La Ligne Rouge (1998) marque le retour de Terrence Malick au cinéma après 20 ans d’absence ; son dernier long métrage, Les Moissons du ciel, datait alors de 1978. Dans ce nouveau film, il adapte avec brio le roman autobiographique de James Jones (1962), centré sur le conflit de Guadalcanal pendant la Seconde Guerre mondiale. La rumeur veut que le premier montage du film ait pris 7 mois à être réalisé et durait 5 heures. Le résultat final, en tout cas poétiquement sanglant, hante encore ceux qui l’ont vu et vaut le détour, absolument.
En 1942, pendant la Guerre du Pacifique, un fugitif de l’armée américaine, vivant en paix avec les habitants d’une petite île du Pacifique Sud, est découvert par son commandant et contraint de reprendre son service actif pour la bataille de Guadalcanal. Alors que son unité débarque sur l’île, elle ne rencontre aucune résistance jusqu’à ce qu’elle pénètre un peu plus dans les territoires intérieurs… Au milieu du chaos et des tueries, divers destins se jouent et les soldats réfléchissent à la vie, à l’amour et à la guerre.
Comme Terrence Malick l’a continuellement prouvé dans sa filmographie, il s’intéresse toujours à la vue d’ensemble et aux grandes questions. Ainsi, dans La Ligne Rouge, qui dépeint une petite mais brutale opération militaire, les réflexions sur la vie, la mort, l’amour et la guerre, parfaitement tissées au milieu de scènes violentes, fusent. Le film explore alors l’intimité des soldats par le biais de monologues intérieurs en voix-off.
“La guerre c’est l’enfer” : Terrence Malick est inébranlable dans son message et fait de nous les témoins impuissants de la perte de l’innocence et de l’extinction de l’étincelle dans les yeux de jeunes hommes sur le champ de bataille. Cela a été fait auparavant mais ce qui distingue ce film, c’est qu’il ne prend pas partie et présente sa vision au-delà du conflit : le réalisateur oppose en effet de belles photos de la faune du Pacifique Sud et des peuples autochtones de Mélanésie à la dévastation de la guerre. Ainsi, le contraste entre la beauté de la région et la laideur des humains détruisant l’île à coups de balles et d’explosions est frappant. Mais dans la lumière dorée caractéristique de la cinématographie de Malick, il y a de l’espoir et la vie continue au milieu des horreurs.
Plus qu’un film de guerre, La Ligne rouge est une expérience profonde et réfléchie, portée par une ribambelle d’acteurs renommés et au sommet : Jim Caviezel, Sean Penn, Adrien Brody, George Clooney, John Cusack, Woody Harrelson, Jared Leto, Nick Nolte, John C. Reilly et John Travolta – pour ne citer qu’eux. Un casting énorme pour un film qui pose ces fameuses grandes questions que Malick aime tant poser à son public et qui convainc avec émotion et beauté – et larme à l’œil à n’en pas douter.
Il n’est donc pas étonnant que le film ait obtenu la note de 4,1/5 chez les spectateurs d’AlloCiné (et 4,4/5 côté presse), que Martin Scorsese l’ait classé comme son deuxième film préféré des années 1990, qu’il ait reçu 7 nominations aux Oscars et qu’il ait remporté l’Ours d’or au Festival international du film de Berlin.
La Ligne rouge, de Terrence Malick avec Sean Penn, Jim Caviezel, Nick Nolte…
À partir de 16 ans
Ce soir sur ARTE à 20h55