Créée par Corinne Garfin et Duong Dang-Thai (Le Bureau des légendes) et réalisée par Ziad Doueiri (Baron Noir, Dérapages), Coeurs Noirs, la nouvelle création originale française d'Amazon Prime Video, a réussi l'exploit de se classer en première position du top 10 des contenus de la plateforme dès son week-end de sortie.
Dans la lignée de Zero Dark Thirty ou de SEAL Team, cette série de guerre avec Nicolas Duvauchelle, Tewfik Jallab, Marie Dompnier, Nina Meurisse, Thierry Godard, ou encore Jérémy Nadeau suit le quotidien du groupe 45 des Forces Spéciales françaises, alors qu'il est déployé en Irak en octobre 2016, à la veille de la bataille de Mossoul.
Les membres de ce commando, dont on découvre à la fois le courage sur le terrain et les moments de vie plus intimes et légers à la base, ont pour mission de retrouver et d'exfiltrer la fille et le petit-fils d’un important Emir français de Daech qu’ils ont capturé et qui ne coopérera avec eux qu’à cette condition. Une course contre la montre, alors que de nouveaux attentats semblent se préparer sur le sol français et doivent à tout prix être déjoués avant qu'il ne soit trop tard.
La comédienne Marie Dompnier (Les Témoins, Soupçons, Jeux d'influence), qui prête ses traits à Adèle, la commandante de l'équipe en charge des renseignements, s'est confiée à notre micro sur cette série à part, sur la préparation qu'elle a suivie pour incarner ce personnage d'officier des Forces Spéciales, et sur le tournage intense au Maroc, devant la caméra de Ziad Doueiri, au sujet de qui elle ne tarit pas d'éloges.
AlloCiné : Les séries telles que Coeurs Noirs sont rares à la télévision. D’autant plus que c’est la première série française à suivre un commando des Forces Spéciales. C’est l'aspect hors normes du projet qui vous a donné envie de faire partie de cette aventure ?
Marie Dompnier : En fait, c'est vraiment un tout. J'avais très envie de travailler avec Ziad Doueiri, qui est un réalisateur formidable. Le rôle d’Adèle était magnifique. Il y avait un casting exceptionnel. Et dès le début du projet, on savait qu’on allait être en immersion avec de vrais membres des Forces Spéciales, et ça, ça montre à quel point il y avait une ambition dans ce projet et dans sa préparation. Il y avait beaucoup d’arguments positifs qui faisaient que je ne pouvais pas refuser.
Comment décririez-vous Adèle, votre personnage ?
Adèle a le service public chevillé au corps. Dans le sens où c’est une fille de militaire, qui a grandi dans cet esprit Forces Spéciales, qui est très singulier dans l’armée. Elle se lève Forces Spéciales, elle mange Forces Spéciales, elle se couche Forces Spéciales (rires). Et elle est passionnée par le renseignement et par tout ce qu’elle fait dans son travail. Elle se revendique vraiment de cette unité d’élite.
Adèle est une commandante, mais c’est un acquis, c’est normal pour tout le monde, ce n’est pas traité comme un événement dans la série. C’est aussi ça qui vous a plu dans ce personnage ?
Bien sûr. C’était un non-sujet le fait qu’elle soit au commandement de tout ce groupe. Je trouvais ça très intéressant car ça reflète le fait que notre société est en train de bouger par rapport à tout ça. Elle a ce grade-là, elle dirige ce groupe 45, et ce n’est pas un sujet. C'est très bien.
Vous parliez de votre immersion au sein des Forces Spéciales. Avez-vous pu échanger avec des femmes militaires et des femmes qui font le même métier qu'Adèle ?
Afin de nous préparer au tournage, nous avons été accueillis par le 13 RDP, à Bordeaux. Et comme les fonctions de chacun sont différentes dans la série - il y a un artificier, un médecin, une snipeuse - chacun de nous a eu des ateliers avec son "binôme", en fonction de son rôle.
En ce qui me concerne, j'ai pu rencontrer des gens qui travaillent dans le renseignement, et j’ai notamment pu échanger avec une femme analyste. C’était passionnant, avoir sa vision du travail et sa vision de cet univers était précieux.
Et, effectivement, j'ai également pu discuter avec des gens qui évoluent au même poste qu’Adèle, mais qui ne sont pas forcément des femmes. Et j’ai pu leur poser des questions sur leur travail, sur leurs rapports les uns avec les autres, c'était très enrichissant en termes de préparation pour la série. Mais, vous vous en doutez, on n'a pas pu évoquer de manière précise le contenu de leurs dossiers car il y a évidemment un culte du secret dans cet univers.
Ces rencontres nous ont tous beaucoup marqués, mes camarades et moi. Une fois sur le tournage, on voulait être à la hauteur des gens qui nous avaient formés. Ce n’est pas du tout une série commandée par l’armée, c’est une fiction (rires). Mais ils nous avaient beaucoup donnés, donc on voulait être à la hauteur de l’état d’esprit qui règne dans ce corps d’élite. On a rencontré des gens très humbles, avec un mental à toute épreuve. Ils sont confrontés au côté obscur du monde, et en même temps on leur demande de réfléchir constamment. Ce sont de sacrés hommes et femmes.
Combien de temps a duré le tournage de Coeurs Noirs ?
Nous avons tourné au Maroc, notamment à Casablanca et dans le désert près de Marrakech. Ça a été assez long, car il y a eu quasiment deux mois de fermeture des frontières au Maroc pendant le tournage en raison du Covid. En gros, la série aurait normalement dû demander quatre mois de tournage, mais avec cette fermeture, on a fini deux mois plus tard que prévu. Je crois qu'on a commencé en octobre et qu'on a fini en avril.
Comment décririez-vous ce tournage ? C'était l'un des plus intenses de votre carrière ?
Oui, c'est certain (rires). C'était un tournage très intense car, de fait, cette fiction montre des gens sur un terrain de guerre. Ce n'est pas marrant, et on avait des scènes très physiques à jouer, avec des armes, des tirs de tous les côtés. On était souvent dans la montagne, dans le désert, parfois en pleine nuit, ce n’était pas évident. Mais on était préparé, on savait à quoi s'attendre, et cela reste de la fiction. Tout s'est bien passé. Mais c'était très fort.
L’effet de troupe que l'on ressent à l'écran s'est-il immédiatement ressenti sur le tournage avec vos partenaires de jeu ?
Oui, étant donné qu'on a été en immersion chez les vraies Forces Spéciales, on s’est tous rencontrés en amont du tournage et on est allé faire des nuits à la belle étoile en marchant. Le genre d'expérience qui brise immédiatement la glace (rires).
Tout l’enjeu des Forces Spéciales c’était de former un groupe, parce que, au fond, ce corps d’élite a besoin de l’autre, ces hommes et ces femmes sont très soudés, le groupe est au centre de tout. Donc il y a eu une mise en abîme, on a formé un vrai groupe d’acteurs sur le tournage. Je ne connaissais aucun de mes camarades avant de tourner la série, mais ça a été un vrai bonheur. De vraies belles rencontres.
Quel genre de réalisateur et de directeur d'acteurs est Ziad Doueiri ?
Ce qui est formidable avec Ziad c’est qu’il ne lâche jamais rien et qu’il est d’une exigence inouïe avec lui-même. Donc ça se répercute sur toute son équipe, car on a envie d’être à la hauteur. Il emporte tout le monde avec son énergie. Il est tous les jours au taquet de l’énergie et de l’exigence. Et ça, sur un tournage, ça n’a pas de prix. C’est très vertueux. On était tous très fatigués, mais tous très heureux de se lever le matin.
Adèle entretient une relation avec Olivier, un autre membre des Forces Spéciales joué par Quentin Faure. Mais leur relation est mise à mal lorsqu'Olivier est sévèrement blessé dans le premier épisode et se retrouve à l'hôpital. Que pouvez-vous dire sur ce que ça va engendrer chez Adèle dans les épisodes suivants ?
Il faut comprendre qu'Adèle a un poste très particulier, elle est responsable de ce groupe 45 qu’elle envoie sur le terrain. Elle se sent responsable de tout ce qui leur arrive, c’est inhérent à sa fonction. Et là, dans le cas d’Olivier, il se trouve que c’est son compagnon qui est blessé, donc ça crée d'abord beaucoup de colère chez elle, et aussi beaucoup de culpabilité.
Comme elle le dit à Olivier à l’hôpital, elle est comme lui, elle ne lâche rien. Donc ce drame va donner envie à Adèle de tout faire pour arriver à ses fins, pour arriver trouver les cibles qu’elle recherche et arriver à remplir ses objectifs. Elle veut être à la hauteur de son compagnon, elle ne peut pas concevoir de lâcher sa mission. Et, en même temps, les informations qu’elle récolte ont un impact direct sur la vie des Français, c’est très concret. On le voit dans la série, il y a un attentat qui est déjoué à un moment donné. Ce n’est pas rien. C’est un niveau de responsabilité énorme.
Vous avez travaillé, en télévision, avec Rodolphe Tissot, Jean-Xavier de Lestrade, ou encore Hervé Hadmar. Ce sont des réalisateurs qui ont une vraie patte, un vrai univers. C'est important dans vos choix ?
Oh oui, vraiment. D’abord, il se trouve que c’est aussi eux qui me choisissent, donc c’est un double choix. Mais oui, c’est très important, car un comédien ou une comédienne est au service d’un univers. Et je sais que je suis toujours très heureuse quand je sers un univers qui a un vrai parti pris esthétique et narratif. Ces réalisateurs ont des esthétiques différentes, mais ils ont en commun d’avoir une vraie vision et un univers qui leur est propre.
Les Témoins, créée par Hervé Hadmar et Marc Herpoux, ça reste une série à part dans votre filmographie ?
Oui, bien sûr, car déjà, avant Les Témoins, j’avais très peu tourné. J'avais surtout fait du théâtre. C’était ma première série, j'ai eu la chance de faire deux saisons, aux côtés de talents tels que Hervé Hadmar, Jan Hammenecker, ou Thierry Lhermitte, avec qui j’ai partagé des moments très précieux. Ça reste une expérience formidable, qui m’a ouvert la voie de l’image, à la télévision comme au cinéma. Et puis je trouve que c’était une belle série, qui a participé à faire bouger les choses au niveau de la fiction française.
En attendant la confirmation d'une éventuelle saison 2 de Coeurs Noirs, quels sont vos projets ?
Durant tout le mois de février je serai sur scène, au Théâtre de Belleville, dans un spectacle que j’ai écrit et dans lequel je joue, La Famille s’agrandit. J’ai également un tournage qui arrive bientôt normalement, mais je ne peux pas encore en parler. Et sinon j’ai tourné dans un film américain qui s’appelle Black Lotus, avec Frank Grillo, qui va sortir aux Pays-Bas en avril, et certainement dans la foulée en Europe et aux États-Unis, mais je ne sais pas encore via quels canaux ou plateformes.