De quoi ça parle ?
Vous n’avez jamais été dans un club de strip-tease ? Mais vous en avez déjà eu envie ... au moins une fois... vous n’avez pas osé, c’est tout. Ce film raconte l'histoire de quelqu'un qui a osé.
Quelques mois après la sortie de La Maison avec Ana Girardot qui nous proposait de découvrir l'intérieur d'une maison close, voici A mon seul désir, qui nous invite au cœur d'un autre lieu tenu secret et source de fantasmes : un club de strip-tease.
Le film A mon seul désir, dont le nom provient du lieu où se passe l'intrigue, commence d'ailleurs ainsi : en s'adressant directement à nous, spectateurs, avec pour promesse de nous faire découvrir ce lieu et surtout ces femmes qui en font l'âme.
"Je ne suis pas si sage" : Ana Girardot se met à nu dans La Maison, interdit aux moins de 16 ansSi A mon seul désir a des points communs avec La Maison (un côté très sexy assumé, une galerie de personnages et un propos très documenté), la comparaison s'arrête là. Ce scénario original coécrit par Lucie Borleteau et Clara Bourreau prend un tour différent du premier, en évitant au maximum les situations glauques ou violentes que pouvaient dépeindre la maison close, et en bifurquant vers une romance queer. A mon seul désir est interdit aux moins de 12 ans, tandis que le précédent avait été frappé d'une interdiction aux moins de 16 ans.
Deux intrigues s'entremêlent dans le film de Lucie Borleteau, la vie du club, et cette histoire d'amour entre deux des protagonistes du film. "Après la découverte du club de strip-tease, Clara Bourreau et moi avons décidé que l’histoire d’amour entre spoiler: Aurore et Mia allait prendre le dessus et que nous allions en explorer chaque recoin. J’ai eu envie que ce soit une surprise pour le spectateur, car c’en est une pour les personnages elles-mêmes, qui ne voient pas arriver cet amour. Le fil rouge demeure la chronique de la vie d’une jeune femme sur quelques mois", explique Lucie Borleteau dans le dossier de presse du film.
Donner à voir des spectacles de strip-tease drôles, inventifs
A propos d'une approche plutôt joyeuse de cette intrigue, la cinéaste précise : "Malgré l’industrie pornographique florissante sur Internet, il existe encore des lieux comme celui que montre le film. Cela m’intéressait d’être du côté du réel plutôt que du virtuel. J’avais à cœur que le film soit aussi un divertissement, qui donne à voir des spectacles de strip-tease drôles, inventifs. Il y a là l’idée d’une sexualité joyeuse ! À mon seul désir est aussi un film sur le théâtre, sur l’artifice de la scène."
Le film se veut en quelque sorte un conte, et sa narration commence (et se clôt) d'ailleurs comme un conte. "Le côté baroque du film me permettait de tout oser. L’idée que les femmes puissent avoir envie de mettre leur corps en représentation m’a toujours fascinée. Dans l’art en général, et le cinéma en particulier, le corps féminin a abondamment été utilisé comme élément d’envoûtement, comme produit d’appel, avec des variantes selon les époques." Et d'ajouter : "Le film joue donc sans cesse entre conte et réalité, pour s’interroger sur notre rapport au désir, que l’on cherche à le susciter ou qu’il nous submerge."
Le film joue sans cesse entre conte et réalité, pour s’interroger sur notre rapport au désir
Cette ode à la liberté comporte beaucoup de nudité, un sujet qui a été pris en considération afin que les actrices puissent évoluer librement. "J’avais bien conscience que ce film pouvait faire peur, et j’ai senti que Louise [Chevillotte] et Zita [Hanrot] avaient l’audace et le courage d’y plonger ensemble. (...) Elles étaient sur un pied d’égalité tout en ayant l’air de ne s’être jamais rencontrées et de tout devoir au côté fortuit du club. spoiler: Pour moi ça rend ce couple moderne et intéressant. Leur relation ne se joue pas sur la question du pouvoir."
Zita Hanrot confie : "Lucie [Borleteau] aborde la nudité avec beaucoup de joie. Elle a une légèreté, une générosité, une gourmandise qui mettent en confiance. Parce que c’est elle, j’ai pu apprivoiser mes peurs et j’ai eu l’envie de la suivre. Elle laisse aussi la place à notre imaginaire pour venir nourrir l’histoire et ça, c’est très plaisant".
Notre portrait de Zita Hanrot :
"Nous avons été très attentives à choisir des acteurs et actrices les plus respectueux et respectueuses qui soient, poursuit la cinéaste. La formation sur les violences sexuelles et sexistes du CNC que ma productrice a suivie s’est révélée une excellente boîte à outils pour notre tournage. Nous avions rédigé une lettre à l’attention de toute l’équipe, y compris les comédiens et comédiennes, sur cette question avant le début du tournage, et Colia est devenue notre référente harcèlement sur le plateau. Pour que tout le monde soit en confiance, elle avait, lors du casting figuration, rencontré avec son assistante Naomi Grand chaque figurant individuellement pour les scènes de club pour éviter tout potentiel problème – ce qu’on ne fait à ma connaissance jamais pour les figurants".
Zita Hanrot (Fatima, Plan cœur, Rouge) donne la réplique à Louise Chevillotte, découverte chez Philippe Garrel, dans L'Amant d'un jour en 2017. On a pu la voir depuis dans Synonymes, Le Sel des larmes, Benedetta, Le Monde après nous, ou encore la série Les Hautes herbes. Laure Giappiconi, Pedro Casablanc, Thimotée Robart (Les Magnétiques), et Melvil Poupaud pour un petit rôle, complètent le casting.
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Le mot de la fin à Lucie Borleteau : "J’attends d’un film, y compris des miens, qu’il soit complexe, inattendu et bouleversant... comme peut l’être un numéro de strip-tease" !
Pour le savoir, rendez-vous dans les salles obscures ce mercredi, pour découvrir A mon seul désir.