Attention SPOILERS ! Ce qui suit vous dévoile la fin de "L’Express du colonel Von Ryan". Poursuivez votre lecture au risque de vous gâcher le film.
Découvrez Frank Sinatra comme vous l'avez rarement vu dans L’Express du colonel Von Ryan de Mark Robson. L'histoire se passe durant la Seconde guerre mondiale, en 1943. L'avion du colonel américain Joseph L. Ryan est abattu et il est emmené de force dans un camp de prisonniers. Même si la libération approche, il est convaincu de participer à une tentative d'évasion. Et la solution pourrait venir d'un train !
Mais en amont du tournage, Sinatra va avoir une exigence qui va bien décevoir le studio !
Dans les mémoires du producteur du film Saul David, The Industry: Life in the Hollywood fast lane, il raconte que Frank Sinatra exige d'être chaque jour conduit au plateau par hélicoptère ! Officiellement pour éviter les paparazzis. Une extravagance qui a coûté cher au studio, qui débourse déjà 250 000 dollars de l'époque (près de 2,4 millions d'aujourd'hui) pour avoir le chanteur en tête d'affiche.
Mais cela ne s'arrête pas là !
Dans le livre et le scénario, son personnage, le colonel Ryan, parvient à s'échapper avec les autres membres de la mission. Cela tombe bien, car la Fox juge que la survie de Ryan pourrait permettre de mettre en chantier une suite dans la foulée si le succès au box-office était au rendez-vous. Sauf que le comédien, lui, ne se voit pas revenir.
Star du film et au top de sa popularité à l'époque, Sinatra décide de faire changer la fin prévue et de faire mourir son personnage ! Le studio s'avoue vaincu et accepte à contrecœur que Ryan soit tué à la fin en tentant de s'échapper. Quant au chanteur, il a désormais la certitude qu'on n'essayera pas de lui faire reprendre le personnage.
Deux ans plus tard, il acceptera tout de même de jouer le rôle du détective privé Tony Rome dans deux films sortis en 1967 et 1968.
La vengeance du studio ?
En parallèle de ses désidératas narratifs, Sinatra veut aussi donner la réplique à Richard Burton. Il commence à faire des pieds et des mains pour convaincre la Twentieth Century Fox d'engager le comédien, mari à la ville d'Elizabeth Taylor.
Le studio le laisse ainsi s'échiner pendant un certain temps, contacter à de multiplies reprises Burton pour le convaincre, avant que le chanteur-acteur ne découvre... que cela n'arrivera jamais !
En effet, depuis la fin du tournage de Cléopâtre (1963), la Fox a porté plainte contre Burton et Taylor pour 5 motifs - dont un vise particulièrement l'acteur. Il est accusé d'avoir rompu son contrat avec le studio en se rendant "non photographiable", et en n'ayant pas accompli son travail avec "diligence, soin et attention".
Par ailleurs, il aurait parfois manqué à ses obligations, à la ponctualité exigée par le tournage, et à d'autres éléments non listés dans le compte-rendu du procès, le tout afin d'obtenir une rupture de son contrat sur Cléopâtre (dont le tournage colossal s'est étendu sur deux ans). La Fox avait perdu une fortune sur le projet et comptait notamment sur ce procès pour se rembourser du comportement de diva du couple sur le tournage.
Dégoûté, Sinatra réalise qu'il a été berné et qu'il n'aura jamais Burton, en conflit avec le studio, dans L'Express du colonel Von Ryan. La Fox l'a laissé s'échiner en vain.
Epilogue
Le studio dirigé par Darryl Zanuck met la pression à Saul David durant tout le tournage afin que le film ne dépasse pas son calendrier, mais rien n'y fait : il est bouclé avec dix jours de retard, causant un dépassement de 6 millions de dollars. L'Express du colonel Von Ryan sera tout de même un succès retentissant.