C'est en 1991 que Christian LeBlanc a rejoint le feuilleton culte Les Feux de l'amour, dans la peau de l'impitoyable avocat Michael Baldwin. Plus de trente ans plus tard, l'acteur figure toujours au générique de la fiction qui célèbre en 2023 ses cinquante ans d'existence !
A cette occasion, AlloCiné a eu l'opportunité de s'entretenir avec le comédien. Avec nous, il a partagé ses souvenirs et commenté l'évolution impressionnante de son personnage...
AlloCiné : Racontez-nous vos débuts dans "Les Feux de l’amour"…
Christian LeBlanc : Mon casting s'est très vite déroulé. On m'a dit que mon personnage serait un méchant, j'ai rencontré nos producteurs et hop, j'ai eu le rôle ! J'ai été surpris car c'est plus long d'habitude. En tout cas, mon premier jour n'était pas sur le tournage. C'était au moment où tout le monde se réunit pour faire la photo de groupe, avec tous les acteurs de la série !
C'est un jour important car cela n'a lieu que tous les 4-5 ans. Tout le monde est là, glamour, en costumes ! J'étais très excité et quand je suis comme ça : je parle. Lauralee Bell [Cricket, ndlr] a dit à l’époque : "Ce garçon parle beaucoup !" (rires) J'ai pensé : "Je suis chez moi, ils me comprennent !" C'était génial et bouleversant à la fois.
Michael était un personnage manipulateur et violent à ses débuts. Ressentiez-vous de l’appréhension par rapport à cela ?
Je n'avais joué que des gentils auparavant... Michael était complexe et c'était un vrai challenge pour moi. C'était un génie en tant qu'avocat et cela devait attirer Christine au départ. Pour établir son statut, j'avais beaucoup de scènes au tribunal pour montrer que Michael était un bon orateur. J'avais des pages de discours à apprendre et j’adorais ça car j'aime les grands textes, comme du Shakespeare !
En revanche, moi, Christian, je n'ai jamais eu une once de violence en moi. Lauralee et moi avions à tourner des scènes difficiles où je la tourmentais et lui faisais du mal… Et elle a été parfaite. Je me souciais toujours de savoir si, en tant que femme, elle était à l'aise. Si cela n'avait pas été le cas, je n'aurais jamais pu aller aussi loin dans mon jeu. C'est un cadeau pour un acteur.
En tout cas, je n'aime pas définir Michael comme bon ou mauvais, il y a des zones grises. Il a fait des mauvaises choses pour de bonnes raisons et inversement. Il est humain en résumé ! Je ne devais pas rester longtemps dans la série à l'origine... et me voilà 30 ans plus tard grâce aux fans.
Aimeriez-vous voir votre personnage redevenir méchant ?
Ca pourrait être intéressant ! L'histoire de mon personnage, avec son enfance dure, rendrait cela possible. Au tribunal, Michael est un pitbull et on peut voir sa part sombre...
Michael et Lauren (Tracey Bregman) sont mariés depuis des années et n’ont jamais divorcé… ce qui est extrêmement rare dans les soap operas ! Pensez-vous qu’ils finiront ensemble ?
Les scénaristes savent qu'ils forment un duo populaire. Je pense que nous sommes le couple marié depuis le plus longtemps ! Ils se sont rencontrés adultes et ils avaient un passé chargé chacun de leur côté. Il y a donc beaucoup d'enjeux pour ce genre de couple.
Ils ont failli divorcer quand elle a eu une liaison. Ils ont bien sûr eu des disputes mais ce n’était pas des altercations de nouveaux couples. Le divorce n'était pas nécessairement la solution après 15 ans de mariage !
Quand Michael a eu un cancer, ils avaient également des discussions d'un couple qui se connaît depuis des années. On ne se confie pas de la même manière à quelqu'un qu'on ne connaît pas autant. C’était très intéressant de montrer comment ils ont surmonté ces crises.
Michael a toujours eu une relation compliquée avec Gloria (Judith Chapman) et Kevin (Greg Rikaart), sa mère et son frère. Où en sont-ils tous aujourd’hui ?
Cette famille reste complexe. Gloria est une personne difficile et Kevin a toujours ses vieux démons en lui. Alors certes, ils vont mieux tous ensemble mais ils sont toujours aussi ceux qu'ils étaient à leurs débuts. Leur passé les définit encore de nos jours.
Il y a quelques années, Michael a eu un cancer mais cette intrigue a été bouclée très soudainement. Le regrettez-vous ?
Malheureusement, cette intrigue est arrivée au moment où nous changions de management et certaines personnes ne voulaient pas reprendre cette histoire déjà en cours... C'était décevant, ils en ont parlé juste assez pour la terminer. Cela a été achevé de manière abrupte. Le cancer de la prostate est un vaste sujet qui pourrait être plus exploré. J'aurais adoré !
Aux Etats-Unis, Fen (Zach Tinker) est revenu à Genoa City en compagnie de son petit-ami, à la surprise générale ! Pensez-vous qu’il devrait y avoir plus de personnages issues de la communauté LGBTQ+ dans le feuilleton ?
Tout à fait. Les gens doivent être éduqués et les feuilletons, grâce à leurs arches longues, permettent de traiter de sujets méconnus par le grand public. On peut par exemple raconter des intrigues difficiles.
Les Feux de l'amour était l'une de premières fictions à parler du Sida, la mère de Christine en est morte. Il y a eu l'harcèlement sexuel, le mariage interracial, l'alcoolisme... Ce sont des thèmes qui étaient considérés comme controversés par les séries de prime-time.
Pour revenir à Fen, au départ je pensais qu'il fallait qu'on aborde l'homophobie ou la violence mais en fait il y a eu beaucoup de réactions de gens qui disaient : "C'est le genre de scènes que je voulais voir : un garçon ramène son petit-ami à la maison et c'est tout ce qu'il y a de plus normal". Nous n'en avons pas fait un événement. J’espère qu'on en apprendra plus de cette manière plus subtile.
Quelle est votre intrigue préférée concernant Michael dans "Les Feux de l'amour" ?
Mes préférées sont celles quand je parviens à incarner quelque chose alors que je ne m'en crois pas capable. C'est arrivé souvent ! J'ai aimé lorsque Michael et Lauren ont failli perdre Fenmore à sa naissance, quand Gloria est revenue pour la première fois...
Mais ma préférée de toutes est celle quand Kevin a été tabassé et a fini à l'hôpital. Michael le regardait sur la table d'opération et il s'effondrait. Je me souviens que j'attendais le signal pour jouer et je me suis dit "Oh mon dieu, c'est à moi !".
J'ai alors demandé à une productrice de me tenir la main une minute et elle l'a fait tout de suite. Puis elle m'a laissé et j'étais prêt quand on a dit "Action". Si on réussit à interpréter quelque chose une fois, on saura le refaire une fois prochaine !