“This épisode of Black Mirror sucks!” (“Cet épisode de Black Mirror craint !”) : voilà un adage que l’on cite désormais à chaque événement troublant de notre actualité. (Ne) soyez (pas) rassurés, on n’a pas fini de l’utiliser. Avec ses épisodes autonomes, il est difficile de résumer Black Mirror. Mais si la série se réinvente constamment en mettant en scène une nouvelle intrigue, un nouvel univers et de nouveaux personnages dans chacun de ses chapitres, le thème, lui, reste le même. Véritable étude de la relation entre l’humanité et la technologie, Black Mirror mêle nos instincts les plus sombres aux grandes innovations et le résultat donne froid dans le dos. Car si le progrès rime aussi avec danger, c’est surtout nous qui sommes à blâmer et ça Charlie Brooker, le créateur de la série, l’a bien compris.
Pédaler toute la journée pour créer de l’électricité, utiliser les discussions en ligne et profils de réseaux sociaux d’une personne décédée pour la faire revivre, stocker des clones numériques dans un objet pour en faire des assistants personnels ou pour torturer des criminels, évaluer des individus entre eux tout en affectant leur statut socio-économique, condamner son prochain à mort sur les réseaux sociaux, être exécuter par des abeilles tueuses robotisées ou encore utiliser l’ADN pour créer un double dans un jeu immersif : autant de concepts qui sont ici abordés et qui n’ont pas fini de nous traumatiser.
Série d’anthologie et de science-fiction britannique récompensée, inspirée de La Quatrième dimension et approuvée par Stephen King s’il vous plaît, Black Mirror explore le côté obscur du numérique à travers un multivers tordu et particulièrement pessimiste. Son but : nous faire réfléchir sur notre dépendance au progrès qui pourrait vraiment mal tourner.
Mettant en scène toute une ribambelle d’acteurs de renom, le show a fait ses débuts en 2011 sur Channel 4 avant d’être acquis par Netflix en 2015 et de confirmer son excellence à l’international avec des nouveaux épisodes aussi étranges, troublants et malaisants que les précédents et un film interactif innovant, Bandersnatch (2018). Après quatre ans d’absence, soyez prêts, une sixième saison verra le jour en juin prochain.
Et ce fameux “miroir noir” du titre, sachez que c’est celui que vous voyez sur tous vos écrans – télévision, ordinateur, téléphone – qui, une fois éteints, vous renvoient votre propre image, plus sinistre que jamais. Et ils sont partout. Des miroirs prémonitoires ? On ne l’espère pas. Car si l’on est encore à quelques années des lentilles connectées enregistrant tous les moments de notre vie ou des clones humains parfaits, certaines technologies présentées dans le show ont déjà un écho dans notre réalité. Camion de livraison de pizza automatisé, abeilles robotisées, application pour évaluer votre prochain, version numérique d’une personne décédée… : nous sommes au regret de vous annoncer que cela existe déjà – à certains degrés – et que finalement, il n’y a peut être bien qu’un pas entre fiction et réalité. Soyez inquiets.