L’histoire vraie d’une arnaque mémorable… dans une classe de seconde
Lynn (Chutimon Chuengcharoensukying) est déterminée à ne pas laisser la pauvreté de son père entraver ses ambitions. Brillante élève, la jeune fille est sélectionnée pour intégrer une école renommée, tous frais payés grâce à une bourse. Parmi ses camarades fortunés, Lynn se démarque par ses capacités inouïes, tout comme son rival Bank (Chanon Santinatornkul).
Lorsqu’elle fait la rencontre de Grace (Eisaya Hosuwan) et Pat (Teeradon Supapunpinyo), ceux-ci lui proposent un marché osé : mettre en place un gigantesque système de triche dont elle serait le cerveau, et pour lequel elle serait rémunérée. D’abord hésitante, Lynn se laisse convaincre par l’afflux de “clients potentiels”. C’est le début d’une grande arnaque, dont les bénéfices vont vite être éclipsés par des conséquences que Lynn et ses amis n’osaient imaginer…
Une mise en scène réglée comme du papier à musique
Inspirée d’une histoire vraie, l’arnaque de Lynn et de son équipe s’appuie sur plusieurs ressorts savamment pensés pour nous tenir en haleine. Exemple le plus remarquable : l’utilisation de musique classique dont les notes pianotées sur un coin de table permettent à la première de la classe d’indiquer les bonnes réponses à ses complices.
Telle les airs de Mozart et Beethoven, la mélodie tantôt grave, tantôt enjouée de Bad Genius se déploie durant 2 heures qui passent plus rapidement que les 5 dernières minutes d’un devoir sur table.
Millimétrée, la mise en scène du talentueux Nattawut Poonpiriya (One For The Road, The Innkeeper, Le Sauvetage de l’impossible) présente un certain nombre de variations autour du thème de la triche.
Gros plans sur les mines de crayons grattant le papier, sur les mains tremblantes d’une élève, sur un regard inquisiteur du surveillant; plans larges sur la salle d’examen pleine d’élèves fébriles, sur l’horizon vers lequel Lynn aimerait s’échapper… La pupille du cinéaste s’étire et se resserre ainsi avec habileté, comme pour mimer l’étau invisible dont Lynn est prisonnière et parvient parfois, non sans mal, à s’extirper pour toucher ses rêves du bout des doigts.
Un cinéma jeune et ambitieux, en pleine extension
Cité comme l’un des meilleurs films de 2018 par Hideo Kojima, le papa de Death Stranding, Bad Genius n’a pas manqué d’éveiller l’attention des cinéphiles lors des festivals et cérémonies. Entre le festival de films asiatiques de New York, le festival national du film de Suphannahong ou le Fantastic Fest international, le long-métrage de Nattawut Poonpiriya est parvenu à décrocher plus de 30 récompenses, notamment plusieurs prix du meilleur film ou de la meilleure interprétation.
Les 4 jeunes acteurs étaient pourtant tous débutants. “Les acteurs qui ne sont pas célèbres décuplent la naïveté de leur personnage, expliquait le réalisateur à Cinema Escapist, ce qui ajoute de la profondeur à la dimension du personnage. Ce n’était pas seulement plus convaincant pour les spectateurs, mais aussi pour moi, en tant que cinéaste.”
Après Mundane History et Oncle Boonmee, Palme d’Or au Festival de Cannes de 2010, le cinéma thaïlandais semble donc tenir avec Nattawut Poonpiriya un nouveau réalisateur de talent, à surveiller de près !
Bad Genius est disponible en exclusivité sur Filmo, à partir du 4 mai.
Et ce n’est pas tout ! En avril, Filmo poursuit son exploration d’une jeunesse en quête de liberté avec l’envoutant Soul Of A Beast, une autre perle du cinéma indé’, allemande cette fois-ci.
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