Avec Le Passé, sorti en 2013, Asghar Farhadi tourne son premier film en dehors d'Iran. Ce drame déchirant porté par Tahar Rahim, Bérénice Bejo et Ali Mosaffa raconte l’histoire d’un couple qui se défait quand un autre se construit, mais avec de lourdes conséquences.
On y suit Ahmad (Ali Mosaffa) qui fait le voyage de Téhéran à Paris pour finaliser son divorce avec Marie (Bérénice Béjo), son épouse française. Au cours de son séjour, il se lie d’amitié avec sa fille aînée Lucie qui est en conflit avec sa mère car elle est enceinte de Samir (Tahar Rahim).
Le problème pour Lucie est que celui-ci est encore marié et sa femme est dans le coma à la suite d’une tentative de suicide. Ahmad tente d’apaiser la situation entre la mère et la fille, il s’implique avec toutes les parties prenantes et fait surgir des éléments tragiques du passé.
La force du film de Farhadi tient bien sûr à l’écriture délicate des personnages, mais aussi à l’implacable interprétation de ses acteurs. Tout au long de ce drame, les personnages cachent leurs sentiments par des motifs et des actions inexprimés. En déshabillant son film, en évitant l’écueil des bavardages constants et des explosions d’angoisse, Farhadi développe autre chose de plus profond : la capacité à communiquer honnêtement.
Le scénario révèle lentement les pièces de son puzzle. Avec un rythme patient développé grâce à de longues prises de vue, l'absence de bande sonore et de trop fréquentes conversations, Le Passé prend de l'ampleur à mesure qu'il devient évident que l'état de la femme de Samir peut être lié à diverses situations familiales qui s'entremêlent.
Dans un entretien avec le magazine australien Girl au moment de la sortie du film, Tahar Rahim s’est confié sur sa vision du personnage de Samir et la manière dont il le définit :
"Comme un homme fatigué de la vie. Il est accroché à sa culpabilité, pris entre un amour qui dure encore et un nouvel amour – entre une vie passée et le désir d'aller vers une vie future. Et je pense que c'est un type qui est vraiment déprimé en permanence, mais qui garde tout à l'intérieur.
Il s'accroche, et c'est un signe de maturité. Il est un peu plus âgé que moi, la trentaine, et il a pris quelques coups dans la vie. Cela l'a sans doute fait vieillir plus vite. Asghar m'a transformé, rendant mes cheveux un peu gris. J'ai adopté une démarche un peu lourde, des mouvements plus lents, alors que d'habitude j'ai le pied beaucoup plus souple."
Une description très juste d’un personnage qu’on sent à la fois pris en étau et tiraillé entre deux vies. Quatre ans après son triomphe à Cannes avec Un Prophète de Jacques Audiard, Tahar Rahim a confirmé avec ce long métrage qui était aussi en compétition officielle qu’il rentrait pour de bon dans la cour des grands.
Le Passé est disponible sur Prime Video jusqu’au 8 mai.