Si le film de Chinonye Chukwu s’intitule Emmett Till, il est avant tout le portrait de la mère de ce dernier, Mamie Till-Mobley. Une femme qui n’a eu de cesse, des années 1950 jusqu'à sa mort en 2003, de militer au sein du mouvement pour les droits civiques. Un combat qui fait suite au meurtre de son fils de 14 ans, Emmett, assassiné dans le Mississippi le 28 août 1955, pour avoir eu un comportement soi-disant « inapproprié » avec Carolyn Bryant, caissière blanche d’une épicerie du coin. Mamie a pris la décision de laisser près de 50 000 personnes apercevoir le cadavre de son fils à Chicago lors de son enterrement à cercueil ouvert, et a autorisé le magazine Jet à publier les photos du corps, afin de montrer les mutilations qu'il avait subies.
C’est l’actrice Danielle Deadwyler qui a été choisie pour interpréter cette femme extraordinaire. Elle-même mère, la comédienne a pris la mesure de l'immense responsabilité qui pesait sur ses épaules : “J’étais sincèrement pleine d’humilité et animée d’une grande volonté en abordant le rôle de Mamie au moment où elle a vécu une tragédie personnelle et où le pays traversait une révolte politique, dont le mouvement pour les droits civiques a bénéficié. Je voulais restituer la relation joyeuse entre Mamie et son fils adoré”.
Née à Atlanta, Danielle Deadwyler est la fille d’une secrétaire juridique et d’un superviseur de chemins de fer. Passionnée par la comédie dès l’enfance, c’est en 2009 qu’elle fait ses véritables débuts d’actrice sur la scène théâtrale de sa ville natale.
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L’année suivante, elle tourne dans le court-métrage Cyburbia puis en 2012 dans le téléfilm A Cross to Bear, où elle tient le rôle principal d’une mère alcoolique sans-abri. Elle enchaîne les courts et les apparitions dans des séries comme MacGyver (2017), Atlanta (2018), Watchmen (2019) et Most Wanted Criminals (2020), avant de décrocher des rôles récurrents dans The Haves and the Have Nots et Paradise Lost, avec Josh Hartnett.
Au cinéma, après des petits rôles en 2017 dans Mary avec Chris Evans et L’Échappée belle, aux côtés d’Helen Mirren et Donald Sutherland, elle est en tête d’affiche du drame en costumes Jane and Emma et du thriller The Devil To Pay (2019). 2021 marque un tournant dans sa carrière : on la retrouve à l’affiche du western Netflix The Harder They Fall, entourée d’Idris Elba, Regina King et LaKeith Stanfield, ainsi qu’au générique de la série post-apocalyptique Station Eleven, adaptée du roman d’Emily St. John Mandel.
Emmett Till : cette glaçante histoire vraie qui a marqué l'Histoire des Etats-UnisAvec Emmett Till, elle poursuit son ascension et sa prestation est telle qu’elle lui vaut d'être pressentie pour décrocher une nomination aux Oscars. Mais, alors que de nombreux critiques et professionnels pariaient sur elle, Danielle Deadwyler ne fait pas partie des heureuses élues.
L’actrice a expliqué à la BBC : “L'histoire du cinéma a plus de 100 ans. J'ose dire que le système est profondément, profondément marqué par le racisme systémique qui a modelé notre pays. Et nous continuons d'être confrontés à un racisme systémique dans ce pays, qui nous a conduits à la perte de Tyre Nichols”. De nombreux journalistes soulignent le fait qu’elle n’est pas la seule actrice noire à avoir été snobée par l’Académie cette année : Viola Davis figurait elle aussi sur la liste des favorites pour sa performance dans The Woman King.
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La réalisatrice d’Emmett Till, Chinonye Chukwu, ne doute pas un instant du talent de son actrice : “Danielle Deadwyler est une star et elle était taillée pour ce rôle. C’est l’une des actrices les plus douées avec qui j’aie travaillé et que j’aie jamais vue. [...] Sur le plateau, on était sans voix... Je suis toujours très difficile à satisfaire. Mais dès la première prise, j’étais subjuguée. Il y a eu pas mal de moments comme celui du témoignage de Mamie où on était médusés”. On retrouvera l'actrice dans la prochaine série de J.J. Abrams, Demimonde, et dans le thriller d'action Netflix Carry On.