante, Crivelli voit débarquer dans sa vie Thaïs, une petite voleuse de 15 ans qu'elle ne va pas tarder à prendre sous son aile. Pour le meilleur et pour le pire ?
En plein tournage de la saison 5 de Tropiques criminels en Martinique, Béatrice de la Boulaye s'est confiée à notre micro sur cette quatrième saison très réussie, sur la relation qui va se nouer entre son personnage et Thaïs, et sur la manière dont le duo qu'elle forme avec Sonia Rolland gagne en profondeur année après année grâce au talent des scénaristes.
AlloCiné : Dans quel état d’esprit est Gaëlle Crivelli au début de cette quatrième saison de Tropiques criminels, après la fin de son histoire avec Franck ?
Béatrice de la Boulaye : Elle repart un peu à zéro. Ce qui est compliqué pour Crivelli c’est qu’elle ne sait pas très bien ce qu’elle cherche. Avec Franck (Arié Elmaleh) il y avait une complicité assez évidente, et en même temps on pouvait se dire qu’il y avait quelque chose d’un peu familial dans cette relation. Qu’avec Sainte-Rose elles allaient peut-être partager une vie de famille. Et finalement tout s’effondre une fois de plus.
Mais ce qui est assez marrant c’est que, ce qu’il en reste, c’est presque le côté familial avec Sainte-Rose. Ça les a quand même rapprochées. Et du coup l’état d’esprit de Crivelli dans cette saison 4 est un peu axé sur la famille. Parce qu’il y a cette petite Thaïs qui va débarquer dans sa vie. Finalement, elle est moins sur sa blessure amoureuse. Je pense que Franck a refermé la porte des histoires d’amour. Elle part sur autre chose.
Justement, vous évoquiez l'arrivée de Thaïs. Quel effet va avoir sur Crivelli cette petite voleuse de 15 ans qu’elle prend sous son aile ? Cela va la forcer à faire preuve d’autorité et à apprendre à assumer ses responsabilités ?
Bien sûr. Et surtout ça la confronte à elle-même, car Thaïs est une Crivelli miniature. Donc c’est assez génial de voir comment elle réagit à quelqu’un qui a autant de répondant qu’elle et qui la force à des responsabilités auxquelles elle n’était pas franchement préparée (rires).
Ce n’est pas comme si Crivelli avait réfléchi à avoir un enfant, qu’elle avait eu neuf mois pour prendre conscience de la chose et qu’elle l’avait élevé elle-même. Elle se retrouve directement avec une ado sur les bras, sur laquelle elle n’a aucune prise mais pour qui elle a beaucoup d’affection. Et qui, tout d'un coup, représente tout pour elle. C’est très intéressant l’arrivée de cette Thaïs dans la vie de Crivelli.
Ça s’est tout de suite bien passé avec Tya Deslauriers, la comédienne qui joue Thaïs ?
Oui, ça s’est tout de suite très bien passé. Et la réalité a rattrapé la fiction. Car elle a sa grand-mère en Martinique, donc elle était censée dormir chez elle, mais elle passait sa vie chez moi (rires). Elle a dormi la moitié du temps chez moi. Et je l’ai embarquée avec moi, je l’ai prise sous mon aile tout de suite. On est allé au resto, à la plage. On a tout de suite eu une relation très amicale, presque maternelle. Les gens dans les restaurants pensaient que c’était ma fille (rires).
On imagine que, plus que les enquêtes, ce sont ces intrigues personnelles et familiales, qui approfondissent le personnage de Gaëlle, qui vous plaisent le plus en tant que comédienne ?
Complètement. Pour Sonia comme pour moi, c’est un énorme plaisir. On développe nos personnages comme des mille-feuilles, qui année après année gagnent en épaisseur, en complexité psychologique. La palette d’émotions se développe. Pour nous c’est un vrai bonheur de façonner nos personnages avec plus de finesse.
Il y a beaucoup d’enquêtes très haletantes dans cette quatrième saison, mais ce qui fait que c’est notre saison préférée à tous c’est qu’on s’attache aux personnages parce qu’ils ont des vies de plus en plus concrètes, parce qu’ils nous ressemblent de plus en plus. Les premières années, évidemment, on cherche nos repères. Et puis ensuite, plus on parle avec les auteurs, plus ces personnages nous ressemblent. C’est une chance inouïe.
Même s’il y a toujours ce vouvoiement qu’elles n’arrivent pas à dépasser et même si elles sont très différentes, Melissa et Gaëlle se rapprochent de plus en plus dans cette saison 4…
C’est vrai, on a tous envie qu’elles soient copines. Mais elles n’y arrivent jamais vraiment car leurs différences les rattrapent. Cela dit, il y a quelque chose qui ne rétrograde pas : c’est le respect et l’admiration qu’elles ont l’une pour l’autre. Et puis elles déteignent finalement l’une sur l’autre aussi.
Dans cette saison 4, Sainte-Rose se "crivellise" à fond, notamment dans le premier épisode sur l’infiltration, on va beaucoup plus dans la comédie, le lâcher prise. Sainte-Rose est hyper extravertie et c’est super à voir. Tandis que Crivelli, avec Thaïs, est obligée d’être un peu plus droite, plus autoritaire, plus responsable. Donc elles déteignent vraiment l’une sur l’autre à force de se côtoyer.
D’ailleurs la saison démarre par Crivelli qui dit à Sainte-Rose : "Vous êtes ma plus longue relation". C’est magique (rires). Et comme dans tous les couples, il faut faire des concessions souvent. Mais elles commencent à développer une vraie relation.
Y a-t-il une séquence de cette quatrième saison qui vous reste en mémoire, peut-être parce qu'elle a été plus difficile à tourner que les autres ?
La dernière scène de la saison 4, et ce qui vient juste après en saison 5, ça a été un peu compliqué à tourner. Mais je ne peux pas en dire plus, je ne veux pas spoiler les téléspectateurs.
Vous tournez actuellement la saison 5 de Tropiques criminels à la Martinique. Pouvez-vous dévoiler quelques uns des guests que nous retrouveront à l'antenne l'an prochain ?
On aura Firmine Richard, qu’on attendait depuis tellement longtemps. On est tellement content qu’elle soit là. Jean-Baptiste Shelmerdine aussi, de Nos chers voisins. Et on a d’autres guests qui sont de très belles découvertes. On a un très beau casting en saison 5.
Je pense que la série plaît de plus en plus, au public, mais aussi à la profession, et du coup les acteurs sont motivés pour venir jusqu’à nous. Et ils sont toujours bien reçus. Avec Sonia on est toujours très reconnaissantes des acteurs qui viennent tourner avec nous. On les accueille bien, tout le monde les accueille bien, et c’est super, ça donne du bon boulot.
Un mot sur vos projets en dehors de la série ?
Je charge toujours un peu la mule, j’ai plein de choses qui arrivent. Déjà, les Airnadette vivent leurs derniers mois, car on va débuter une tournée d’adieu à l’automne, avec deux dernières dates au Trianon, les 8 et 9 décembre. On met fin à cette aventure après quinze ans d’existence. Et on prépare un documentaire sur cette fin et sur ces quinze ans, car l’histoire est extraordinaire. C’est beaucoup d’émotion et beaucoup de travail.
J’écris aussi un seul en scène, que je vais roder prochainement, en province et à Paris. Ça s’appellera Héroïnes. Et puis il y a la Comédie Presque Française qui reprend, avec Les Feux de l’amour et du hasard, qui est un détournement de Marivaux, dans laquelle je jouerai pour ma part à partir de début août, une fois le tournage de la saison 5 de Tropiques criminels terminé. Et on a d’autres pièces en tête, car l’idée de la Comédie Presque Française c’est de détourner les classiques. On en a plein les tiroirs et on espère que ce sera une grande aventure.
Et en parallèle de tout ça j'écris aussi des fictions pour la télévision avec Bérengère Krief et François Vincentelli. C'est en développement pour le moment, mais j'espère que ça verra le jour. Donc voilà, mon planning est bien rempli, mais j'adore ça, j'ai besoin de ça.