DE QUOI ÇA PARLE ?
Loretta McLaughlin, reporter au sein du quotidien Record-American, cherche à établir le lien pouvant exister entre les atroces meurtres de femmes commis en leur domicile depuis près d’un an dans la région de Boston. Alors que le mystérieux tueur fait de plus en plus de victimes - au point de provoquer une véritable psychose à travers tout Boston - Loretta tente de continuer son enquête aux côtés de sa collègue et confidente Jean Cole. Dans leur quête absolue de vérité, le duo se heurte au sexisme de l'époque et à d’autres dangers infiniment plus redoutables.
L'Étrangleur de Boston écrit et réalisé par Matt Ruskin.
ÇA VAUT LE COUP D'ŒIL ?
En 1968, Richard Fleischer met en scène L’Étrangleur de Boston, l’une des adaptations les plus célèbres de cette affaire survenue au début des années soixante. Le film se concentre sur le point de vue d’Albert DeSalvo, le principal suspect et accusé, incarné à l’écran par Tony Curtis. Cinquante-cinq ans plus tard, le scénariste et réalisateur Matt Ruskin s’empare à son tour du fait divers, mais sous un angle totalement différent.
Cette version suit celles qui ont lancé l’enquête journalistique et s’intéresse de près aux victimes - qui, rappelons-le, étaient uniquement féminines. Le long métrage met en exergue le travail de Loretta McLaughlin et Jean Cole - jouées respectivement par Keira Knightley et Carrie Coon-, qui ont couvert l’histoire pour le Record American.
Sous ce nouveau prisme, bien plus cohérent avec notre époque, l’affaire de l’étrangleur de Boston prend une toute autre dimension et révèle de nouveaux contours. Passionnant, le film va bien au-delà du récit criminel et donne d’abord un aperçu de la vie des rédactions dans les années soixante. Un temps où les femmes journalistes, déjà peu nombreuses, ne sont pas autorisées à écrire sur autre chose que les sujets “art de vivre”.
Loretta McLaughlin se doit d'écrire sur un nouveau grille-pain, mais ses ambitions se situent ailleurs. Persuasive et insistante, elle finit par se saisir de l'affaire, mais son implication et ses articles lui valent menacée. C’est sa rencontre avec Jean Cole qui lui permet de poursuivre son travail et de creuser davantage le sujet.
L’Étrangleur de Boston s’intéresse également aux spécificités méconnues de cette affaire, durant laquelle des hommes ont profité des meurtres pour tuer eux-mêmes leurs femmes ou leurs maîtresses. En s’inspirant des méthodes du tueur en série, ils pouvaient ainsi rejeter la responsabilité sur le criminel.
Devant le film, il est impossible de ne pas penser à Zodiac de David Fincher. La comparaison peut être écrasante, mais Matt Ruskin ne tombe pas dans l’écueil de la pâle copie. Son long métrage est admirablement mis en scène et propose un vrai ton qui maintient l’intérêt du spectateur jusqu’à la dernière seconde.
Excellent thriller sur la place des femmes dans l’univers du journalisme et sur une affaire qui ne cesse de surprendre, L’Étrangleur de Boston est un film à ne pas manquer, porté par deux actrices dont le talent n’est plus à prouver.
L’Étrangleur de Boston est disponible sur Disney+.