Les Dungeon Masters de Donjons & Dragons : l'honneur des voleurs, ce sont eux ! Après avoir fait leurs premières armes sur quelques séries, Jonathan Goldstein et John Francis Daley ont imposé leur patte et leur style à Hollywood, en signant quelques comédies remarquées (Comment tuer son boss, le remake de Vive les vacances, Game Night où il était déjà question de jeux de société).
Et surtout en posant les bases du reboot de l'homme-araignée version Tom Holland avec le scénario de Spider-Man Homecoming.
Une réussite qui leur donne aujourd'hui la possibilité de développer un autre univers pop, celui de Donjons & Dragons : l'honneur des voleurs, avec un premier film mêlant fantasy et humour, et plébiscité à la fois par les joueurs, par les non-fans et par la presse. Une gageure sur laquelle nous avons pu nous entretenir avec eux lors de leur passage à Paris. Rencontre.
AlloCiné : Les précédents films "Donjons & Dragons" n’étaient pas très réussis. Ils étaient même mauvais...
John Francis Daley : C’est vous qui l’avez dit ! (Rires)
C’était donc un vrai défi de relancer cet univers et cette franchise, et de ne pas se contenter de proposer un simple film fantasy "de plus". Comment avez-vous abordé cela ?
Jonathan Goldstein : Nous nous sommes inspirés du jeu lui-même. Et le jeu est unique parce que vous le créez au fur et à mesure de la partie. C'est une question d'imagination, d'invention, de spontanéité, de choses qui tournent mal, de rires… Et surtout d’amusement. Donjons et Dragons, au départ, c'est un groupe de personnes qui jouent ensemble et nous voulions que cela se retrouve dans le film.
Sachant que c’est un univers très connu aux Etats-Unis et dans le petit monde des joueurs de jeux de rôle, mais assez peu du grand public et notamment en France…
John Francis Daley : Il est essentiel que les gens sachent que vous n'avez pas besoin d'être un fan de Donjons et Dragons. Vous n'avez même pas besoin de savoir ce qu'est un donjon ou un dragon ! (Rires)
Jonathan Goldstein : De la même manière que vous n'avez pas besoin savoir piloter un F-18 pour apprécier Top Gun, vous n'avez pas besoin de connaître les règles.
John Francis Daley : Tout ce que vous devez vouloir, c'est vous amuser au cinéma. Et c'est ce pour quoi tout ce film est conçu : une expérience qui vous donne l'impression d'être transporté dans ce nouvel univers avec des personnages auxquels vous pouvez vous identifier. Un monde qui semble nouveau et différent, mais qui est aussi excitant et dangereux.
Comment parvenir à cela à l’écriture ?
Jonathan Goldstein : C'était assez délicat. En tant que scénaristes et réalisateurs, nous devions transmettre le sens de la spontanéité de cet univers. Alors que bien sûr, ce n'est pas spontané du tout parce qu'il faut en faire un film. Tout est très planifié, mais la clé reste cet esprit d'imprévisibilité.
Par exemple : ils arrivent sur un pont ; cela déclenche une série de règles pour ne pas déclencher le piège sur le pont ; ils déclenchent le piège ; donc tout cela n'a servi à rien et ils doivent résoudre un nouveau problème. Cela se produit souvent dans le jeu.
John Francis Daley : Et cela permet également au public d'être constamment sur ses gardes et de ne pas savoir exactement où nos personnages vont se retrouver. C’est vraiment amusant d’utiliser ce sentiment d'imprévisibilité.
Le film repose beaucoup sur ses personnages et l’alchimie entre les comédiens. Comment êtes-vous parvenus à cela ?
Jonathan Goldstein : C’est à mettre au crédit de nos acteurs. Ils venaient de se rencontrer, mais ils donnent l'impression de se connaître depuis des années. D'une manière étrange, le COVID a aidé parce que nous étions tous dans cette bulle en Irlande du Nord.
Nous n'avions aucune socialisation avec qui que ce soit en dehors de notre distribution et de notre équipe. Donc, quand ils venaient sur le plateau, c'était presque un soulagement d’échanger avec d’autres êtres humains. Cela a donc créé quelque chose de positif.
En parlant des décors, on sent qu'ils sont réels, que c'est un univers tangible sans trop de fonds verts, et ça participe à l'immersion.
Jonathan Goldstein : Comme les films des années 80 qui s'appuyaient sur des effets pratiques, nous voulions retrouver cet esprit. Et je pense que cela fait une différence pour le public, mais aussi pour les acteurs qui interagissent avec des choses réelles sur le plateau.
Comment avez-vous travaillé sur l’intégration du lore D&D, de l'univers du jeu au sein du film ? Avez-vous eu des directives ou étiez-vous totalement libres ?
John Francis Daley : L’univers du jeu est unique et spécifique, parce que c'est une approche différente de la fantasy à laquelle les gens sont habitués. C'était donc génial de pouvoir s'appuyer sur cet univers et de garder à peu près les mêmes règles que lorsque vous jouez au jeu.
Les sorts et les créatures sont tous si étranges et bizarres à leur manière que cela propose une expérience que vous n'avez normalement pas lorsque vous regardez un film fantastique. Cela ressemble vraiment à quelque chose de différent.
Dans Donjons et Dragons il y a "Donjons" et il y a "Dragons". Or s’il y a constamment des donjons dans les parties du jeu, il n’y a pas toujours des dragons. C’était un élément important à incorporer dans le film ?
Jonathan Goldstein : Nous ne voulions pas décevoir sur ce point ! Nous avons abordé cela de la même façon que le reste du film : comment pouvons-nous le faire d'une manière que vous n'avez jamais vue auparavant ? Nous avons donc un dragon qui est assez... inhabituel dans son genre. Nous avons un autre dragon qui crache de l'acide et qui est unique à Donjons & Dragons.
John Francis Daley : Nous avons un dragon en pierre aussi. Fondamentalement, chaque dragon est différent des dragons que vous avez vus auparavant. Et pour nous, c’est vraiment important. Nous voulons nous sentir différents mais fidèles à Donjons & Dragons.
A la fin du film, on a envie de retrouver cette joyeuse bande pour de nouvelles aventures. Vous réfléchissez déjà à une suite ?
John Francis Daley : Nous sommes assez superstitieux. Nous savons qu'il y a un énorme potentiel pour nos personnages et nos histoires, mais nous avons également adopté l'approche qui consiste à nous concentrer sur ce film qui nous tient vraiment à cœur.
Et si nous avons la chance de pouvoir en faire un autre, on sautera sur l'occasion car nous sommes tombés amoureux de ces personnages et de cet univers. Redemandez-nous le 12 avril ! (Rires)
Diriez-vous qu’être scénariste ou réalisateur c’est comme être un maître du jeu à Donjons & Dragons ?
John Francis Daley : C'est exactement la même chose. Vous préparez le terrain avec le scénario et les décors, les personnages sont les acteurs, vous rassemblez tout ça et vous espérez que tout se passe bien et ne dévie pas trop des rails pour ne pas aboutir à un désastre absolu ! (Rires)