Documentaire choc, Sept hivers à Téhéran nous emmène dans la capitale iranienne. En 2007, Reyhaneh Jabbari, 19 ans, poignarde l’homme sur le point de la violer. Elle est accusée de meurtre et condamnée à mort.
À partir d’images filmées clandestinement, Sept hivers à Téhéran montre le combat de la famille pour tenter de sauver Reyhaneh, devenue symbole de la lutte pour les droits des femmes en Iran.
UNE HISTOIRE DÉCHIRANTE
Le documentaire est mis en scène par la cinéaste allemande Steffi Niederzoll. Cette dernière a appris l'histoire de Reyhaneh par la presse, en 2014. Son cas a suscité une couverture médiatique importante en Allemagne, où vivait l’un de ses oncles.
À cette époque, son histoire était seulement l’une des nombreuses histoires déchirantes que rapportaient les journaux. Puis, en 2016, par l’intermédiaire de mon compagnon iranien de l’époque, la réalisatrice a rencontré le cousin de Shole (la mère de Reyhaneh) et sa femme à Istanbul – ils avaient fui l’Iran et étaient coincés en Turquie.
"Ils essayaient de sauver des vidéos, filmées clandestinement, liées à l’affaire de Reyhaneh. L’une de ces vidéos m’a particulièrement émue : on y voyait Shole assise dans une voiture devant la prison, attendant de savoir si sa fille serait graciée ou exécutée", se souvient Steffi Niederzoll.
Ce moment, plein d’espoir et de détresse, a laissé une marque indélébile dans l'esprit de la réalisatrice. "Les mois suivants, j’ai effectué plusieurs voyages en Turquie, nous sommes peu à peu devenus amis et ils m’ont demandé si je pouvais faire un film à partir de ces images", confie-t-elle.
TOURNAGE CLANDESTIN
Il était clair depuis le début du projet que Steffi Niederzoll et son équipe n'obtiendraient pas d’autorisation pour tourner le film en Iran.
Avec l’aide de Zebra Kropp, une société de production iranienne, la cinéaste a pu avoir accès aux archives d’un collectif d’Iran qui a tourné des images de Téhéran pendant la période où Reyhaneh était emprisonnée.
"Il nous manquait malgré tout des plans de lieux spécifiques qui jouent un rôle dans l’histoire, comme l’extérieur de la prison ou la maison dans laquelle Reyhaneh a été agressée", indique la réalisatrice.
Selon Steffi Niederzoll, tourner des plans de ces lieux était dangereux et pouvait envoyer en prison leurs auteurs. "Les personnes qui ont filmé ces images ont pris le risque, car elles étaient convaincues que ce film devait être fait."
UNE ACTRICE QUI DONNE DE SA PERSONNE
La comédienne engagée Zar Amir Ebrahimi a été choisie par Steffi Niederzoll pour prêter sa voix à Reyhaneh. L'artiste, qui a été obligée de fuir l'Iran, a vu sa notoriété grimper en flèche après son Prix d'interprétation en 2022 pour sa performance en journaliste déterminée dans Les Nuits de Mashhad.
Pour Steffi Niederzoll, l’un des principaux défis du film était de faire entendre la voix de Reyhaneh et de donner vie à ses pensées et sentiments. La réalisatrice s'est appuyée sur des extraits de notes et de lettres qu’elle a rédigées pendant sa détention.
"Elle a lu certaines parties de ces lettres à sa mère par téléphone pour que Shole puisse les enregistrer en évitant la censure des autorités pénitentiaires. Mais d’autres parties existaient seulement sous forme de texte", relate la cinéaste.
"J’étais donc déterminée à trouver une actrice qui pourrait les incarner, leur donner âme et profondeur. Il était important pour moi que cette actrice soit engagée politiquement. C’est le cinéaste iranien Sina Ataeian Dena qui m’a recommandé son amie Zar Amir Ebrahimi", confie la réalisatrice.