En plus d'être un romancier renommé à travers le monde, Stephen King est un critique de cinéma exigeant. En témoigne son avis sur Kill Bill: Volume 1 de Quentin Tarantino, immortalisé dans les colonnes d'Entertainment Weekly en 2007 :
"Kill Bill est le film du n'importe quoi. Vous avez probablement lu de bonnes critiques à son propos (...), mais souvenez-vous que les critiques de cinéma voient le film gratuitement. (...) Ils sont donc aptes à s'extasier sur des choses sur-narcissiques comme Kill Bill, qui s'annonce comme 'le quatrième film de Quentin Tarantino', que c'est snobinard."
"La violence est chorégraphiée comme une routine nautique d'Esther Williams (...) et la litanie du film pour les blagues d'entre-soi est épuisante."
Pour expliciter la référence, Esther Williams était la championne américaine 1939 du 100 mètres nage libre, passée actrice dans des films musicaux comprenant beaucoup de ballets aquatiques afin d'exploiter ses prouesses physiques. Mais King n'en a pas fini avec Kill Bill, et déplore le fait que le film soit un "volume 1" :
Il n'y a même pas de fin à laquelle se raccrocher ; on nous dit juste qu'il va falloir être patients pour en avoir plus (...). C'est certainement bien fait, et l'histoire garde notre intérêt au fur et à mesure, mais si c'est insipide ça le reste, pas vrai ?
"Tout ce que je fais, c'est essayer de vous transmettre le sentiment de vague mécontentement que vous êtes susceptible d'expérimenter en quittant le film, dans le sens où vous êtes venu vous divertir mais vous vous retrouvez à vous réchauffer les mains devant le feu de joie des vanités de Quentin Tarantino."
Une chose trouve grâce à ses yeux : la prestation admirable de l'interprète de l'héroïne du film, Uma Thurman. En revanche, l'auteur n'est pas tendre envers l'écriture de son personnage :
"Uma Thurman essaye vraiment et c'est le meilleur élément du film, mais au final, elle se voit coincée à jouer une femme labelisée au lieu d'être humanisée : elle est, et c'est déplorable, la Fiancée."
Kill Bill n'est pas un sommet de nullité comme Mars Attacks! ou Maman très chère ; c'est juste ennuyeusement imbu de lui-même. (...) Dans dix ans, vous aurez des difficultés à vous souvenir de ce que ça racontait et de qui était dedans.
Partagez-vous l'avis de l'auteur de Shining à propos du premier volet du dyptique de Tarantino ou pensez-vous qu'il se trompe lourdement ? A vos claviers !