De quoi ça parle ? Max, un impitoyable tueur à gages de cinquante ans, découvre qu’il a un problème : il s’évanouit désormais devant la moindre goutte de sang. Son avenir dans la profession étant compromis, il va devoir se reconvertir... Mais pas si simple quand sa seule compétence professionnelle est de tuer des gens… Ils se fait aider par un couple de jeunes voisins, Karim et Stéphanie, qui n’imaginent pas un instant à qui ils ont affaire... Max s’attache, malgré lui, au jeune couple, jusqu’à ce que son passé le rattrape...
Jean-Pierre Bacri et Jamel Debbouze pressentis !
À l’origine, Jean-Pierre Bacri devait interpréter Max et Jamel Debbouze Karim dans Les Complices : "Jean-Pierre et moi avions commencé à travailler sur le projet, puis, finalement, Jean-Pierre s’est trouvé trop vieux pour le rôle. J’ai repris le scénario, rajeuni les personnages... Entre-temps, Jean-Pierre est mort. Sa disparition m’a bouleversée, comme elle a bouleversé beaucoup de monde - elle me bouleverse encore", se souvient Cecilia Rouaud.
Un fait scientifique...
Cecilia Rouaud tombe elle-même dans les pommes quand elle voit une goutte de sang. Il s'agit d'un dérèglement du cerveau reptilien qui se croit en danger de mort en présence de sang, ce qui conduit à une baisse de la tension et du rythme cardiaque, provoquant l'évanouissement. La réalisatrice explique :
"C’est à la fois gênant... et très drôle. Je me suis demandée dans quelles conditions cela pouvait devenir réellement problématique et j’ai trouvé : si j’étais amenée à tuer des gens pour survivre ! Max, qu’interprète François Damiens, était né ; un tueur à gages qui s’évanouit lorsque le sang coule et ne peut donc plus exercer son métier."
Où se passe le film ?
Cecilia Rouaud voulait situer l'action des Complices à Paris. Mais, alors qu'elle regardait Better Call Saul pendant l'écriture du scénario, elle a finalement changé d'avis. Elle se rappelle : "J’enviais leurs décors hallucinants, je me disais qu’ils avaient des espaces de jeu colossaux."
"J’ai eu une illumination : il fallait tourner le film ailleurs, dans des décors qu’on n’avait jamais vus. J’ai repris mon scénario dans cet objectif en pensant au lac du Salagou, un lac artificiel près de Montpellier : un endroit étrange, désert, où la terre est rouge, l’eau verte, et l’espace-temps aboli."
"En poursuivant dans cette logique, on a inventé des fausses plaques d’immatriculation et de faux panneaux de signalisation pour qu’on n’ait pas l’air d’être en France. La météo nous a aidés en alternant des ciels étranges, noirs et venteux, qui accentuent une atmosphère de fin du monde."
"De plus, on a décidé de bannir le rouge du film. À part le sang, il n’y a rien de rouge, ni dans les costumes, ni dans les décors. Cela contribue, je crois, à créer une atmosphère très particulière."
La révélation Laura Felpin
Avec Les Complices, l'humoriste Laura Felpin trouve son premier rôle important au cinéma. C'est William Lebghil, qui avait tourné avec elle dans un court métrage, qui a proposé son nom à Cecilia Rouaud : "Laura, c’est à la fois un petit bulldozer qui fonce, quelqu’un qui doute, qui a trop peur, trop pas peur. Elle a une énergie débordante, une intelligence rare", confie la cinéaste. Elle poursuit :
"Sur le plateau, William et elle, qu’on sentait liés par une amitié solide, ont su créer un couple crédible. Karim et Stéphanie s’aiment fort mais ne sont pas non plus dans un amour romantique ou romanesque ; plutôt dans la complicité. Leur but, c’est de se marrer ensemble. Il me semble que ça peut être ça l’amour - ni une question de vie ou de mort ni une somme de grandes déclarations..."
Inhumanité au travail
Karim et Stéphanie travaillent tous les deux pour une sinistre société spécialisée dans l’immobilier. A travers cette dernière, Cecilia Rouaud aborde aussi, dans Les Complices, une dimension sociétale peu réjouissante concernant ce domaine professionnel :
"Il ne fait pas bon vivre dans cette entreprise ! Une amie qui travaille dans ce genre de société m’avait raconté la hiérarchie qui y régnait : en haut, les cadres, au milieu, les employés, au niveau zéro, l’accueil et, en dessous, les call centers qui ont vue sur les roues des scooters."
"Si vous vous promenez à Paris, vous verrez les gens travailler à travers les vitres installées au ras du trottoir. Pour forcer le trait, j’ai pris le parti d’installer directement le call center dans un parking. Pour montrer le déclassement des gens, l’inhumanité au travail."
"Là, on est vraiment au fond du panier. Mettre un tueur au sens strict dans cette société de tueurs au sens métaphorique me permettait de questionner la place de la morale. Bien sûr, tuer des gens est amoral mais qu’en est-il d’une société qui laisse des gens en humilier d’autres ?"